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Agnès Spiquel : Camus est clairement pour la fin du système colonial
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 30 - 10 - 2014

Professeur de littérature à Valenciennes, Agnès Spiquel a collaboré à l'édition des œuvres complètes de Camus dans «La Pléiade» (Gallimard). Elle a codirigé avec Raymond Gay-Crosier, un Cahier de l'Herne consacré à l'écrivain. Présidente de la Société des études camusiennes, elle lui a consacré plusieurs livres. Ici une discussion sur la relation tumultueuse de Camus avec son pays natal, l'Algérie.
Question devenue classique : pourquoi cette présence timide des Algériens dans les principaux romans de Camus L'Etranger et La Peste alors qu'ils constituaient la majorité ! Et comment expliquez-vous sa phrase polémique à Stockholm ?
Revenons d'abord sur cette phrase de Stockholm. Le contexte indique clairement qu'il vise une justice qui veut s'imposer par la violence aveugle (les bombes dans les lieux publics) : pour lui, la fin ne justifie pas les moyens ; donc la tactique du FLN fait tache sur les buts qu'il poursuit et suscite des doutes sur le type de régime qu'il veut instaurer après l'indépendance. Quand Camus dit «ma mère», il ne pense pas seulement à Madame Camus mais à tous ceux qu'elle représente : les victimes civiles innocentes. Dans sa phrase de Stockholm, Camus plaide donc une fois encore pour «une trêve pour les civils» ou, au moins, pour une limitation de la violence. Quelques mois après, il condamne aussi nettement les méthodes de l'armée française : torture et représailles (voir l'Avant-propos de Chroniques algériennes, juin 1958).
Dans L'Etranger, Camus ne brosse pas un tableau de l'Algérie, il montre un «petit-blanc» qui vit dans un quartier peuplé d'Européens (et les témoignages sont unanimes sur la séparation des deux communautés dans l'Algérie coloniale, surtout dans les villes, et sur leur coexistence tendue). La Peste n'est pas un roman réaliste mais une parabole sur les hommes face au mal, que Camus a voulu «universaliser» ; il aurait pu, sans doute dû, ne pas donner de nom à la ville pestiférée. En tous cas, Camus sait qu'il ne peut pas parler au nom des Arabo-Berbères ; à Mouloud Feraoun, qui lui fait la même remarque que celle de votre question, il répond que c'est aux romanciers d'origine arabo-berbère de rendre compte du point de vue des colonisés ce qu'ils ont admirablement fait !
Pourquoi Camus nommait-il «Arabes» ses compatriotes non européens ? Ne sont-ils pas algériens selon lui ?
C'était la dénomination la plus usitée à l'époque, avec celle d' «indigènes» ou de «musulmans».
Dans les œuvres des années 50, qui ne sont plus des «fables philosophiques» (comme les deux ouvrages précédents, censés illustrer les notions d'absurde et de révolte), les autochtones sont plus présents. Voir les nouvelles de L'Exil et le royaume et ce que nous avons du Premier Homme (les brouillons et fragments montrent que la suite du roman devait prendre en compte le conflit algérien à travers l'amitié de Jacques Cormery et de Saddok (Algérien élevé à l'européenne qui prend le parti du FLN).
Avant la révolution, les algériens ont tout essayé pour défendre leur droit à la vie, à la dignité. Que devraient-ils faire contre l'ordre colonial brutal ? (N'est-elle pas édifiante la tentative de son ami Ferhat Abbas par exemple ?)
Camus est clairement pour la fin du système colonial. Et il est conscient du fait que la France a fait avorter toutes les tentatives des autochtones pour faire évoluer ce système (vous avez raison de citer le nom de Ferhat Abbas à ce propos). Il dénonce l'engrenage de la violence qui entraîne la répression et une violence plus grande encore. Surtout il se méfie du FLN et de ses dérives autoritaires, marquées par l'élimination des autres tendances dans le camp nationaliste ; selon lui, elles augurent mal de ce qui se passera après l'indépendance, et qui risque fort de ne pas être une Algérie plurielle.
S'il était encore vivant, comment vivrait-il
l'indépendance de l'Algérie ?
Camus aurait sûrement très mal vécu les événements des années 1960-1962. Ensuite, s'il s'était exprimé au sujet de l'Algérie indépendante, il aurait, je crois, rappelé les principes de liberté, de pluralité, de dialogue.
«Ecrivain et journaliste militant avéré et définitif de l'Algérie française.» Voilà comment il est présenté par des intellectuels algériens dans le texte de la pétition contre la célébration du 50e anniversaire de sa mort en Algérie…
Je crois que cette formulation ignore volontairement les prises de position de Camus telles qu'elles sont rappelées dans Chroniques algériennes. Camus ne plaide pas pour une Algérie française mais pour une Algérie où les Français puissent vivre, sur un pied d'égalité avec les autochtones.
Camus est-il un écrivain algérien, selon vous ?
À plusieurs reprises, il dit : «Nous autres, écrivains algériens...» Et il inclut dans ce «nous» des écrivains d'origine aussi bien européenne que arabo-berbère. Selon moi, il est un écrivain algérien, un écrivain français, un écrivain universel comme l'avait fortement rappelé la dernière session du beau colloque qui lui a été consacré en 2006, organisé par Afifa Berheri à Tipasa et à Alger.


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