Oran tourne le dos à la mer, mais cette fois par pudeur, pour ne pas avoir à rougir et perdre la face dans le monde où le paraitre est aussi important que l'être. Oran ville citadine vouée au meilleur parti, se retrouve confrontée à son image que le temps a fini par ternir par nos incessantes entreprises de l'ensauver pour l'adopter à une configuration de rechute non pas en terme d'évolution mais de retour sur soi dans un mouvement de vouloir imbriquer des conceptions de vie différentes sans ménagement pour n'en faire que de vulgaires conglomérats ou la joie de vivre est réduite à sa portion con-grue assurant manifestement sa grande contribution dans la satisfaction de l'instinct grégaire dont la connotions ne dépasse visiblement pas le caractère apparent réductible à sa dimension physique. Il est vrai qu'Oran se retrouve convoitée par d'incessant nouveaux postulants qui, tout en l'encombrant, lui procurent force et vitalité sources de ténacité avec laquelle elle affronte le temps et se régénère donnant la répli-que aux éphémères changements répétitifs, qui transforment à coup sûr, l'accessoire tout en altérant inéluctablement l'essentiel. Le changement est une dimension de notre histoire, inhérente à ses péripéties et révélateur de vie, d'authentique vie qui dévoile haine et amour, joie et peine, espoir et désespoir un ensemble de sentiments et de comportements qui, en convergeant, réalise les buts des uns et des autres, en exhumant sans coup, férir des aspects du lieu et l'époque, tellement présents qu'ils paraissent invisibles et qui déterminent la norme et les limites des seuils d'acceptation. Oran ville millénaire où l'histoire s'est encombrée des exigences de la géographie ponctuées d'incessantes cupidités de brigands couronnés et pervers mercantiles, s'est superbement illustrée à travers les âges par la con-stance du refus des tentatives soumission et l'affirmation sans préambule de la primauté du combat libérateur, source d'épopées que la mémoire collective, jalousement, colporte pour nous confectionner les meilleurs contes qui en fait, ne sont que des réalités, qui tellement héroïques, paraissent romancées donnant paradoxalement au vécu, les attributs de l'imaginaire. Oran ville de fête où les lumières ne départagent plus le temps donnant à la continuité non pas la morosité mais la crainte de l'extinction et du réveil brusque qui confronte l'homme à lui-même. El Bahia, que le rai incruste s'est vue jadis adulée par les chantres de la beauté qui l'avaient marquée depuis les temps anciens. Destination de rêve que ni les dépliants et encore moins les promesses de réclame ne peuvent contenir défie l'imprudence des hommes et recèle les trésors dont l'importance n'a d'égale que la mag-nificence qui prend forme dans la spécificité du quotidien de l'Oranais parsemé de pratiques englobant profond et le superficiel dans une symbiose réfléchie. Oran ville moderne, que les voyageurs aux temps de pérégrinations, s'accordent à le lui accorder, ancrée dans ses racines et ouvrant ses bras à la méditerranée, elle permet à la vie individuelle et collective d'être une vie non pas emprunte ni subie, mais une vie où l'authentique adopte le nouveau, le débarrasse de l'allergisant pour mieux l'assimiler dans un terrain de confrontation onctueux où les constances du bon goût identitaire rivalisent avec les intrus réels ou présumés inhérents aux choix artificiels en vogue, une sorte de phobie du malaise esthétique ou de la perte des repères sécurisants repères que l'érosion insidieuse et rampante non pas du modernisme mais du déclin de l'héritage menace. En observateur averti elle accepte le renouveau et anoblit le passé qui fragilise, l'indispose donnant aux comportements d'engeances et aux inepties des forbans en quête de grappiller, un hypothétique plaisir interdit toute la dimension de la tragédie. Une sérénité sacrifiée par l'insolence indocile du mimétisme sauvage de la vilenie d'ici et d'ailleurs. Des squares squattés par des sans gêne dont l'incarnation à l'atteinte à la pudeur publique, agressant sans distinction et en continu. Des commerces sauvages en profusion donnent à l'impression de l'arnaque toute son acuité, une insécurité structurante et normative qui n'offusque personne mais menace tout le monde des rues dont seuls trottoirs déterminent l'existence, des décharges publiques, quasi individuelles nous gratifient très fréquemment de visions futuristes du domaine de l'apocalyptique et pourtant…, Oran mérite de ses enfants de ceux qu'elle adoptés et qui sont ses enfants, mieux et sûrement plus que sporadiques festival et semaines économiques ou les exposition de joie, signes de fierté et d'appartenance à l'occasion du défoulement collective, mais une prise en charge effective de ses fléaux que tout un chacun sans exclusivité aucune et surtout sans opportunisme doit assumer tout en lui conservant son cachet de ville phare et fétiche.