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Benidorm, station estivale des Algériens
Publié dans La Voix de l'Oranie le 19 - 07 - 2010

C'est sur la route de Valence, à environ une quarantaine de kilomètres au nord d'Alicante, que se trouve la célèbre ville côtière de Benidorm, un des lieux privilégié de villégiature des Algériens qui se rendent en Espagne.
Nous nous y sommes rendus afin de vous faire partager la vie de nombreuses familles algériennes qui ont choisi cette destination pour passer leurs vacances.
La ville de Benidorm, dont le nom d'origine arabe provient de la famille arabe qui la fonda, les Benidarhim, a subi un boom économique et touristique à partir des années 1970 où l'on pouvait recenser seulement 12.000 habitants qui passèrent à 22.000 en 1981, 51.000 en 1998 et plus de 100.000 de nos jours. Une forte immigration d'andalous et castillans, mais aussi ces dernières années, d'étrangers, ont complètement changé la physionomie de la ville qui, de petit village de pêcheurs, s'est transformée en un véritable pôle économique drainant tout une industrie touristique.
L'un des attraits de la ville est bien son microclimat, l'un des meilleurs de la méditerranée européenne. Le climat de la ville est dû à son emplacement dans la péninsule ibérique. Une orographie assez spéciale entoure la ville et forme un microclimat qui la protège des vents froids et des pluies. La température moyenne annuelle de Benidorm oscille entre 18 et 19 degrés. Ce qui en fait une région tempérée où il fait bon vivre.
Benidorm a donc vécu une transformation urbanistique extraordinaire à partir des années 80 avec un foisonnement de nombreuses constructions. Deux chiffres nous donnent une idée de sa capacité hôtelière : l'existence de plus de 40.000 places d'hôtels et plus de 5000 places de campings. D'autre part c'est bien la localité avec le plus de gratte-ciels par habitant dans le monde et la seconde en ce qui concerne le nombre de gratte-ciels au mètre carré après Manhattan. L'un des plus hauts édifices d'Espagne, l'hôtel Bali III, se trouve à Benidorm à 186 mètres d'altitude et l'on a commencé la construction de ce qui sera l'édifice résidentiel le plus élevé d'Europe, l'Intempo à plus de 200 mètres.
Nous arrivons à Benidorm vers les dix heures du matin et on est tout de suite frappé par l'animation qui y règne. La rue principale, l'avenida de Europa grouille déjà de monde. Des vacanciers qui portent leur parasol et leurs chaises pliantes se rendent vers la plage afin de jouir d'une journée à la mer. Les magasins sont ouverts et proposent aux clients divers produits ; essentiellement des habits, sandales, tee-shirts, serviettes et maillots de bains… Certains n'ont même pas fermé et sont restés ouverts toute la nuit. Les terrasses des cafés accueillent depuis longtemps les estivants de passage et des clients fidèles qui savourent leur café con leche et leur tostada con mantequilla. Les voitures roulent tranquillement et même s'il commence à y avoir de la circulation, on n'entend aucun coup de klaxon. Les automobilistes sont généralement assez respectueux du code la route.
Nous nous rendons au Café de Paris que les Algériens connaissent bien pour être l'un de leurs lieux de rencontre et de prédilection. On raconte que dans les années 70–80, c'était le café où se rendaient tous les « benbellistes » réfugiés en Espagne. La terrasse est assez vide mais on peut y voir au côté de vieux Anglais et d'Espagnols un couple d'Algériens d'un certain âge qui prend un café en regardant le paysage. Je les salue. Ils reconnaissent en moi un de leurs concitoyens, me sourient et me rendent mon salam.
Je continue mon chemin et je reprends l'avenue en direction contraire vers le Rincon de Loix, pour aller au Copacabana, un café qui se trouve sur la plage où j'ai rendez-vous avec Farid, un ami qui vient d'arriver d'Oran. Il est déjà près de onze heures quand j'arrive et le paseo marítimo grouille de monde. La plage est bondée et tous les parasols et chaises longues sont remplis. Il fait déjà très chaud et je suis en sueur. Mon ami Farid m'aperçoit au loin et me fait de grands signes à partir d'une table du fond où il est assis avec deux autres algériens qu'il me présente comme des copains d'Oran. Il est arrivé ça fait une semaine par l'avion d'Air Algérie qui dessert Alicante pratiquement tous les jours. Il a préféré ne pas ramener sa voiture :
- J'ai loué un appart. Juste à côté, pas loin de l'hôtel Don Pancho. Et qu'est ce que je vais faire de ma voiture si j'ai tout ici à Benidorm… Total… Pour les quinze jours que je vais passer ici… Je ne bouge pas. Les enfants ont la piscine, ma femme les magasins et le marché, et moi comme tu vois je passe du bon temps avec des amis…
Le Copacabana, comme son nom ne l'indique pas, n'a rien d'un bar brésilien, il est tenu, au contraire, par des français et c'est l'un des rares endroits de Benidorm où l'on peut savourer de la bonne pâtisserie française telle que des mille-feuilles.
Après avoir savouré un café americano et un gâteau au chocolat, je quitte mon ami et je me propose de longer la plage pour une petite promenade, mais je me rends compte rapidement qu'il fait vraiment trop chaud et je laisse ça pour plus tard.
Les familles algériennes qui passent leur été à Benidorm ont quasiment toutes les mêmes distractions : réveil assez tard, farniente oblige, ensuite c'est piscine, car pratiquement tous les immeubles ont en une, ou plage. Il y a aussi les achats dans les magasins des chinois qui pullulent dans Benidorm. On peut pratiquement tout y trouver : bibelots, cadeaux, habits, jouets… et surtout à des prix défiant toute concurrence même si la qualité des produits vendus laisse parfois à désirer. Les estivants algériens sont surtout friands des rebajas, les soldes. D'autant plus que la période de juillet est la plus propice pour cela.
