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LES «ETRANGERS»
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 13 - 04 - 2017


Livres
L'Allemande de mon village. Roman de Saâd Taklit. Editions Dahlab, Alger 2016, 650 dinars, 271 pages.
Faits authentiques... romancés, cela va de soi. Un homme (Abdallah Kahla, née en 1917), une femme (Edith Ursula Scherzer, née en 1927), ! Une très belle, très grande et interminable histoire d'amour à la fin de la 2ème Guerre mondiale entre un Algérien d'El Kherba, près de Bougaâa (ex-Lafayette), soldat (car ayant fui le pays pour échapper à la vengeance d'un caid zélé qui l'avait giflé et qu'il avait «assommé»...en octobre 1939) faisant partie alors des forces armées françaises ayant fait plusieurs campagnes)... et une très charmante Allemande, jeune photographe de son état. Première rencontre presque par hasard, premier regard, grand flash...un amour prédit il y a très longtemps par le guezenna de Bougâa.
Quelque temps après, il l'épouse, vivent ensemble en Allemagne puis en France (içi dans une atmosphère de «racisme» anti-«Boche»), puis partent au pays du mari, acompagnés de leurs trois enfants, Fatima, Saïd et Kiltum (l'épouse de l'auteur) .
Ursula gère un laboratoire de photographie, le premier du genre dans la région ; le couple gère aussi une salle de cinéma (où Ursula, devenue ‘Amti Saleha pour les habitants, crée une séance destinée aux seules femmes. Premier film projeté aux femmes : Mangala, fille des Indes).
Dotée d‘une forte personnalité et de qualités humaines indéniables, femme simple généreuse, charitable, compréhensive, ayant dès son arrivée l'Algérie au cœur, devenue musulmane (dans la discrétion la plus absolue, par modestie et par prudence se sachant dans le viseur des forces coloniales d'occupation), Amti Saleha «l'Allmania», devenue algérienne en 1964, a laissé, aujourd'hui encore, le souvenir d'une sainte. Le merabet Sayed ne s'était pas trompé ! Elle est décédée début mars 1991... et Kahla Abdallah est mort en 1998. Un couple dont la mémoire collective garde encore un souvenir intense.
L'auteur : Né à Bougaâ en avril 1948 (wilaya de Sétif), élève du lycée Mohamed Kerouani, diplômé en sciences économiques de la faculté d'Alger...et, déjà, deux romans (2012 et 2015). Celui-ci est le troisième
Extraits : «Ce qu'a vécu la population durant l'année 1945 restera gravé à jamais dans notre mémoire. Une année maudite, un hiver épouvantable» (p 151), «Oui l'Algérie, c'était son pays d'adoption. Un pays qu'elle aimait plus que tout, depuis ce jour béni où elle avait posé, pour la première fois, le pied sur les quais d'Alger» (p 226)
Avis : Un livre simple, une histoire émouvante (d'un couple, d'une famille d'une région, d'une société ouverte sur le monde...), une écriture maîtrisée, un style sans prétention, peut-être trop de digressions avec une impression (peut-être fausse) de remplissage.
Citation : «Dans cette campagne déshéritée... dans ce monde où les loisirs et les distractions n'existent pas, l'oisiveté est considérée comme une honte, un déshonneur. Se coucher tard, se lever tôt...En ces temps de misère (1930...), ces fiers campagnards ne connaissent ni repos, ni sorties, ni vacances» (p 50)
Les Vigiles. Roman de Tahar Djaout. Quipos Editions, Alger 2014 (Editions du Seuil Paris 1991 et Points Editions Paris 1995), 900 dinars, 223 pages.
Trois personnages, un lieu, un thème, une intrigue (ou, plutôt, un complot) et, à la fin une morale civilo-politique assez vite récupérée idéologiquement par la Révolution. Côté cour, dans une toute petite ville perdue dans la campagne mais assez proche de la toute grande et puissante capitale, deux anciens combattants, toujours sur le qui-vive, continuent leur combat, se croyant toujours dans on ne sait quel maquis, voulant à tout prix «protéger» le pays de toute tentation de détournements des objectifs de la Révolution de Novembre. Côté jardin, un jeune chercheur quelque peu contestataire -juste ce qu'il faut pour ne pas tomber dans les multiples pièges tendus par l'ordre établi- tentant, dans la discrétion et œuvrant surtout la nuit (voilà qui est louche !), de mettre en plan une nouvelle machine à tisser sur la base de ce que ses ancêtres utilisaient. Les «vigiles», n'ayant plus à rien à faire, sont là, à surveiller les allées et venues, rapportant tout aux «Autorités» (d'autres super-vigiles plus proches encore de la Capitale)...et élaborant un véritable «complot» pour punir le «contrevenant», de plus un «étranger»...venu de la grande ville.
