Les problèmes des taxieurs de la ville des ponts semblent être sans fin. Le combat incessant qu'ils disent mener chaque jour contre la fraude, les «faux taxis», le manque de stations pour les abriter et contribuer à un minimum d'organisation de la corporation, les dettes fiscales et les dettes de stationnement accumulées durant la «décennie noire» et dont ils ne peuvent s'acquitter en l'état actuel des choses, la rareté et le loyer exorbitant des licences anciens moudjahidine, la vétusté du parc automobile et enfin l'encombrement généré par les chantiers intra-muros qui, eux aussi, semblent ne plus en finir. «Toutes ces contraintes, les anciennes comme les nouvelles, nous empêchent de dormir», nous a déclaré, hier, lors d'une rencontre, M. Ali Bouadi, secrétaire général du bureau de wilaya de Constantine des taxieurs affiliés à l'Union générale des commerçants et artisans d'Algérie (UGCAA). Il commencera par évoquer la vétusté du parc automobile, une autre contrainte, et non des moindres, qui rend le travail fatigant et onéreux. «Nous voulons participer dignement à la manifestation Constantine, capitale de la culture arabe 2O15, mais pas avec des véhicules brinquebalants. Des véhicules neufs et propres pour nous permettre de bien représenter notre culture et notre ville. C'est pourquoi nous souhaitons que l'Etat nous accorde une l'aide financière pour renouveler notre parc roulant composé d'un peu plus de 4OO véhicules». Et d'arguer que la situation économique des taxieurs ne leur permet pas de s'adonner à de grosses dépenses vu que la rareté des licences des anciens moudjahidine a rendu plus chère leur location qui se négocie maintenant aux alentours de 9.000 dinars par mois. Il évoque également l'endettement des taxieurs vis-à-vis de l'administration des contributions diverses et de la commune qui remonte à la «décennie noire». «Ce sont essentiellement les impôts et les droits de stationnement», expliquera notre interlocuteur. «Et nous aimerions bien que les pouvoirs publics puissent dégager une solution en notre faveur en annulant ces dettes qui pèsent sur nos têtes comme l'épée de Damoclès», dira-t-il. Evoquant la lutte quasi quotidienne faite de disputes, d'accrochages violents, de défis et de course au client, que ses adhérents mènent chaque jour dans les stations pour contrer les tenants de la fraude et des «faux taxis», M. Bouadi a appelé les secteurs compétents à instaurer un contrôle rigoureux dans toutes les stations pour éviter que la situation ne dégénère en batailles rangées. «Là, nous rencontrons franchement de sérieux problèmes: les taxis informels et faux taxis ne nous respectent pas, ne respectent pas le stationnement et l'ordre et se livrent à leur activité en nous enlevant la clientèle grâce à un raccolage qu'ils font en amont de la station». Les taxieurs souffrent aussi de l'encombrement. «Presque chaque mois, on apprend que tel ou tel axe a été fermé à la circulation pour raison de travaux. Et l'encombrement ainsi que les déviations qui nous sont proposées ne font que rendre notre travail très pénible et nous pénalisent, vu que nous ne pouvons modifier les tarifs». Et de signaler que la desserte Ali Mendjeli, dans un sens comme dans l'autre, est devenue un calvaire quotidien pour le taxieur. «Le matin comme la fin d'après-midi, aux heures de pointe, explique le secrétaire général du bureau de wilaya, tout le monde vient en même temps et veut être transporté. Et cela crée une grande tension dans les stations. Ajoutez à cela l'encombrement et vous comprendrez que le taxieur accomplit la distance reliant les deux pôles au bout d'une heure, si ce n'est pas plus Où est notre gain alors ?». Et de terminer en proposant l'instauration du système de «doublures», projet qui, selon son souhait, doit être soutenu par les pouvoirs publics. «Cela présente des avantages: d'une part, le taxieur qui est sur la brèche dès 6h du matin pourra se reposer à midi et il sera relayé par la doublure. Cette dernière sera prise parmi les jeunes qui ont obtenu leur diplôme dans les centres de formation professionnelle. Ainsi, le système arrangera beaucoup de monde, le taxieur qui pourra se reposer pour revenir frais, le jeune diplômé chômeur qui pourra trouver un travail et l'usager qui pourra trouver un taxi disponible à toute heure de la journée».