Alors que le projet de la liaison entre le port d'Oran et l'autoroute Est-Ouest en est à sa dernière ligne droite, l'option d'un prolongement de cette desserte dans l'enceinte portuaire en vue de son raccordement avec la corniche via la pêcherie est tombée à l'eau. Annoncée en grande pompe au temps de l'ex-wali Cherifi et «vendue» à l'opinion publique comme étant déjà un acquis, cette idée s'avère aujourd'hui plus proche de la vue d'esprit que du projet. Après plusieurs tâtonnements, la proposition a fini par essuyer une fin de non-recevoir. Les pouvoirs publics n'ont pas marché dans cette voie. A tort ou à raison, le projet a été étouffé dans l'œuf. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir su plaider auprès des décideurs, côté auteurs-concepteurs de cette variante. L'un des arguments mis en avant pour défendre ce scénario, celui d'une jonction pénétrante-corniche via le port, c'est la rentabilisation maximale de cette infrastructure routière ayant bouffé plus de 1.500 milliards en termes d'interconnexion avec le réseau. Sans ce petit trait d'union suggéré à l'intérieur du port, la ville sera comme elle est : coupée en deux. Deux sous-espaces urbains de part et d'autre d'un port maritime sourd, muet, aveugle et maladivement renfermé sur lui-même. Une dislocation qu'on ne peut plus justifier à présent du moment que la solution est bien là. Au seuil de la porte du port. Se voulant plus ambitieuse que son nom, la pénétrante portuaire veut logiquement pénétrer dans le port pour joindre les deux bouts. Ayant défié maintes tentatives de la réduire en un raccourci port-autoroute Est/Ouest à effet apaisant sur le réseau urbain par contournement de poids lourds, cette boucle côtoyant le rivage par enrochement sur mer et se frayant un long tunnel en falaise s'est refusé la petite étiquette qu'on a essayé de lui coller en cours de route, celle d'un itinéraire exclusif pour le transport containerisé. Elle veut s'auto-optimiser, au plus grand bien de la ville, y compris sur le plan réseautage. Sur les trois variantes suggérées par l'étude technique présentée en 2017 à la wilaya, relative à la configuration d'entrelacement entre la pénétrante portuaire et le centre-ville d'Oran, c'était le scénario d'un prolongement de cette liaison autoroutière dans l'enceinte portuaire et sa jonction avec la corniche ouest à hauteur de la Pêcherie qui avait été retenu en fin de compte par le wali d'alors. EFFET D'ANNONCE QUI BUTTE SUR LA BARRIÈRE PORTUAIRE Si cela n'en tenait qu'à lui, l'affaire aurait été tranchée en moins de rien. Le mot du wali lorsqu'il s'agit de port et d'aéroport -par exemple- ne valant pas plus qu'une proposition, le feu vert pour cette variante touchant -au sens propre du terme- à un site stratégique, devait passer par un circuit institutionnel autant complexe que relevé. Un circuit où même le ministère des Transports n'en est pas plus qu'un simple maillon. On s'en souvient, le chef de l'Exécutif local de l'époque, Mouloud Cherifi, se voulait confiant quant au sort de «son» projet, et ce, sur la base de plusieurs éléments positifs dont l'accord de principe du ministre des Transports et des Travaux publics de l'époque. Encore fallait-il bien plaider ce dossier qui requérait l'aval commun de plusieurs hautes instances. Pour la simple raison, précisait-il, qu'il se rapportait au port, assujetti depuis juillet 2004 aux dispositions du code ISPS (Code international pour la sûreté des navires et des installations portuaires). Et qui, à cet effet, recevait périodiquement une délégation d'experts américains de l'US Cost Guard dans le cadre du suivi et de l'évaluation du degré d'application des mesures de ce code et l'échange d'informations relatives à la sûreté de l'infrastructure portuaire. Autre élément d'optimisme chez le même ancien responsable : l'étude du plan d'aménagement du port qui tenait compte du passage de la pénétrante en son sein, confortée -selon lui- par un rapport favorable établi par une délégation ministérielle qui s'était déplacée sur les lieux à trois reprises dans le double objectif de lever les contraintes enregistrées dans le cadre de ce projet routier et de dégager des solutions consensuelles aux divers problèmes en vue de la mise en œuvre du plan de réaménagement du port d'Oran, et ce, avec le concours de tous les intervenants dans le processus, dont en premier lieu l'Entreprise portuaire d'Oran (EPE) sous la tutelle du ministère des Transports et dont le portefeuille est géré par la GSP Serports SPA ainsi que la capitainerie du port et les services de garde-côtes. Cette ouverture ne doit pas de toute évidence s'opérer aux mépris des impératifs liés à la vocation de cette structure portuaire et à sa fonctionnalité, même si une externalisation de certains services annexes et autres activités aval s'impose plus que jamais dans un port fort surencombré et qui peine à héberger même ses compartiments principaux que sont le port commercial et de voyageurs, le terminal à conteneurs et le port de pêche. Par ailleurs et en attendant de connaître les éléments-clés de ce plan d'aménagement lors d'une éventuelle séance de présentation, il ne fait aucun doute que ce plan devra apporter un design soigné aux différents espaces de l'enceinte portuaire, dont bien sûr le port de pêche. UN RACCORDEMENT A MINIMA AVEC LE CENTRE-VILLE Primo : la 2ème tranche du projet sur 18 km qui consiste en la mise à niveau de la Rocade (4ème périphérique) jusqu'à l'échangeur de la RN4 et du tronçon de la RN4 à l'échangeur de l'autoroute Est-Ouest. Secundo : le raccordement de la pénétrante portuaire avec l'autoroute Est-Ouest via deux variantes, dont la première concerne selon l'étude d'avant-projet définitif (APD) la mise à niveau sur 18 km de la 1ère Rocade jusqu'à l'AEO et la seconde entre l'échangeur de Canastel et la 2ème Rocade (5ème périphérique en cours d'achèvement) sur un linéaire de 5 km. Tertio : le raccordement de la pénétrante portuaire avec la ville d'Oran, côté ouest. A partir de quel point, les usagers pourront emprunter cette future voie express contournant la ville et débouchant sur la bretelle autoroutière Est-Ouest à hauteur d'El-Kerma ? Cela sera possible par une voie d'accès à hauteur du rond-point du centre d'affaires «Four Points by Sheraton», sur le boulevard 19 Mars, appelé communément «route des Falaises». Pour ce faire, une bifurcation en pente déjà existante sera élargie en double voie pour communiquer avec la pénétrante autoroutière du port. Quant à la jonction de cette pénétrante avec la ville d'Oran côté ouest, dans le but de rentabiliser au maximum cet énorme investissement et en tirer un impact optimal sur le réseau local, une variante a été proposée à la wilaya consistant à «faire entrer» l'autoroute à l'intérieur du port, qui doit passer pour ce faire par un tunnel et un viaduc de 275 et 430 mètres respectivement, pour en ressortir via le port de pêche et se connecter directement avec la route menant vers la corniche.