L'affaire de Mohamed Harkat rebondit au Canada. La Cour fédérale d'Ottawa étudie actuellement la validité du certificat de sécurité émis contre Mohamed Harkat, un citoyen canadien d'origine algérienne, soupçonné d'activités terroristes. De plus en plus, il apparaît que la décision de placer Mohamed Harkat sous certificat de sécurité a été prise sur la base d'informations qui n'ont jamais été corroborées par les enquêteurs du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS). En fait, cette affaire dure depuis sept ans maintenant. Tout commence en 2002. Mohamed Harkat, ressortissant algérien est soupçonné par les autorités canadiennes d'être un agent dormant d'Al Qaida. L'homme est présent depuis plusieurs années au Canada où, après avoir obtenu un statut de réfugié, travaille comme livreur de pizzas. Il est incarcéré dans une prison fédérale en vertu d'un « certificat de sécurité ». Cette disposition légale très controversée, permet au gouvernement d'incarcérer ou de renvoyer du pays un ressortissant étranger qui constitue une grave menace à la sécurité nationale, sans avoir à justifier publiquement des raisons de cette décision. Depuis sont instauration en 1978, elle n'a été appliquée qu'à cinq reprises, dont trois ont été annulées par les tribunaux. Dans le cas de Mohamed Harkat, la situation se complique car ce dernier estime qu'il pourrait être victime de torture s'il rentrait en Algérie. Une crainte liée à son passé avant son installation au Canada. En 1989, alors qu'il vit en Algérie et étudie à l'université d'Oran, Mohamed Harkat, rejoint le FIS et prête même au parti islamiste une maison appartenant à sa famille qui sert de lieu d'adhésion de nouveaux militants. En mars 1990, les services de sécurité algériens interviennent dans ce local et arrêtent les membres du FIS présents. Mohamed n'est pas présent et, averti que les autorités le recherche, il s'enfuit en Arabie Saoudite avec un passeport du Hajj. Il voyage ensuite au Pakistan, où il travaille pour la Ligue musulmane internationale qui l'envoie à Peshawar pour participer à l'aide dans les camps de réfugiés. Selon les enquêteurs canadiens, pendant les quatre années qu'il passe là-bas, il est entré en contact avec des membres influents d'Al Qaida, comme Ahmed Said Khadr, soupçonné d'appartenir à la mouvance terroriste. En septembre 1995, alors que sa mission se termine, il craint de rentrer en Algérie et après une étape par la Malaisie, rejoint le Canada, où il obtient en février 1997, le statut de réfugié. En octobre de la même année, il est interrogé par le Service canadien du renseignement de sécurité. Il sera arrêté en 2002 et la procédure de « certificat de sécurité » est entamée.