Les déclarations de Claire Thibout à la police, mercredi, ont fuité très vite. Le premier extrait a été mis en ligne par le Figaro. Il est certain que c'est une violation du secret de l'enquête. Ce qui est problématique, c'est qu'il ne s'agissait que d'un passage mettant en cause les propos qu'elle avait tenu à Mediapart, dans une interview et, donc pas de l'intégralité. C'était donc une utilisation tronquée et un peu fallacieuse. Il faut relever que dans l'heure qui a suivi, Claude Guéant, secrétaire général de l'Elysée, faisait état de ce même extrait, qui relativisait les propos rapportés par Mediapart, concernant les remises d'enveloppe à Nicolas Sarkozy. Enormément d'informations sont sorties, qui ont conduit à la désignation d'un juge d'instruction pour des investigations. Le parquet de Nanterre a préféré ouvrir des enquêtes préliminaires qui lui donnent un contrôle absolu des actes d'enquêtes. La première enquête concernait les atteintes à la vie privée relatives aux enregistrements pirates du maître d'hôtel de Bettencourt, et un vol de documents reproché à la comptable. La deuxième enquête, ouverte mercredi, est une navigation à vue, mais qui permet à l'exécutif, d'une part d'interroger tous les témoins hors de la présence ou de l'intervention de leurs avocats, et de garder la maîtrise de la direction des opérations.Les employés sont mis sous pression par leurs révélations, mais il est tout à fait exact que leur intention première était de prendre partie dans l'enquête ouverte pour abus de faiblesse contre le photographe. C'est vrai que l'avocat de Liliane Bettencourt leur a fourni une boîte d'allumettes en déposant plainte pour vol de documents, alors que ces documents avaient été restitués. Parmi ceux-ci figuraient les fameux carnets de caisse de la comptable. Evoquer le sujet des carnets de caisse devait provoquer inéluctablement des questions sur les sorties d'argent en liquide, et par conséquent sur les versements politiques. Le tribunal correctionnel de Paris, saisi en référé d'une plainte de Bettencourt contre Mediapart et le Point, a pleinement légitimé la divulgation des enregistrements du maître d'hôtel. Les soupçons qui sont formulés par les milieux judiciaires sont plutôt ceux d'une éventuelle prise illégale d'intérêt voire, d'un trafic d'influence. Ces suspicions ne peuvent être clarifiées que par l'enquête pénale, et des investigations approfondies. A ce sujet, le parquet de Nanterre a communiqué à la chancellerie un rapport qui signale qu'il convient encore d'attendre l'authentification des enregistrements du maître d'hôtel. Les noms cités mercredi sont ceux des invités des Bettencourt à dîner. Il ne s'agit pas d'une liste de bénéficiaires de fonds. Les Bettencourt ont probablement financé au-delà de l'UMP mais, de manière très constante, essentiellement à droite. Pour l'heure, les révélations de Claire Thibout mettent réellement en cause une seule personne, Eric Woerth.