Le mercadillo
Aujourd'hui c'est dimanche et c'est jour de marché hebdomadaire. Nous nous y rendons car c'est là où l'on trouve la plus grande concentration de touristes algériennes. Située à la calle Goya, non loin de l'hôtel Melià, c'est sur plusieurs milliers de mètres carrés qu'il s'étend. Effectivement, dès qu'on y arrive, on peut apercevoir de nombreuses compatriotes femmes qui tournent à l'affût de la bonne affaire dans les stands où l'on peut voir étalées toute sorte de marchandises : souliers et sandales, draps, robes, shorts, tee-shirts, lingerie féminine, vaisselle, montres de pacotille… Même si la grande majorité des promeneurs sont des femmes, on peut également rencontrer des hommes accompagnant leurs femmes ou tout seuls.
Face à un vendeur espagnol d'ethnie gitane (ils sont les plus nombreux dans les marchés) une dame assez âgée, en djellaba et foulard, essaie de se faire comprendre en marchandant sur le prix d'un couvre-lit:
- Ecoute, monsieur, c'est trop cher… mucho, mucho… baja chwiyya le prix!
Malgré son charabia, elle arrivera, j'en suis sûr, à se faire comprendre et faire baisser le prix du produit.
Une petite roulotte aménagée en bar sert des rafraîchissements. Il y a tout un attroupement autour de la camionnette. Je m'approche et commande un granizado de limón, une boisson faite à base de citron pressé et de glace pilée. Un délice.
Le soir, dès qu'il fait un peu plus frais, les familles prennent leurs enfants à Festilandia, un petit centre de loisir pour les tous petits avec des manèges et des aires de jeux. Située à l'avenida de Europa, là aussi, vous êtes sûrs d'y trouver nos compatriotes avec leur nombreuse progéniture, des enfants qui veulent tous faire un tour de plus dans tel ou tel jeu. Un peu plus loin c'est le bowling au centre O-Zone. Pour les plus âgés, c'est un autre genre d'attraction. Ils passeront une journée, seuls ou avec leurs parents, à Aqualandia, un vaste centre de jeux aquatiques ou à Terra Mitica, un immense espace thématique construit récemment sur les hauteurs de Benidorm.
Il y a aussi le vieux Benidorm où il fait bon se promener tout autour des rues piétonnières de la vieille ville. Des magasins sont ouverts tard dans la nuit, des spectacles de mimes sont animés dans les rues par des comédiens et des saltimbanques. De nombreux touristes montent également le soir sur le promontoire, sorte de cap avec une terrasse qui sépare la plage de Levante à celle de Poniente, pour admirer le paysage marin et les deux baies qui se rencontrent. On peut y croiser aussi des algériens qui font des photos du haut de ce cap.
Le paseo marítimo
Mais l'endroit de prédilection de toutes les familles algériennes, c'est bien le paseo marítimo, la promenade du front de mer. Là, à partir d'une certaine heure, généralement assez tard le soir, vous pourrez remarquer un non stop d'allers et venues de groupes de femmes qui papotent entre elles ou assises sur les bancs publics. Certaines de ces femmes racontent même qu'au paseo maritimo de Benidorm elles rencontraient des amies qu'elles n'avaient pas vues depuis bien longtemps à Oran. On nous a même assuré que la jet-set oranaise ou tlemcénienne adorait se faire voir à Benidorm et rien de mieux que le paseo maritimo pour étrenner et étaler ses toilettes et ses tenues de l'été.
Plus tard le soir, vers minuit, c'est le monde des jeunes. Celui des discothèques et des endroits où l'on peut danser. Nous y avons fait un petit tour. L'endroit le plus prisé est celui qu'on appelle le quartier anglais. En deuxième et troisième ligne, non loin de la plage, c'est une succession de bars et de pubs anglais qui distillent de la musique moderne occidentale pendant toute la nuit. Des noms de locaux comme Bahamas, Sinatra, Beach Comber, Hipodromo sont tous connus des jeunes branchés qui arrivent d'Oran. Devant l'entrée de chaque local, un jeune homme vous propose d'y entrer en vous invitant à une consommation. L'un d'eux nous aborde. En nous reconnaissant comme maghrébins, il nous lance:
- Wech khouya, des Algériens ? marhba, entrez…
Il nous confiera qu'il était originaire d'Oran, il s'appelait Miloud et était étudiant en lettres à l'université d'Alicante.
- Je travaille tous les week-ends en juillet pour gagner un peu d'argent avant de « descendre » lel bled fi ramdan…
A la sortie du pub Beach Comber nous rencontrons trois jeunes filles accompagnées d'un jeune homme. Ce sont des Algériens qui sont venus passer leurs vacances à Benidorm avec leurs parents : Nassima, Fatiha, Yasmina et leur cousin Rachid viennent tous les ans en Espagne et connaissent très bien la ville.
- On se défoule ici. Une fois par an, on profite du bon temps, nous lance le jeune Rachid, 22 ans, qui étudie en 2º année de droit à l'université d'Oran.
Il est déjà bien tard. Notre séjour tire à sa fin. Les noctambules de Benidorm vont commencer à se dissiper peu à peu. Il souffle sur la ville un petit air frais qui remonte de la plage. Tout comme Ibiza ou Marbella, Benidorm est bien ce lieu où il fait bon vivre et les algériens ne sont pas en reste dans ce paysage touristique assez divers et éclectique.


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