Contre toute attente, le chef d'étatmajor de l'ANP est resté sur le chemin d'une présidentielle le mois de juillet prochain. Fort d'une Constitution qui fait de lui son garant légal, il s'en tient à une loi fondamentale le rendant de facto le véritable maître du pays. Il n'est pas dit en effet que ceux qui sont supposés tenir les rênes de la gestion à quelque niveau qu'ils soient pour expédier provisoirement les affaires courantes sont en mesure d'infléchir ou d'orienter les grandes décisions. Ils ne peuvent que se cantonner dans un rôle d'instruments discrets pour appliquer les décisions de l'armée. Celles que l'on connaît sont énoncées d'une bien curieuse manière se présentant avec un visage officieux que des soldats regroupés dans une salle de caserne écoutent disciplinés sachant que leur regroupement n'a que la fausse apparence d'une réunion de trouffions mais qu'ils sont les premiers à l'écoute de décisions capitales. En face, ce qui s'apparente à une opposition joue le jeu. Et plus loin, des personnalités dont on ne peut douter du sérieux s'échinent dans les alertes de circonstance n'ayant que leur bonne foi et leurs verbes comme munitions. Nous voilà donc astreints et contraints au nom d'un droit et d'une légalité mal fagotés, et paradoxalement rejetés, de choisir un président de la République sur une liste de parfaits anonymes si tant est que l'on soit sûr que des personnalités politiques au long cours ne se présenteraient pas. Mais l'entrain assez aisé et entier du leader du parti fondé par feu Nahnah qui affirme pieds et mains liés qu'il adhère totalement aux vœux de Gaïd Salah est assez révélateur d'un état des lieux qui rappelle curieusement une Egypte de l'après-Moubarak et la météorite du nom de Morsi. Il est certes encore trop tôt pour démultiplier l'inquiétude de ceux qui s'en tiennent à la table rase. Il est fort douteux que le terrain, les hommes et la disponibilité soient prêts pour des élections dans à peine un peu plus d'un mois. Beaucoup d'eau risque de couler d'ici là.