Quatre parties aux textes dignes d'être étudiés au niveau des grandes écoles sectorielles :
- Une discussion entre «intellectuels»... Dans un lieu de «contestaion» underground, un bistrot enfumé et bruyant de la Capitale avec ses propos et ses interrogations assez snobinards (pp 74-75)
-La faim, la soif qui poussent, hélas, à l'asservissement et à l'idolâtrie des dictateurs, avec l'acceptation d'un ordre des vainqueurs et d'un ordre des vaincus (pp 119-122)
-Un interrogatoire de police (imaginé, bien sûr !) avec ses multiples questions allant de la plus grave à la plus ridicule (pp 128-129)
-Les tracasseries bureaucratiques (aujourd'hui n'ayant plus cours, heureusement !) au Port d'Alger (pp 141-146).
Huereusement la presse (non, pas la presse, plutôt un journaliste) est là... L'Appareil central réagit et le complot local se transforme assez vite en récompense du chercheur.
L'auteur : Poète, romancier, journaliste. Né en 1954 à Ihil Ibahriyen (Oulkhou) près d'Azzefoune. Une multitude d'écrits journalistiques et des œuvres littéraires (dont Les chercheurs d'os). Décédé le 2 juin 1993, suite à des blessures, victime à la sortie de son domicile (Alger) d'un attentat terroriste islamiste.
Extrait : «Il s'était demandé un jour, (....) pourquoi les femelles, elles, ne quittaient pas les hommes stériles. Sans doute parce que, avait-il conclu, les enfants n'étaient jamais perçus comme une descendance de femme, mais seulement comme une descendance d'homme. La femme n'a pas de postérité» (p 17), «La fringale de béton n'est satisfaite que pour quelques années : une denture de ferraille se dresse toujours sur la terrasse, en prévison de l'étage supplémentaire que l'on songe à élever» (p 47), «Ce qui est effrayant chez cette nouvelle génération de dévôts zélés, c'est sa négation même de toute joie, c'est son refus de toute opinion différente, son rêve de soumettre le monde aux rigueurs d'un dogme inflexible» (p 71)
Avis : Un livre clé de la nouvelle littérature nationale, celle des années 90 (adapté au cinéma). Thèmes toujours d'actualité, hélas, dans d'autres habillages. De la critique politique d'abord et sociale ensuite, fortement mais clairemnt annoncée. Et, que d'humour !
Citations : «Notre religion ne s'accommode pas, hélas, de la gaieté dispensée par les essences des fruits fermentés. Nous avons quelques bons siècles de gaieté gaspillée à rattraper» (p.32), «Le rêve de culture et d'élévation du pays s'est englué dans une immense bouffe, s'est noyé dans une kermesse stomacale. Un pays en forme de bouche vorace et de boyau interminable, sans horizon et sans rêves» (p.104), «Ici, la pierre, le foin et les bêtes sont proches ; il suffit de gratter une mince couche pour les voir et les respirer. La seule richesse de la ville est sa lumière qui crépite comme de la chaux vive» (p.142), «La femme ne procrée pas pour la tendresse ou pour le plaisir d'être mère. Elle procrée non pour se perpétuer mais pour perpétuer l'homme qui l'asservit» (p 214)
Aujourd'hui, Meurseault est mort. Dialogue avec Albert Camus. Essai-fiction de Salah Guemriche, Editions Frantz Fanon, Tizi-Ouzou, 2016, 700 dinars, 208 pages.
On pensait qu'avec l'ouvrage de Kamel Daoud, Camus, l'enfant de Mondovi (Drean), le garçon et le jeune homme de Belcourt (Belouizdad) et le (bon) gardien de but du Rua...et le philosophe de Paris, était bel et bien mort...et enterré.
