Tous les Algériens auront remarqué que les produits textiles importés turcs sont dans une profusion tapageuse. Des chaussettes parfumées pour hommes aux manteaux fourrés et foulards en soie pour femmes, tout y est. L'envahissement du vêtir istanbuliote inonde les vitrines et ce n'est pas sans fierté que les vendeurs insistent sur leurs origines. Le commerce avec la Turquie, même s'il est à sens unique, indique que la coopération est au beau fixe et c'est tant mieux pour ceux qui glanent de précieux subsides au nom d'une coopération saine et limpide. Cependant, ce très particulier marchandage qui ressemble à celui imposé en douceur par la Chine, recommande avec insistance une inévitable question. A ce que l'on sache, les produits vestimentaires importés de chez les héritiers de l'ancien Empire ottoman n'exigent aucune haute technologie et leurs productions n'obéissent qu'aux simples exercices des tissages et des coutures. Les Algériens sont-ils donc si handicapés avec des bras cassés et des cervelles en paille pour ne pas se mettre au niveau de cette élémentaire industrie ? L'indolence des Algériens dans ce domaine précis est un vaste fleuve tranquille. Il est à se demander par quel sortilège jeté est née une large coulée de paresse privilégiant la danse des conteneurs à l'effort de la création. Pourtant hier encore un valeureux entrepreneur privé avait époustouflé le monde de l'habillement par la qualité de ses chemises et avait avec bonheur secoué la léthargie de la défunte Sonitex mais sans malheureusement à la finalité de ses efforts venir à bout de l'aréopage des cupidités et des politiques décousues. La variété des crises répétées et le boursouflage des basses croyances économiques ont ligoté les initiatives pour que l'Algérie finisse par s'en remettre aux diktats commerçants de l'étranger. Le génie local, malgré son mutisme d'aujourd'hui, est cependant toujours présent. Il lui arrive de prouver sa présence dans de nombreux domaines de la création. Il est capable de la prouver encore avec plus de force pour peu qu'on le déleste de la pénible chevauchée à travers mille et une difficultés, toutes combinées pour le décourager.
