S'il est une guerre qui mérite vraiment le qualificatif de « SALE », c'est bien la guerre d'Algérie. Ce qualificatif est faible, quand on connaît les horreurs, les crimes monstrueux, les tortures horribles et inhumaines commises au nom de la France sur la population Algérienne, sur ses combattants, sur des femmes et des enfants au cours de ces huit années de guerre, tortures et crimes commis par des généraux,couverts par les gouvernements Français. Personne aujourd'hui ne conteste la réalité de ces tortures. Des livres ont été écrits qui en témoignent. Mais au cours de cette guerre, tout a été fait pour les cacher, les camoufler et l'opinion publique française a été soumise à un mensonge systématique. On osait parler de « PACIFICATION » mais derrière ce mot usurpé, c'est une politique d'extermination qui était menée. Un général, le général Aussaresses n'a t'il pas eu le culot monstre d'écrire un livre pour tenter de justifier ces crimes, ces tortures ! Ce ne sont là que quelques unes des méthodes utilisées : méthodes fascistes, méthodes odieuses rappelant la barbarie nazie. Voici, quelques témoignages de ces tortures. Henri ALLEG, dénonce ! Henri ALLEG, directeur du journal « ALGER REPUBLICAIN » a subi les pires tortures et les a dénoncées dans une plainte adressée au Procureur de la République d'Alger fin Juillet 1957. « Une victime accuse: …J'ai été arrêté à Alger le mercredi 12 juin par les « paras » de la 10ème D.P (bérets bleus). Il était environ 18 H 30 lorsque, conduit par le lieutenant Charbonnier, je pénétrai dans l'immeuble en construction, situé face au cinéma « Rex », sur la route qui mène à Châteauneuf (El Biar). On m'introduisit immédiatement dans un bureau situé au troisième ou quatrième étage. Un autre officier, que j'appellerai dans la suite de ce récit, « le deuxième lieutenant » (j'ignore encore son nom), s'y trouvait déjà. Le lieutenant Charbonnier me demanda de lui dire quels étaient les noms et les adresses des personnes qui m'avaient hébergé, avec qui j'étais en rapport, et enfin quelles avaient été mes activités depuis le moment où j'avais quitté mon domicile. J'indiquais que, directeur d' « Alger Républicain », j'avais continué à m'occuper de la défense de mon journal, illégalement interdit depuis septembre 1955, que tous mes efforts avaient tendu à éclairer l'opinion publique sur la nécessité d'une presse libre en Algérie et plus particulièrement de la reparution d' « Alger Républicain », condition indispensable, selon moi, pour la recherche d'une solution pacifique. En témoignant mes lettres et mes démarches auprès du président du Conseil et du ministre de l'Information de l'époque, Guy Mollet et Gérard Jaquet. Quant à me faire le dénonciateur des personnes qui m'avaient hébergé, que je pouvais avoir rencontrées, je m'y refusais absolument. « Je vous donne une chance, me dit alors le lieutenant Charbonnier : voici un crayon et du papier, écrivez tout ce que vous avez fait depuis novembre, en indiquant les personnes que vous avez rencontrées ».Comme je maintenais mon refus, il se tourna vers le deuxième lieutenant et lui dit : « ce n'est pas la peine de perdre notre temps, n'est-ce pas ? » L'autre acquiesçant, il prit alors le téléphone et demanda qu'on prépare « une équipe pour une grosse légume ». Quelques instants plus tard, un « para » m'accompagnait jusqu'à l'étage inférieur. Je sus plus tard que ce « para » était en réalité un policier algérois, détaché auprès de la 10ème D.P Il se nomme Lorca et est originaire de Perrégaux.A l'étage inférieur, on me fit pénétrer dans une pièce qui doit servir normalement de cuisine lorsque l'immeuble sera terminé.On m'ordonna aussitôt de me déshabiller et de me coucher sur une planche spéciale, munie aux deux extrémités de lanières de cuir. On m'attacha alors les poignets au-dessus de la tête et ensuite les chevilles avec ce système de lanières. Une demi-heure après, environ, le lieutenant Charbonnier entrait dans la pièce et me demandait si j'avais réfléchi ; comme je répondais que je n'avais pas changé d'opinion et que je protestais contre des procédés aussi odieux, on me répondit par une bordée d'insultes et d'obscénités et la « séance commença ».On me transporta d'abord (toujours attaché sur la planche) dans une pièce plus grande. « Tu connais cet appareil ? Tu en as entendu parler, hein ? », me dit le lieutenant Charbonnier en me montrant une magnéto. Immédiatement un « para » assis sur ma poitrine me brancha une électrode sur le lobe de l'oreille droite et l'autre au doigt et les décharges électriques se succédèrent. Pour m'empêcher de crier, le « para » assis sur ma poitrine m'enfonça ma chemise roulée en boule dans la bouche en guise de bâillon. Pendant ce temps deux autres resserraient les lanières aux pieds et aux mains, cependant qu'installés autour de moi, assis sur des paquetages, attendant que je parle, le lieutenant Charbonnier, le rhéostat en main, le deuxième lieutenant et le capitaine Devis se faisaient apporter des bouteilles de bière, la séance se prolongeant. Après qu'ils m'eurent successivement aspergé d'eau « pour que ça donne mieux », puis accroché les pinces électriques sur les doigts, le ventre, la gorge, les parties sexuelles, ils me détachèrent et me firent me relever à coups de gifles et à coups de pieds. On me fit me rhabiller à moitié (pantalon et veste). Le deuxième lieutenant me fit alors mettre à genoux, m'attachant ma cravate autour du cou comme une corde se mit à me secouer et à me serrer, à m'étrangler, cependant qu'il me frappait au visage de toutes ses forces. Absolument fou de rage, il me hurlait dans la figure : « tu vas parler, salaud ! Tu es foutu, tu es un mort en sursis ! Tu as fait des articles sur les exactions et les tortures, eh bien ! maintenant c'est sur toi que la 10 ème D. P les commet ! ».Continuant à me frapper, il criait : « ici, c'est la Gestapo… tu sais ce que c'est que la Gestapo ? Tu vas disparaître. Personne ne sait que tu es arrêté, tu vas crever ».Puis à nouveau, toujours à coups de gifles et à coups de pieds, on me ramena vers la planche. A nouveau déshabillé, je subis encore le supplice de l'électricité, les pinces branchées sur le sexe, la gorge, la poitrine. M'entourant la tête d'un chiffon, ils me plantèrent un taquet de bois entre les mâchoires, puis portant la planche jusqu'à l'évier de la cuisine, ils me maintinrent la tête sous le robinet auquel était fixé un tuyau de caoutchouc. A trois reprises, ils m'amenèrent au bord de l'asphyxie complète, me retirant in extremis pour que je puisse reprendre haleine. A chaque « passage », capitaine, lieutenants et « paras » me martelaient le ventre de coups de poings assénés de toutes leurs forces pour me faire rejeter l'eau absorbée. Au quatrième « passage », je m'évanouis et je ne repris connaissance qu'allongé sur le ciment. « Tu as bien failli y passer, me dit le lieutenant Charbonnier, mais ne crois pas que tu vas toujours pouvoir t'évanouir, on a des médicaments, pour ça. Alors ,tu parles ? ».Comme je restais silencieux, on m'attacha les chevilles, puis plusieurs « paras » me soulevèrent à la fois, on m'accrocha les pieds en l'air à une barre de fer de la « cuisine ». J'entendis ensuite mes bourreaux dire en riant : « maintenant, on va le roussir ! ». A suivre