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L'argent de la «société anonyme» Kadhafi risque d'être perdu pour la Libye
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 08 - 03 - 2011

Les Etats occidentaux ont entrepris de bloquer les avoirs libyens placés dans leurs banques et établissements financiers. Techniquement, l'argent des Fonds souverains libyens est public et donc restituable au gouvernement légitime de la Libye. Le problème est que la «société anonyme» des Kadhafi qui contrôle la Libye a brouillé la frontière entre argent public et cassette personnelle des «ayants droit» du clan. Les prête-noms et les sociétés écrans pourraient s'approprier l'argent en cas de faillite politique de la «société anonyme».
Au fil des heures et des péripéties de ce qui est à présent une guerre civile au sens plein de la formule, les soubassements économiques du pouvoir de Mouammar Kadhafi apparaissent au grand jour. Le Guide qui prétend n'être qu'un symbole et une référence («mardja») est de fait le président d'une société anonyme qui contrôle la Libye de manière privative hors de toute supervision légale. Les défections de responsables de haut niveau au sein des instruments financiers publics libyens ne se sont pas encore traduites par des révélations spectaculaires sur l'appropriation des ressources du pays par le clan Kadhafi. Le journal autrichien de droite Die Presse a ainsi révélé jeudi 3 mars qu'un proche du leader libyen en rupture avec le régime a déclaré que la famille régnante aurait réparti ses avoirs dans 73 pays. L'homme, qui souhaite garder l'anonymat, affirme que les Kadhafi ont des participations dans près de 800 sociétés, pour une valeur de 150 milliards de dollars. Ce pactole serait géré depuis le Luxembourg par des financiers libyens et étrangers. Ces hommes de confiance forment un véritable réseau international dédié à la gestion de fortune des Kadhafi.
La fortune familiale est alimentée par les revenus du pétrole, les commissions et dessous-de-table versés par des fournisseurs étrangers et par le détournement de fonds publics via les Fonds souverains publics. Ceux qui ont approché les cercles dirigeants de la société pétrolière d'Etat NOC et les fonds souverains (LIA) confirment que la frontière entre argent public et cassette personnelle des «ayants droit» du clan était très difficile à établir. Les différentiels entre niveau d'exportations réels – plus de 1million trois cent mille barils/jour – et ce qui est officiellement déclarés, autour de 1 million de barils, disparaît dans des méandres financiers d'une très grande complexité. Branchés en amont et en aval du circuit de la rente, les Kadhafi gèrent «leur» argent de manière particulièrement efficace, la fortune familiale, évaluée de façon plutôt conservatrice par les diplomates américains à 120 milliards de dollars, est répartie dans une galaxie de placements, de participations et de dépôts bancaires à travers la planète.
Détournement «légal» et confusion entre argent public et fortune privée
Le canal qui serait le plus utilisé pour le détournement «légal» serait celui des Fonds souverains publics chapeautés par la LIA (LibyanInvestmentAuthority), créée en 2003 après la levée des sanctions de le l'ONU. Ces fonds transféreraient une partie de leurs actifs à des hommes d'affaires comme l'austro-libyen Mustapha Zarti dont la récente arrestation en Autriche a permis d'apprendre que les investissements du régime libyen pour la seule Autriche se monteraient à quelque 30 milliards de dollars. La Banque centrale autrichienne a annoncé vendredi dernier le gel des avoirs de Mustapha Zarti. Selon la presse autrichienne, le personnage est emblématique de la confusion entre argent public et fortune privée du clan au pouvoir à Tripoli. A la confluence des canaux multiples qui alimentent la fortune des Kadhafi, Mustapha Zarti est membre des conseils d'administration de la LIA, l'un des principaux actionnaires de la banque italienne Unicredit. Zarti est l'un des principaux dirigeants de la NOC, la compagnie pétrolière nationale libyenne, du groupe pétrolier Tamoil, et assume la vice-présidence de la First Energy Bank à Bahreïn. Selon les connaisseurs du sérail libyen, le rôle de Zarti ne serait pas exclusif et plusieurs profils de ce type font partie de la nébuleuse financière du régime.
