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Saïda : le réveil douloureux
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 12 - 08 - 2021

Pourquoi précisément Saïda alors que ça pouvait être Naama, Bayadh, Laghouat , Djelfa ou Adrar ou toute autre région jusque là préservée, le mal de Saïda n'est que celui de beaucoup d'autres régions et ce n'est sûrement pas par chauvinisme ni par égoïsme que j'évoque ma ville Saida dont je suis sûr que des « Saïda » il y en a plein de répliques ailleurs dans le pays sauf qu'on étant scrutateur de près il est plus facile d'analyser et d'apporter un témoignage sur la situation qu'elle est en train de subir et qu'elle partage ou risque de le faire sans aucun doute avec d'autres villes de l'Algérie profonde ; mais si Saïda mérite que l'on s'y attarde un peu c'est qu'elle s'est distinguée parmi toutes les wilayas du pays et à un moment précis pour avoir suscité la curiosité des uns et des autres sur le fait que ses données épidémiologiques n'ont pendant longtemps rapporté aucun cas de contamination au point que cela a forcé tantôt de l'admiration et tantôt des questionnements , c'était trop beau pour être vrai ,un rêve qui a finit en fin de compte en un cauchemar.
Les professionnels de terrain pour leur part n'ont jamais cru au père noël ni à ce statut véritable cadeau empoisonné et leurs doutes ont fini par être levées avec les dernières déclarations des responsables à plusieurs niveaux scientifique et institutionnel qui ont reconnu enfin avoir sciemment minimiser les chiffres pour ne pas attiser la panique oubliant sans doute de mesurer les conséquences de cette stratégie si on peut la qualifier ainsi qui a eu pour effets de pervertir le comportement des citoyens en délivrant un message erroné et faussement ainsi interprété dont ils risquent de payer le prix fort.
Saida sortait alors malgré elle de l'anonymat, car c'était officiellement la dernière ville en Algérie à avoir déclaré son premier cas de Covid alors que l'épidémie durant cette première vague faisait déjà rage dans d'autres wilayas avec son lot de drames ,elle fut pendant longtemps épargnée des malheurs du virus ou bien elle le croyait être; ses statistiques étaient fortement jalousées et ne laissaient guère indifférent entre ébahis et suspicieux ce qui m'a poussé à ce moment-là en tant que citoyen de la ville et au fait comme beaucoup de mes concitoyens de ses réalités à concocter un article partagé sur les réseaux sociaux intitulé « Saïda la déconfinée » qui tentait d'expliquer cette fausse image d'une ville semblant jusque là miraculeusement ménagée et cherchait à élucider le secret de sa préservation qui suscitait un regain d'intérêt pour ce cas « particulier »
Les déclarations officielles ont rapporté « zéro cas » des mois durant entretenant cette croyance d'une ville sacralisée mais les chiffres bas étaient loin de réfléchir la réalité ils ont plutôt procuré un sentiment d'invulnérabilité au point que beaucoup de Saïdiens et Saïdiennes ont cru être préférentiellement protégés pour de bon par la grâce divine et qu'ils ne pouvait rien leur arriver jusqu'à verser pour beaucoup d'entre eux dans le déni de la maladie et pour d'autres dans l'insouciance même parmi certains praticiens adeptes du laxisme et du complotisme, mais ce n'était finalement qu'un mirage et juste une question de temps car voilà qu'à l'aube de la nouvelle année de l'hégire censée être célébrée dans la sérénité et l'espoir ses habitants se retrouvent du jour au lendemain assommés par le nombre effarant de décès ,plus d'une trentaine en une seule journée ! Un nombre traumatisant pour une ville qui compte moins de trois cents mille habitants et qui pour se faire une idée sur l'ampleur du drame ce chiffre représente la presque totalité des décès par jour dans tout un pays grand comme la France suscitant cette fois émoi et tristesse et révélant au grand jour la réalité amère en cassant cette illusion dans laquelle la population vivait et disons le tout de suite Saïda a gardé les caractéristiques de petite ville où tout le monde connait tout le monde ces chiffres bien que minimalistes ne sont pas pour effrayer ou bien briser le moral mais c'est bien une triste réalité vérifiable ;le manque d'oxygène est aussi une réalité comme c'est le cas dans d'autres villes du pays , ses habitants dans un élan de solidarité et par instinct de survie ont appelé à la générosité des donateurs pour l'achat d'extracteurs d'oxygène la source de la vie comme c'est devenu coutume dans les autres villes aussi durement touchées et certains ironie du sort ont fait appel au don de linceuls ! Mais Saïda comme archétype de l'Algérie profonde ne dispose pas de zone industrielle si ce n'est que de vestiges car jadis complètement démantelée à l'ère du Bouteflékisme et ses sponsors, elle ne compte plus de grandes industries et industriels sur lesquels elle peut compter pour passer un mauvais cap ; ses seuls espoirs résident dans l'intervention prompt des pouvoirs publics, l'entraide de ses citoyens et la solidarité des généreux.
