Alors que la campagne électorale pour le scrutin législatif de samedi prochain touche à sa fin, sans trop de dérapages verbaux ni crêpage de chignons entre les différents protagonistes, les Algériens, pour ceux qui prennent la chose politique par-dessus la jambe, auront (au moins !) bien ri sous cape, tant les « sorties » désopilantes de certains de nos politiciens ont fait dilater la rate à plus d'un ! C'est qu'à accorder une ouïe attentive aux bruits de fond diffus qui sortent par tous les pores du pays, il y a de quoi nourrir par louchées entières nos craintes de voir tous nos espoirs tenaces reportés à la saint-glinglin. Illustration pathétique d'un peuple qui se tourne mutuellement le dos au point de préférer le baudet des autres à son propre étalon. Ainsi, l'Algérie va se doter de la première législature post-Bouteflika, une APN à la configuration inédite dans les annales politiques algériennes. Les Algériens sauront de quelle couleur politique sera la nouvelle composante appelée à occuper le palais Zighoud Youcef' durant les cinq prochaines années. Une mission casse-cou pour les nouveaux élus du peuple qui hériteront d'un pays laissé sur le carreau par deux décennies d'un pouvoir « anthropophage ». Comment, en effet, remettre un pays à l'endroit, mis sens dessus dessous par une caste d'hommes politiques dont les grosses têtes de pont sont en prison. Et même si aucun des 22.000 candidats en lice pour les législatives prétend mériter la confiance d'un peuple échaudé, le véritable défi est celui d'amarrer le pays à une ère nouvelle et réconcilier l'Algérien avec la chose politique. Mais en politique comme dans la vie de tous les jours, le choix est rarement entre le bien et le mal, mais entre le pire et le moindre mal, la question est de savoir si le pays est capable de récupérer de ses errements qui lui ont fait perdre un temps et un argent fous. Un député, ça ne comprend toujours pas sa raison d'exister lorsque tout dans la laborieuse marche vers une vie publique plus « translucide » semble se complaire à « compter » avec tout, sauf avec cet élu mal-aimé. L'APN a-t-elle pour rôle « naturel » de manger la poussière quand tout le monde a envie de la cacher, sous le grand tapis vermoulu de la République ? A moins d'un improbable miracle, des indices qui ne trompent pas laissent présager d'un très périlleux mouvement... de la société qui pourrait secouer le mandat de la nouvelle chambre basse du Parlement. Et même si beaucoup meurent d'envie de prendre ce bled en otage, la majorité des petites gens cessera-t-elle un jour de s'embarquer dans des manœuvres dangereuses visant à défendre « mortellement » de gros intérêts qui ne sont pas forcément les siens. Parce que le pays est prisonnier de ses propres contradictions, que chacun de nous veuille construire sa propre maison sur les décombres de celle des autres n'est rien d'autre qu'un suicide collectif !