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«Crise de migrants» ou «crise de réfugiés» ?
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 03 - 09 - 2015

Un flot croissant de réfugiés arrive dans une Europe qui ne sait trop que faire
Vendredi 28 août, sur une aire d'urgence d'une autoroute autrichienne, dans l'état oriental de Burgenland, près de la Hongrie et de la Slovaquie, un camion de 7,5 tonnes a été découvert abandonné. Immatriculé en Hongrie, il porte le logo d'une entreprise de volaille slovaque. S'approchant, les policiers ont remarqué des « fluides de corps en décomposition » coulant du véhicule et ont été assailli par une odeur putride en ouvrant les portes. Plus de 70 corps de migrants, morts depuis un certain temps, ont été extraits du camion. Le comptage des cadavres a été rendu très difficile par l'état de décomposition avancé des corps, entassés les uns sur les autres. 59 hommes, 8 femmes et 4 enfants, dont une fillette de 2 ans : les réfugiés, probablement en majorité d'origine syrienne, sont morts asphyxiés. Pour le moment, 3 personnes ont été arrêtées en Hongrie : un Bulgare d'origine libanaise, propriétaire du camion, un autre Bulgare et un autre Hongrois, certainement les chauffeurs du véhicule. Des petites mains de l'un des nombreux trafics d'êtres humains qui vivent, grassement, du désespoir des réfugiés.
La veille, loin de l'Autriche, en Méditerranée, au large de la ville de Zouara, dans l'est de la Libye, 76 corps de migrants ont été repêchés et des dizaines d'autres, portés disparus après le naufrage d'une embarcation qui transportait plusieurs centaines de personnes. 198 personnes ont pu être secourues. Plus de 300.000 migrants ont traversé la Méditerranée depuis janvier, et plus de 2.500 personnes sont mortes en mer après avoir tenté de rallier l'Europe, selon le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).
«VOS PAPIERS !»
Quel terme faut-il employer pour parler de ces milliers de personnes, candidates à l'exil, qui traversent mers et pays, au prix de grands dangers et en déboursant des sommes astronomiques, en vue de gagner l'Europe ? La chaîne quatarie Al-Jazeera a lancé le débat en faisant le choix du mot « réfugié », moins réducteur et moins déshumanisant. « Migrant » occulte les persécutions que veulent fuir ces centaines de milliers de réfugiés : Migrants ou réfugiés ? Réfugiés ou migrants. « Tous les réfugiés sont des migrants, mais tous les migrants ne sont pas des réfugiés”, explique à Metronews le HCR, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés basé à Genève. En droit international, le statut de réfugié est défini par la Convention de Genève, signée en 1951. Derrière le mot réfugié, il y a l'idée de persécution - à cause de son origine, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un groupe social ou de ses opinions politiques -, et de départ, subi, de son pays. Une notion qui ne se retrouve pas derrière le mot « migrant » qui, d'après Larousse, signifie qu'il s'agit d'un déplacement volontaire « pour des raisons économiques, politiques ou culturelles ».
Mais on n'est pas réfugié, on le devient : « La majorité des personnes qui arrivent au large de la Grèce sont des Syriens qui fuient la guerre, explique le HCR. Ce sont des réfugiés « en devenir » : avant de pouvoir être considérés comme des réfugiés, il faut qu'ils aient demandé l'asile, dans un pays, et que leur demande ait été acceptée ».
Les choix de vocabulaire ont, donc, un sens. L'immigration vers l'Europe jusqu'à une date récente, avait, principalement, une raison économique. L'Afghanistan, les conflits moyen-orientaux, la grave instabilité de plusieurs régions, en Afrique, ont, profondément, modifié cette donne. L'UE fait face au plus vaste afflux de migrants depuis des décennies. Entre 350.000 et un demi-million de personnes, selon les estimations, ont franchi les frontières de l'UE durant les 7 premiers mois de l'année. Souvent dans les pires conditions et avec un grand nombre de décès, à la clé : au moins 2.500 réfugiés des pays d'Afrique du Nord et du Proche-Orient ont déjà péri, en essayant de gagner le vieux continent …
« Si l'odeur nauséabonde de nos parkings devient plus forte, nous pourrons finalement comprendre, et pas seulement en Autriche (...) qu'il est temps de créer des passages sûrs vers l'Europe, un enregistrement rapide et une répartition équitable » des migrants, a déclaré le responsable d'Amnesty International en Autriche, Heinz Patzelt. La Commission européenne souhaite, en effet, répartir les demandeurs d'asile, dans tous les pays européens, pour soulager les pays d'arrivée. Cette répartition, sur la base du volontariat, se heurte, toutefois, au manque de volonté de certains pays, dont la Hongrie, l'Autriche, la Slovaquie et la Slovénie, la Bulgarie qui souhaitent surtout fermer leurs frontières… Car l'afflux massif et rapide de migrants pose des problèmes réels.
