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Le Beau, le Moche et le Laid
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 02 - 05 - 2021

On se souvient de la première statue de l'Emir Abdelkader (Alger) qui, tellement disharmonieuse et si disgracieuse (un petit bonhomme au très long sabre sur un énorme cheval), avait soulevé un tollé, non seulement des artistes mais aussi de citoyens. Elle fut déboulonnée vite-fait, puis remplacée par une autre un peu mieux étudiée et bien plus harmonieuse. On s'y est habitué. On le voit avec la statue du docker dressée du côté du port d'Alger, en hommage aux travailleurs assassinés par l'OAS, qui, bien qu'acceptable donne, tout particulièrement aux nouvelles générations ne sachant même pas ce que c'est qu'un docker sous le joug colonial et durant la guerre de Libération nationale, la vision d'un travailleur d'un autre temps, «écrasé» et ne résistant pas. On s'y est habitué. On l'a vu, par la suite, avec la statue de Cheikh Abdelhamid Ben Badis, montrant un homme «pâle» et «aplati» en même temps. Reproduction «vulgaire et grossière» d'une photo, selon sa famille. Suite à des protestations indignées, on l'a déboulonnée et déménagée je ne sais où. La statue d'une femme portant une jarre d'eau, élevée sur la placette (jouxtant la gare routière) rénovée de Bir Mourad Rais (Alger-ouest), bien qu'agréable n'a, jusqu'ici, soulevé aucune contestation. Il est vrai qu'elle ne donne pas, malgré tout, l'image de la femme algérienne de la lutte, de la modernité et de la contestation. Elle ne «dérange» donc pas politiquement et socialement : une sorte de poupée grandeur nature habillée d'une très longue jupe, tout juste bonne, pour que les jeunes hommes acnéiques et les vieillards lubriques de passage vers la station de bus se «rincent les yeux» ! On a eu le cas du «mini» buste de Zapata, à Alger. Ces dernières années, on a «busté» à tout-va au bénéfice des héros de la guerre de Libération nationale mais aussi de personnalités culturelles. Hélas, souvent le résultat n'est guère à la hauteur des attentes esthétiques. D'où les contestations ! C'est dire comment les choses se sont faites (et se font encore), avec dilettantisme et/ou précipitamment, parfois pour dépenser l'argent de lignes budgétaires oubliées, souvent dans le cadre de la préparation, en général, d'événements qui devaient servir, dans la foulée, à faire connaître des moments ou des hommes-clés de notre histoire ou des pans de la culture nationale et, en même temps, permettre aux créateurs et aux artistes, à notre «industrie» culturelle, de montrer et de démontrer leurs capacités et leurs talents et, pourquoi pas leur génie. Le résultat est là. Sans appel! Dans le domaine des beaux-arts, aspect sculpture (mais pas que!), c'est le grand ratage, la créativité n'allant pas plus loin que la production d'œuvres primaires sinon ridicules. Quant à celles produites par des étrangers, elles le sont encore bien plus, «l'artiste», étant tout à fait imperméable à l'âme du modèle, du héros, de l'exploit ou du massacre, du pays, du peuple, de la nation. La faute à qui ? Il est vrai que les autorités et les décideurs, toujours pressées, plus préoccupées par le gros œuvre et les très gros contrats s'y prennent toujours en retard et l'art (et l'artiste, national ou étranger, mais surtout le national) se retrouve toujours traité comme « la dernière roue de la charrette». Peu d'argent, peu de temps, mauvais emplacement, beaucoup de «conseilleurs» au mauvais goût. Résultat assuré des courses: le navet !
Mais le problème essentiel reste dans l'absence de «l'esprit d'entreprise», celui qui «transgresse et dépasse, puis transcende et crée», dans le cursus de nos artistes issus des beaux-arts en général et des sculpteurs en particulier. Je me souviens d'une longue grève à l'Ecole d'Alger qui était venue dévoiler, en parallèle et en partie, la problématique de fond (cachée par des revendications assez pratiques et terre-à-terre): L'Art est-il encore enseigné, puis pratiqué, en toute liberté, sans tabous ni complexes? La sculpture, entre autres arts, existe-t-elle (encore) chez nous avec des artistes qui font passer leurs modèles (nus ou habillés, assis ou debout, morts ou vifs) «de la nature à la culture», pour paraphraser Claude Levi- Strauss? Et, quelles en sont les conséquences qualitatives pratiques d'un art pratiqué de manière moins que primaire. Imaginez un médecin formé sans qu'il n'ait jamais vu et manipulé l'intérieur d'un corps humain? Et, pourquoi les échecs ou les insuccès? A qui la faute? Qu'elle soit belle ou qu'elle soit laide, l'œuvre d'art en Algérie trouvera toujours des adversaires, surtout «sur la Toile », mais aussi en certains lieux ou cercles religieux, qui cloueront assez vite au pilori toute représentationde l'être humain. Il est vrai que cela dure depuis bien longtemps. J'ai retrouvé sur le net une émission de la télé nationale (de 1971) avec Tahar Benaicha (Paix à son âme) qui présentait l'Ecole des Beaux Arts de l'époque. Salle de sculpture ; travaux pratiques, une tête de cheval. J'ai même l'impression que, mis à part les artistes qui ont eu la chance de faire des études post- universitaires dans le domaine des beaux-arts, à Paris, à Rome ou ailleurs en Europe (assez vite «étouffés» ou «récupérés» dès leur retour, et l'âge venant) , il n'y a pas, il n'y a plus de sculpteurs et encore moins de maîtres-enseignants (je parle bien de sculpteurs et non de «tailleurs»), qui «fracassent notre rapport au corps». On en a eu, mais les œuvres offertes au pays ont été soit enlevées, soit «voilées». Il est vrai que nul n'est prophète en son pays ! Chez nous, en ces temps de mauvais goûts et de manières détestables, aujourd'hui plus qu'hier !
Le grand public devra se contenter, encore longtemps, de natures mortes, fleurs et fruits, et de sculptures d'oiseaux et de reproductions humaines, à partir d'images fixes, sans âme, sans l'étincelle de génie et de courage qui en ont fait des héros ou des vedettes. Heureusement qu'il y a, dans les jardins des Beaux-Arts d'Alger et au Musée national, quelques «beaux restes», à Annaba, «El Ghezala» et à Sétif, la statue de la fontaine de Ain Fouara. Pour combien de temps encore ? Pas beaucoup avec le moche et le laid qui traquent le beau et les belles.


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