Non, pas du tout, le 40ème jour est organisé, et de fort belle manière, par Salah Guemriche qui nous offre un essai-fiction, en fait une analyse de contenu quantitative et qualitative assez originale de haut niveau mais que chacun peut lire, apprécier et comprendre sans difficulté. D'autant qu'elle est émaillée de piques humoristiques d'apparence vengeresses mais bien justes. La plupart des étapes essentielles de la vie et des œuvres d'Albert Camus, tout particulièrement celles qui nous concernent directement (Alger, l'Algérie, la guerre de libération...) sont abordées sous forme de dialogues, de citations et d'extraits.
On comprend donc mieux les refus de publication de l'ouvrage (déjà publié en juin 2013 en e-book) par les éditeurs français (en 2013) qui avaient trouvé le texte «trop algéro-algérien» mais qui, en fait, n'avaient (et n'ont) nullement l'intention de participer à une «descente en flammes» qui n‘arrangeait pas et leurs «affaires» et la culture franco-algérianiste. Un marché commercial et culturel important car, malgré toutes les critiques, Albert Camus, cet homme «ni vraiment solitaire ni pleinement solidaire», ce «colonisateur de bonne volonté», déjà «non-aligné du temps de la guerre froide», «la politique n'étant pas sa tasse de thé», ne pouvant choisir entre deux camps, reste et restera encore bien longtemps une icône, mais aussi un grand inconnu (un incompris qui ne se connaissait pas assez ?), tout particulièrement lorsqu'on ignore «son» contexte...N'a-t-on pas surpris G.W. Bush avec «l'Etranger» entre les mains ? Et l'Algérie indépendante, «dans sa grande mansuétude» -envers quelqu'un qui a, peut-être, «vu juste» mais hélas, «a compris faux» (K. Daoud, Chronique, juillet 2010)- a apposé une plaque commémorative sur le mur de la maison natale...
L'auteur : Né en 1946, à Guelma. Sémiologue, enseignant, journaliste, romancier, poète, essayiste vivant en France...De nombreux ouvrages dont le «Dictionnaire des mots français d'origine arabe» (2007), «L'homme de la première phrase» (2000), «Abd er-Rahman contre Charles Martel» (2011), «Alger-la-Blanche, biographies d'une ville» (2012)....
Extraits : «Les Algérois sont persuadés que leur accent est l'accent des origines du monde, et que le soleil tourne non pas autour de la terre mais autour de leur quartier. Ils sont même capables de vous jurer qu'Adam et Eve s'étaient connus au Jardin d'Essai, au pied de l'arbre de Tarzan» (p 30), «Nous (les Algériens) «serions les plus grands, les plus beaux, les plus forts» ! Les plus fragiles aussi, mais ça, c'est à mettre sur le compte de la pudeur» (p 55), «Ils sont nombreux de nos jours, ces intellectuels de France qui sont prêts à tout pour placer ne serait-ce que leur strapontin dans le sens de l'Histoire» (p 89), «Les nationalistes ont eu le dernier mot, Albert. Quant à ce qu'ils en ont fait, de l'indépendance, c'est une autre histoire !» (p 102).
Avis : L'œuvre de Camus disséquée par un spécialiste qui a tout lu... et tout compris. Se lit comme un roman, l'humour de l'auteur facilitant la lecture. «Un véritable régal d'humour, d'intelligence et d'érudition» selon la préfacière Emmanuelle Caminade.
Citations : «Au pays de Voltaire, toute littérature de blédard ne mérite lauriers qu'en fonction de son degré d'adhésion, voire d'allégeance, à l'air du temps» (p 78), «Durant plus d'un siècle, la parole ne fut qu'entre deux, le Français d'Algérie et le Français de Métropole, et le troisième, l'Indigène, eh bien, il n'avait point d'oreille, encore moins de bouche ! Absent, l'Arabe ne pouvait qu'avoir tort.» (p 166)
PS : «Le Petit Prince» chef d'œuvre écrit par Antoine de Saint-Exupéry et publié pour la première fois en 1943, vient d'être traduit en hassanya, un dialecte arabe parlé au Sahara marocain, a indiqué la Fondation Antoine de Saint-Exupéry. L'ouvrage est désormais disponible en 300 langues, ce qui en fait le livre le plus traduit au monde après la Bible et le Coran. Le hassanya est la langue parlée dans le Sahara marocain, entre Oued Noun et le fleuve Sénégal, en Mauritanie. «Le Petit Prince» a déjà été vendu à 200 millions d'exemplaires. Hors ouvrage religieux, il est également le livre le plus connu et le plus lu au monde.


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