Durant les journées des mardi et mercredi qui ont suivi les fêtes de l'Aïd-El-Fitr, nous avons remarqué que les boulangeries de la ville de Constantine, celles de la nouvelle ville Ali Mendjeli également, étaient prises d'assaut par les citoyens à la recherche du pain frais et que celles-ci arrivaient difficilement à répondre à la forte demande qui s'exprime à travers les longues chaines de consommateurs qui attendent la sortie de chaque fournée pour prendre des baguettes brûlantes livrées dans des sachets transparents de plastique. Hier mercredi, devant une de ces boulangeries de Constantine envahie par une foule nombreuse de clients, nous avons interrogé le patron boulanger en lui demandant de nous expliquer ce phénomène qui tend à se répéter à l'occasion de chaque fête religieuse, et celui-ci nous a répondu, en nous prenant à témoin : «vous voyez, dit-il, c'est le quatrième jour des fêtes de l'Aïd-El-Fitr et les ouvriers boulangers ne sont pas encore de retour de leur région où ils sont partis pour passer les fêtes avec leurs familles. Et il se peut qu'ils ne consentent à regagner leur lieu de travail qu'une fois le week-end passé. Et c'est la même chose à chaque fête», s'est-il plaint encore. Et ce patron nous a révélé qu'il a été contraint de réquisitionner ses propres enfants pour aider les quelques ouvriers dont il disposait encore afin de faire face à la très forte demande qui s'est exprimée en ces journées de forte canicule. «Ce qui a provoqué le déséquilibre entre l'offre et la demande de pain n'est pas uniquement dû au fait de cette absence prolongée des ouvriers», a estimé de son côté le président de la fédération des boulangers de la wilaya, M. Bouguerne Abdelaziz, auquel nous avons posé la même question. Et d'expliquer que, durant les journées de forte chaleur, les ménagères ne sont pas du tout enclines à fabriquer à domicile la galette ou le pain maison et elles préfèrent plutôt s'approvisionner chez le boulanger. D'où l'affluence chez ce dernier. Notre interlocuteur ajoute une autre explication sommaire qu'il nous a fournie, et qui a un lien avec le facteur de la canicule qui ralentit considérablement le processus de fabrication du pain en chaîne. «Les refroidisseurs des pétrins qui malaxent la pâte de pain et permettent à celle-ci de lever, explique-t-il, ont besoin de l'eau très froide en grande quantité. Et la plupart de nos boulangeries ne possèdent pas des refroidisseurs de grande capacité. Ce qui explique le temps long de fabrication du pain situé entre une fournée et une autre ». A la fin, M. Bouguerne a insisté pour dire que, aujourd'hui où la plupart des boulangeries sont équipées d'un matériel de dernière génération, et que de la sorte, l'absence d'un grand nombre d'ouvriers n'influe pas tellement sur la fabrication du pain. «D'ailleurs, dans un avenir proche, nous comptons régler ce problème de la disponibilité d'ouvriers boulangers en collaboration avec la direction du commerce et celle de la formation professionnelle». A signaler aussi que le manque de pain en quantités suffisantes a influé sur les restaurants de la ville, dont les rideaux étaient demeurés baissés bien après que la fête soit passée, à cause de cette sévère pénurie de pain.