L'interdiction prolongée de la circulation inter-wilayas du transport collectif public et privé, en vigueur depuis mi-mars dernier, a mis ce créneau, jadis bien réglementé, sens dessus dessous. Le métier de transporteur clandestin inter-wilayas prospère, profitant ainsi à de nombreux particuliers qui négocient leurs services au prix fort. Le prix d'une place entre Oran et Alger commence à partir de 5.000 dinars et peut augmenter rapidement pour atteindre les 10.000 dinars. Quant aux wilayas limitrophes, à l'exemple de Mostaganem ou Sidi Bel Abbès, les tarifs varient entre 500 et 700 dinars la place. Ces prix dépassent largement les prix pratiqués avant le début du confinement par les taxis réguliers. Le tarif du trajet Alger/Oran était de 1.300 dinars, alors qu'un aller vers Mostaganem était de seulement 250 dinars. Les transporteurs clandestins justifient ces prix exorbitants par une prise de risques excessive sur les longs trajets. Un transporteur clandestin risque gros s'il est intercepté à un barrage routier. Outre la mise en fourrière du véhicule, il pourra être poursuivi pour transport sans agrément de passagers. Faute de moyens de transport réguliers, les usagers doivent débourser en moyenne le double, voire le quadruple du tarif réel. Alors que les taxis réguliers sont interdits d'activité depuis cinq mois, les transporteurs clandestins exercent en toute tranquillité. Ils poussent la provocation jusqu'à stationner dans les alentours immédiats des stations de taxis inter-wilayas et des gares routières d'El-Bahia et de l'USTO. « Nous sommes sans travail depuis cinq mois. Nous avons puisé dans toutes nos économies et alors que nous sommes interdits d'exercer, ces transporteurs clandestins viennent racoler nos clients devant les stations de taxis inter-wilayas sans nullement être inquiétés », regrette ce délégué syndicaliste des taxis inter-wilayas à Oran. Ce père de cinq enfants révèle que les taxis « réguliers » sont aujourd'hui réduits à concurrencer les transporteurs clandestins. Nombreux taxis « réguliers » se sont reconvertis en « taxieurs » fraudeurs pour subsister. On assiste même à une guerre des prix entre taxis « réguliers » et transporteurs clandestins. Sur le trajet Oran/Mostaganem, les taxis « réguliers » ont réduit le prix de la place à 500 dinars au lieu de 700 dinars proposés par les clandestins. Sur les autres trajets, les taxis « réguliers » exigent des clients le prix d'un aller-retour, en d'autres termes, l'usager doit payer le double du prix réglementé pratiqué avant le confinement.