Depuis le début des années 1980, la multiplication de pays qui par vagues successives échappent à la pauvreté et deviennent de nouvelles économies développées a montré que le phénomène du développement ne devrait pas se limiter à l'Occident et ceux que les néo-orientalistes ont présenté comme des pays hostiles à la modernité et enfermés aux sirènes du progrès. Ils sont en train de devenir de nouvelles puissances économiques et des concurrents sérieux des puissances économiques traditionnelles. Plus proches de nous ce sont les BRICS (Brésil-Russie-Inde-Chine- Afrique du Sud) qui ont marqué l'actualité récente et l'émergence de ces nouvelles puissances économiques a été à l'origine de nouvelles analyses sur le découplage de la croissance entre le Nord et le Sud. Ces phénomènes d'émergence ont été renforcés par la crise globale de l'automne 2008. En effet, au moment où les puissances économiques traditionnelles, notamment en Amérique du Nord et en Europe étaient frappés par un marasme économique et une dépression sans précédent, les pays émergents ont mis en place des programmes de relance ambitieux qui leur ont permis de reprendre de fortes dynamiques de croissance et de conforter leurs places comme les nouvelles puissances du futur. Ce qui n'était alors que le phénomène de l'émergence est devenu celui du basculement du monde. Et les études se sont multipliées pour mieux comprendre les fondements de ce retournement de la production et de l'économie mondiale en faveur de ces nouvelles puissances du Sud. Mais, cette concentration sur les questions économiques et industrielles a omis une autre dimension majeure de ce basculement qui concerne le monde scientifique et la recherche. La crise est passée par là ; au moment où les pays développés ont réduit massivement leurs dépenses consacrées à la recherche, les autres pays émergents les ont poursuivi ce qui en a fait de nouvelles puissances technologiques.