Le fondateur et leader du parti dissous, Front Islamique du Salut (FIS), Abassi Madani est décédé hier mercredi 24 avril à l'âge de 87 ans au Qatar. Abassi Madani est le fils d'un imam. Marié, il est le père de six enfants, cinq garçons et une fille. Il commence ses études dans une école coranique puis entre en 1941 dans une école de l'association 'Ulamâ (d'Ibn Bâdis) et suit les cours dispensés à la Masjidia du Cheikh Nuaïmi. Il adhère au PPA-MTLD et participe à la lutte pour l'indépendance de l'Algérie dans les années 1950. Membre du groupe Marzougui, dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1954, il est chargé de poser des bombes à Radio-Alger. Arrêté le 17 novembre 1954, il passe toute la durée de la guerre en prison. Incarcéré à la Maison Carrée et à Barberousse, il apprend l'anglais. Après 1962, il milite au sein du FLN jusqu'à la fin des années 1970. Il est élu de ce parti de 1969 à 1974. En 1962, il s'inscrit en licence de philosophie à l'université d'Alger et y prépare une thèse de psychologie de l'éducation, dans laquelle il défend la supériorité d'un système éducatif enraciné dans l'islam. En 1963, il crée l'association Al-Qiyam Islamya (les valeurs islamiques) qui militait pour l'instauration de la loi coranique et qui sera interdite en 1970 par le président Boumédiène. Professeur de sociologie à la faculté des sciences humaines de Bouzareah (Alger), il séjourne de 1975 à 1978 à Londres pour préparer une thèse. Après ses études à Londres, où il obtient un doctorat, il revient en Algérie. Il enseigne alors la psychopédagogie à l'Université d'Alger. Le 12 novembre 1982, il participe au grand rassemblement de 5 000 islamistes venus écouter les Cheikhs Abdellatif Soltani et Ahmed Sahnoun. Le 27 novembre 1982, au terme d'une prière collective qui rassembla plusieurs milliers de personnes,Abbassi Madani présente une revendication en quatorze points qui réclame notamment le respect de la charia, l'épuration de l'Etat des « éléments hostiles à notre religion » et la suppression de la mixité. Il est alors emprisonné jusqu'en mai 1984. Le 18 février 1989, Abbasi Madani annonce officiellement à la mosquée Al-Sunna de Bab El-Oued avec son ami Ali Belhadj, la création d'un parti politique dénommé front islamique du salut . À l'occasion des élections municipales de juin 1990, le FIS remporte largement le scrutin et est majoritaire dans la majorité des grandes villes algériennes et plus particulièrement les municipalités du grand Alger. Le programme politique du FIS consiste à appliquer la charia en Algérie et (islamiser) la société algérienne. Après l'arrêt du processus électoral en 1991 et les manifestations organisées par le FIS, Abassi Madani dont le parti était pourtant arrivé en tête au premier tour des élections législatives (46,27 % des suffrages), lance le 28 juin 1991 son premier appel à la désobéissance civile. Il est incarcéré le 30 juin 1991 à la prison de Blida et condamné par la cour militaire de Blida à douze ans de prison le 15 juillet 1992 pour « complot contre l'autorité de l'Etat, sabotage économique et distribution de tracts de nature à nuire à l'intérêt national ».