Kadhafi et ses neuf enfants
Kadhafi et ses neuf enfants détiennent des intérêts dans les secteurs économiques en Libye et à l'étranger, notamment dans le pétrole, le gaz, les télécommunications, les infrastructures, les hôtels, les médias et la distribution selon les dépêches diplomatiques américaines de 2006 divulguées par Wikileaks. Saïf al-Islam serait le businessman le plus prospère du clan. Président de la fondation caritative familiale, la Gaddafi International Charity & DevelopmentFoundation, bénéficie d'une manne intarissable : tous les contrats d'infrastructures et de réalisation en Libye comprennent une contribution à la Fondation familiale. Saïf El islam dirige la holding One-Nine, présente dans divers secteurs, notamment le pétrole et la presse, et qui pilote les investissements à l'étranger. L'aîné Mohamed, issu du premier mariage, dirige l'autorité nationale des télécommunications et possède conjointement avec Mutassim plus de 40% de la franchise locale de Coca Cola, tandis que Saadi, général de forces spéciales et ancien footballeur, détient 7,5% du capital du club de la Juventus de Turin. Il est également l'actionnaire principal d'une société de production de cinéma. Hannibal, dont la notoriété vient de son implication dans des scandales de mœurs à Paris et Genève, possède quant à lui une compagnie de transport maritime. Enfin, la fille unique du guide, Aïcha, qui dirige sa propre fondation caritative, a des intérêts dans les secteurs de l'énergie, du BTP et dans une clinique privée à Tripoli.
Actifs disséminés derrière des sociétés écrans
Le patrimoine libyen de la famille n'est que la partie émergée d'un iceberg international dont il est très difficile d'évaluer précisément la taille. Les actifs en Asie et dans le Golfe sont gérés par des hommes d'affaires à travers de multiples sociétés-écrans qui réduisent les possibilités d'identification rapide et la traçabilité des flux. La force de frappe financière des Kadhafi est extrêmement importante, sans commune mesure avec celles du Tunisien Ben Ali ou du clan Moubarak. Elle explique la capacité de mobilisation et la détermination de Kadhafi dans sa lutte sauvage pour le pouvoir et la préservation de sa mainmise sur la rente libyenne. Dans l'hypothèse de la chute de la Maison Kadhafi que pourra récupérer le peuple libyen ?
La réponse à cette question n'est pas simple tant la grande intrication des investissements et la masse de sociétés-écrans, d'actifs nominalement détenus par des hommes de paille rend l'évaluation particulièrement complexe.
D'autant que les pays qui abritent ces patrimoines ne font pas toujours preuve de bonne volonté : que sont devenus les actifs de Mobutu ou d'autres potentats africains déchus ? Peu de chose aurait été restitué aux trésors publics d'Etat pillés par leurs dirigeants, les biens mis sous séquestre sont souvent récupérés au moyen de divers artifices juridiques par les pays d'accueil. A cela s'ajoute le fait que la fiabilité des hommes de paille en temps de révolution est souvent évanescente. On se souvient des mésaventures de l'ancien dictateur haïtien Baby Doc qui s'était retrouvé, c'est le cas de le dire, sur la paille lorsqu'après sa fuite les hommes de confiance qui géraient sa fortune se la sont appropriée sans autre forme de procès. Il semblerait que le clan Kadhafi ait tiré les enseignements de ces précédents et qu'ils aient pris des dispositions adéquates. Il est de toutes les façons prématuré d'envisager à ce stade la récupération de l'argent volé, tant qu'une évaluation et un recensement fiable n'auront pas été opérés. Mais il est certain que cet élément figurera en bonne place dans l'agenda politique du régime qui succédera à la dictature du «Guide» de la Grande Jamahiriya Socialiste.


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