Les saïdiens découvrent aussi pour les plus lucides au moins que finalement le wali de Saïda n'a pas eu tout à fait tors de suspendre la prière du vendredi une décision exclusive à l'échelle nationale et c'était prémonitoire car avant même la survenue de l 'hécatombe de cette semaine, décision qui lui a valu d'ailleurs la foudre du comité national des imams algériens ; et ce n'est pas pour prendre sa défense mais le wali en tant que premier responsable est bien placé pour évaluer la situation en tenant compte de l'avis du comité de suivi et principalement de celui des épidémiologistes et professionnels du terrain, il est comptable de la préservation de la santé de ses administrés ,un objectif partagé par la religion elle-même et que le comité des imams ne peut ignorer car il en est un fondement principal de la jurisprudence en Islam(maqassid el Charia) mais ce qu'on pourrait reprocher aux responsables locaux c'est le manque de rigueur tant exigée pour les mosquées quand il s'agit de l'application des consignes et mesures préventives partout ailleurs où elles sont quotidiennement bafouées (marchés ,transport en commun, aires de jeux, bureaux de poste, mairies ... ) aucune exception ne peut être tolérée sinon l'efficacité en sera lourdement affectée et les recommandations ne pourront ramener l'adhésion des citoyens.
Et ce n'est pas se répéter de dire et redire jusqu'à ce que tout le monde puisse comprendre et assimiler une fois pour toute que le salut ne peut venir que des mesures barrières seul rempart efficace et à la portée de tous avant d'arriver au stade de l'étouffement et sa douloureuse agonie.
Saïda avait déjà besoin d'oxygène au sens figuré du terme celui du développement et de l'émancipation dans différents domaines un droit inaliénable pour une wilaya des plus anciennes hélas maintenant elle a besoin véritablement d'oxygène au sens propre du terme ; ce n'est pas les extracteurs qui vont régler le problème ni ici ni ailleurs ceux-ci devraient être des appareils d'appoint pour les cas les moins graves pris en charge à domicile et surtout les insuffisants respiratoires chroniques comme cela a été évoqué dans un récent article (le Quotidien d'Oran du 31/07/21)car une fois que l'indication d'hospitalisation d'un malade atteint de Covid est posée il a besoin désormais de débits importants qui ne pourraient être assurés par des extracteurs dont la capacité dépasse au mieux et exceptionnellement les dix litres un débit insuffisant pour soulager la plupart des malades suffoquant qui nécessitent des débits beaucoup plus élevés ; ce sont donc des générateurs dont les hôpitaux ont besoin et pour les généreux donateurs surtout nos compatriotes à l'étranger leur contribution serait plus efficace en optant pour les stations génératrices d'oxygène plutôt que pour des extracteurs à réserver pour d'autres pathologies, ces stations ont des capacités variables certaines peuvent assurer les besoins d'un service d'autres de tout un hôpital et leur prix sont tout aussi différents selon leur performance et les moyens des uns et des autres.
Mais sans faire de fixation sur l'oxygène il ne faut pas omettre toute la panoplie qui va avec pour la prise en charge optimale car le risque de pénuries est réel en moyens de diagnostic, d'oxymètres, de kits de dépistage, de PCR, de consommables, masques et lunettes à oxygène, manomètres, d'outils de séquençage et des moyens de protection pour les professionnels qui sont au-devant de cette bataille rude et de longue haleine.
Le drame de Saïda même s'il ne lui est pas lui propre doit servir de leçon à tous ceux et celles qui pensent être préservés par une certaine bénédiction , il vient de nous rappeler à la dure réalité de la virulence de ce virus et nous sert de leçon pour une meilleure discipline, il interpelle aussi les décideurs sur les insuffisances de logistique et de prévoyance et surtout sur les incohérences de la communication qui doit être en toutes circonstances transparente et sincère loin de tout paternalisme pour que chacun puisse assumer ses responsabilités, il n'y a que la vérité qui compte même si elle blesse.
Saida une image de l'autre Algérie et au lendemain de ce coup de massue ne porte plus son nom (l'heureuse) elle est aujourd'hui malheureuse et pour tous ceux qui ressentent la même souffrance il suffit de s'y mettre à sa place pour partager la peine et les espoirs.
*Dr


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