Malgré son caractère récurrent, la pénurie d'huile de table qui sévit ces derniers jours à travers quelques régions du pays a surpris plus d'un ménage. On ne s'y attendait pas, avouent des consommateurs regroupés devant une grande surface commerciale dans l'attente de la distribution de quelques bidons d'huile de table. Le camion, qui est arrivé à Constantine directement de l'usine Cevital, à Béjaïa, vient de décharger sa marchandise, et tout le monde s'impatiente en attendant l'entame de la vente aux consommateurs. Une très longue chaîne humaine, les hommes d'un côté et les femmes de l'autre, s'est vite formée, et les fameux bidons d'huile ont commencé à sortir du centre commercial, bien enveloppés dans des sachets entre les mains des acheteurs tout heureux d'avoir pu dénicher deux bidons d'huile de table de 2 litres chacun. La vente est limitée à deux bidons de deux litres pour chaque acheteur, a-t-on pu constater. Un agent du centre commercial nous a affirmé qu'il n'a plus aucune goutte d'huile de table chez lui. « De l'huile, il y en avait à profusion ces dernières semaines, et j'étais rassuré que je pouvais en prendre un bidon quand on en aura vraiment besoin dans la cuisine. Mais, au dernier moment cette pénurie m'a pris au dépourvu », sourit-il, assuré qu'il est d'avoir aujourd'hui sa bonne part à l'issue de son travail. Les causes de la pénurie ? On peut en voir un échantillon au niveau de ce centre commercial, où après la distribution de quelques bidons d'huile, on a déclaré que le stock a été épuisé pour disperser la foule. Mais, saisis par la colère, certains citoyens ont juré que la marchandise déchargée par le camion n'a pas été mise en vente dans sa totalité. Accusant le gérant du centre commercial de cacher une bonne partie des bidons d'huile. Un homme jure qu'il a vu des bidons d'huile de cinq litres qui ont été déchargés du camion, mais aucun n'a été vendu, seulement les bidons de deux litres ont été écoulés, et pas toute la marchandise, jure-t-on encore. Certains commerçants, dit-on, augmentent les prix et destinent cette marchandise aux restaurateurs. Des pratiques spéculatives qui sont connues de tout le monde. Il suffit de la moindre pénurie pour que ces habitudes refassent surface. Mais, cela n'explique pas la cause profonde de cette pénurie d'huile de table. Sûrement qu'il y a des manipulateurs ou spéculateurs qui gagnent gros en provoquant ce genre de pénurie. Selon l'APOCE, les producteurs affirment qu'ils ont un surplus de production, les directions de commerce au niveau local soutiennent que l'huile de table est disponible et les statistiques montrent que la production est bien supérieure à la consommation régulière, et le citoyen se plaint de la rareté d'huile de table. Cela suppose, selon l'APOCE, que cela est dû aux effets de la contrebande et au fait que le produit n'arrive pas aux commerçants détaillants qui refusent de le prendre à cause de la facturation. La solution quant à elle réside au niveau de la citoyenneté, dont chacun doit s'en prévaloir, estime l'APOCE, pour que toutes ces causes disparaissent. Il y a également cette autre problématique, liée au soutien des prix, qui est derrière toutes les pénuries. Le soutien aux prix dope la contrebande, surtout. Dans ce cadre, les services des Douanes ont saisi 2.800 unités de 5 litres d'huile de table destinées à la contrebande à Bordj Badji Mokhtar, a indiqué, hier, un communiqué de la Direction générale des Douanes (DGD). Les agents de la brigade polyvalente des Douanes de Bordj Badji Mokhtar relevant territorialement de l'inspection divisionnaire de la wilaya d'Adrar (direction régionale de Béchar) ont saisi, en coordination avec les éléments de l'Armée nationale populaire (APN), 2.800 unités de 5 litres d'huile de table chargées à bord d'un camion, précise la même source. Intervenant dans le cadre des efforts incessants consentis par les services des Douanes en vue de protéger l'économie nationale et lutter contre la contrebande des produits subventionnés, l'opération vient consacrer les démarches des pouvoirs publics pour préserver la stabilité du marché interne et leur attachement à assurer un approvisionnement constant et régulier du citoyen en produits de consommation, conclut le document.