Les pays d'arrivée sont souvent des pays plutôt pauvres. La Grèce, en proie déjà de fortes difficultés économiques est le principal pont d'accueil des réfugiés provenant d'Irak et de Syrie, augmentant le nombre des migrants de 750% en un an. Au cours du mois d'août, environ 3.000 personnes arrivaient, chaque jour, à la frontière gréco-macédonienne — la grande majorité d'entre eux, d'abord par bateau sur les îles grecques situées à proximité des côtes turques. Sur ces îles, notamment Kos, grandit, actuellement, un risque réel de catastrophe humanitaire.
La Bulgarie a annoncé l'envoi de troupes, et même des véhicules blindés à la frontière qu'elle partage avec la Macédoine. La Hongrie, pays de transit pour des migrants et réfugiés qui cherchent à gagner l'Europe occidentale, a hâtivement érigé un « mur » de fils de fer barbelés, sur les 175 km de sa frontière avec la Serbie. Un millier de policiers sont déployés près de la barrière. Quelque 2.000 de plus sont attendus après le 1er septembre. Pointant du doigt la Hongrie, Laurent Fabius, a jugé «scandaleuse» l'attitude de certains pays : «Quand je vois un certain nombre de pays d'Europe qui n'acceptent pas les contingents (de répartition des exilés), je trouve ça scandaleux», a-t-il déclaré, en précisant que ces pays se trouvent « dans l'est de l'Europe».
Le ministre des Affaires étrangères s'est, notamment, dit très « sévère » envers la Hongrie qui, selon lui, ne « respecte pas les valeurs communes de l'Europe » en posant des grillages à sa frontière. Pour lui, il faut « bien sûr » que la Hongrie démantèle ce mur et que l'Union européenne ait « une discussion sérieuse et sévère» avec les dirigeants hongrois.
LA PROCEDURE DE DUBLIN
Face à la crise migratoire, l'attitude des Etats membres s'étend sur une gamme allant du volontarisme à la panique. Côté volontariste, l'Allemagne est le principal point d'accueil des mouvements migratoires : le ministre allemand de l'Intérieur, Thomas de Maizière, a indiqué que l'arrivée de jusqu'à 800.000 réfugiés et migrants était attendue en Allemagne cette année, soit 4 fois plus qu'en 2014. L'afflux record de réfugiés en Allemagne, depuis le début de l'année, est « le plus grand défi de l'Allemagne depuis la réunification », a estimé le vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel.
A l'inverse, d'autres pays renâclent à voir leur quota de réfugiés augmenter. «De trop nombreux pays se refusent à prendre leur part», a aussi regretté Manuel Valls, le Premier ministre français, toute l'Europe est concernée par cette crise d'une exceptionnelle gravité, elle doit, donc, se mobiliser». « L'Europe est dans une situation qui n'est pas digne de l'Europe, il faut, tout simplement, le dire », a de son côté déclaré la chancelière allemande Angela Merkel, appelant lors d'un « dialogue avec des citoyens » à une plus juste répartition de l'accueil des réfugiés, au sein de l'Union européenne. Dans ce contexte, Angela Merkel n'a pu que constater l'échec de la procédure de Dublin : « Où voulez-vous qu'on envoie des réfugiés qui ont un taux de reconnaissance élevé ? En Autriche ? Elle a déjà une charge plus lourde actuellement que l'Allemagne ! En Hongrie ? Cela n'a pas de sens ! En Serbie et en Macédoine ? Non ! Et nous n'avons pas le droit de les envoyer en Grèce. Voilà un exemple que la procédure de Dublin ne fonctionne pas ! ».
