Les travaux du 10ème congrès du FLN ont fait remonter à la surface tous les travers d'un système politique dont la régénérescence se fabrique grâce à un opportunisme ambiant et sans faille. Que Abdelmalek Sellal soit dans le nouveau Comité central du FLN ou qu'il ne le soit pas, ce n'est pas tant ça qui va changer la donne des artifices qui ont été mis en branle pour réussir un congrès de dupes. Il faut peut-être « rendre hommage aux laborantins » du pouvoir pour être capables, à chaque fois qu'il leur ait demandé, de monter des coups de Trafalgar sans se soucier si cela va choquer ou pas l'opinion publique. Il est vrai que le 1er ministre a été donné par tous les médias écrits et audiovisuels comme étant membre du nouveau CC du FLN au titre du quota national qu'en principe, seul le secrétaire général en nomme la composante. L'on insiste pour nous dire que « Saadani a écrit la liste de ce quota au stylo, avec sa propre main ». Ces détails importent peu quand on sait que toutes les étapes du congrès ont été définies dans les arcanes du pouvoir. Ce sont ses propres assistants qui le disent en toute vergogne. Ils ne veulent pas que leur nom soit rapporté par la presse par souci de préserver leurs privilèges de «hachia» du SG plébiscité pour 5 autres années, et par ricochet de «proches des décideurs». D'ailleurs, c'est grâce à cette «hachia» que les pratiques d'époques révolues sont reconduites sans difficultés. Les membres du nouveau CC que nous avons interrogés sur ce retournement dans la décision de nommer Sellal dans le quota national, ont indiqué avec nonchalance que « c'était peut-être trop gros, il fallait nuancer un peu dans le recours aux artifices ». Pourtant « plus c'est gros, plus ça marche », nous disait hier un professeur en médecine consterné par ce retour à « la période de glaciation ». Nos sources au niveau du CC issu du 10ème congrès persistent et signent : « Sellal a eu sa carte de militant à Constantine, il y a un peu plus d'un mois, chez nous, c'est le parti qui va vers les militants et non l'inverse.» Le 1er ministre nous avait donné, jeudi, un semblant de confirmation. « Je suis militant de base depuis 1968 », nous a-t-il répondu lorsque nous lui avions posé la question s'il était membre du CC ou pas. «Jamais ! », avait-il lâché. C'est peut-être ce « jamais » qui a convaincu les responsables de ne pas le compter parmi les nouveaux membres. Le 1er ministre est cependant bel et bien issu aujourd'hui du FLN. On retient toujours que Sellal et Sidi Saïd, SG de l'UGTA, répondent toujours par « non » quand il leur est demandé s'ils appartiennent à un parti ou pas. Plus maintenant pour Sellal même si le SG reconduit a eu à affirmer publiquement que « l'actuel 1er ministre ne sait pas faire de la politique ». Il n'est plus curieux pour qui que ce soit que les nombreuses remontrances de Saadani à l'égard d'importantes institutions ou personnalités publiques soient acceptées par le pouvoir sans qu'aucun responsable à ce niveau ne s'en offusque. Le président de la République l'en a même félicité dans la lettre qu'il avait envoyée à l'ouverture du 10ème congrès. Bouteflika a mis de côté « ses prérogatives constitutionnelles » pour passer jeudi dernier en quelques minutes de « président d'honneur » à « président du FLN ». Ceux qui l'ont plébiscité en tant que tel nous disent, dans l'anonymat toujours, que « celui qui se noie, tient à n'importe quoi pour être secouru ». L'on se demande qui des deux parties, Bouteflika ou le FLN de Saadani, veut être repêché. C'est connu, le SG du FLN ne l'est que grâce au clan Bouteflika. Le chef de l'Etat a toujours montré qu'il ne s'accommode que de la médiocrité. Il s'en est servi à chaque fois qu'il voulait redéfinir un ordre qui lui sert ou anéantir des forces qui lui semblent nuisibles à son règne. Il l'a fait pour le DRS, avec la classe politique en utilisant des acteurs de la même scène, il l'a toujours appliqué avec le FLN et le RND en particulier. La théorie des permutations entre protagonistes attitrés semble n'être qu'un jeu pour lui et ses proches collaborateurs. Le 10ème congrès du FLN ne s'en est pas privé. Les lampions de « la gloire » se sont éteints à la coupole où se sont tenus ses travaux. Saadani n'a eu aucune difficulté à appliquer sa feuille de route. Il est capable du pire. L'on se rappelle qu'à son intronisation par Bouteflika à la tête de l'APN, des citoyens de Oued Souf, sa région natale, avaient adressé un réquisitoire désolant sur son parcours. Des universitaires voulaient le transmettre à la présidence de la République au nom d'un précepte qui dit « Au nom de Dieu, j'ai transmis (Lahouma ini balaghte). » Ils ont été découragés à l'époque par la réponse d'un haut responsable qui y régnait presque en maître. Il leur avait dit simplement que « ce n'est pas la peine de faire écho de ce dossier à la présidence de la République parce qu'elle est au courant de tout ce qu'il comporte ».