La Procédure de Dublin ? Le règlement Dublin II est un règlement européen qui détermine l'Etat membre de l'Union européenne responsable d'examiner une demande d'asile, en vertu de la Convention de Genève (art.51) dans l'Union européenne. L'un des objectifs principaux du règlement de Dublin est d'empêcher un demandeur de présenter des demandes dans plusieurs Etats membres. Un autre objectif est de réduire le nombre de demandeurs d'asile qui sont transportés d'Etat membre à Etat membre. Cependant, depuis que le pays où une personne est arrivée au début est responsable pour faire face à sa demande d'asile, cela met une pression excessive sur les zones frontalières, où les Etats sont moins souvent en mesure d'offrir soutien et protection aux demandeurs d'asile, nous explique Wikipedia.
60 MILLIONS DE REFUGIES DANS LE MONDE
La répartition du nombre croissant de réfugiés bute, donc, sur des réalités très concrètes : les pays à la frontière de l'Europe, aux frontières poreuses, souvent les plus pauvres états de l'UE, sont les premiers récipiendaires des mouvements migratoires, en provenance d'Afrique, du Moyen-Orient, de l'Europe de l'est (peut-être demain, les Ukrainiens feront un choix d'exil…). La riche Angleterre qui est une île, a tous les moyens techniques pour refuser l'entrée du pays aux « étrangers ». Ceux-ci s'entassent aujourd'hui dans le port français de Calais…
La résurgence des petits calculs et des égoïsmes nationaux dans l'UE est compréhensible, face à la plus grande crise migratoire que connaît ce continent, depuis la Seconde Guerre mondiale ! D'autant que les estimations restent, nécessairement, imprécises : les chiffres fournis sont, certainement, en-deçà de la réalité, tous les réfugiés ne demandant pas l'asile politique et une grande partie de l'immigration illégale, par définition, ne peut être recensée.
Dans un vieux continent, qui subit depuis plusieurs années une récession économique difficile et où les tensions entre peuples font partie de l'héritage historique, même dans la période récente (souvenons-nous des guerres en Yougoslavie dans les années 90 et ses 4 millions de réfugiés), l'arrivée massive de populations étrangères n'est pas chose facile, surtout que, côté capacité d'accueil, seules 32.256 places ont été débloquées en UE pour les demandeurs d'asile. L'objectif de 40.000 places, pourtant bien loin de répondre aux besoins, n'a donc même pas été atteint, faute de politique d'asile européenne commune.
« Pour les pays européens, ces flux massifs et continus sont un défi à leurs politiques d'asile et d'immigration. La vision anxiogène qui prévaut annihile toute logique de solidarité entre les peuples, alors que le droit international oblige les Etats à respecter les impératifs humanitaires devant la tragédie des naufrages de migrants, commente Béligh Nabli. Les Européens doivent assumer leur part de responsabilité dans la tragédie qui se joue. Il suffit, ici, de rappeler, notamment, que le chaos qui règne en Libye, depuis la chute de Kadhafi, provoqué par l'intervention militaire franco-britannique, a permis, non seulement, aux forces djihadistes de prospérer, mais aussi aux organisations criminelles de développer le trafic d'êtres humains », rappelle ce directeur de recherche à l'Iris. Les réfugiés vers l'Europe ont augmenté, à la suite de guerres civiles : les 3 principaux pays d'origine sont la Syrie (27,9%), L'Erythrée (12,2%) et l'Afghanistan (7,8%).
Les conflits inter ou intra étatiques sont innombrables sur la carte mondiale, c'est leur résolution qui pourra freiner le vaste flux de réfugiés et les Européens devraient s'y atteler.
Selon François Gemenne, chercheur à l'Université de Liège, cité dans le ‘Nouvel Observateur', la crise à laquelle l'Union européenne est confrontée n'est, pourtant, qu'une « goutte d'eau », face au 60 millions de déplacés et réfugiés comptabilisés dans le monde, en 2014, par le HCR.


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