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5 juillet 1962, une journée si particulière
Publié dans AlgerieNetwork le 04 - 07 - 2012

C'est un jour qui ne ressemble à aucun autre. En ce 5 juillet 1962, l'Algérie fête, dans la frénésie, l'indépendance que doit proclamer le soir même le général de Gaulle. Cent trente-deux ans jour pour jour après la prise d'Alger par les Français. Hommes, femmes et enfants défilent dans les rues, au cri de "Vive l'Algérie indépendante", vêtus de leurs habits de fête, drapeaux du Front de libération nationale (FLN) au vent.
"C'est quelque chose qu'on ne vit qu'une fois. On a vu tous les villages, toute la population venir, les hommes, les femmes. Ils dansaient, ils chantaient. On se rencontrait, on criait. C'était l'euphorie", se souvient Akli Gasmi, qui n'était alors qu'un jeune berger du village d'Oukhlou, en Kabylie maritime. La population goûte à la liberté retrouvée, les combattants de l'Armée de libération nationale (ALN) paradent dans les rues, les exilés préparent leur retour et les chefs politiques s'apprêtent à endosser le costume de gouvernants. Avec l'indépendance, arrachée après plus de sept années de guerre et la victoire du "oui" au référendum du 1er juillet, sonne l'heure de la délivrance.
Pour les combattants de l'ALN, le 5 juillet a concrétisé une victoire acquise depuis la signature des accords d'Evian entre la France et le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), le 18 mars 1962. Dans le pays, le silence du cessez-le-feu a succédé au vacarme des combats, dès le 19 mars 1962 à midi. "Le fruit de nos sacrifices avait déjà commencé à se traduire au moment du cessez-le-feu. Nous vivions dans l'idée que le pays allait recouvrer sa souveraineté. Pour nous, le 5 juillet annonçait une nouvelle ère", se remémore le colonel Salim Saadi, alors commandant de la région militaire nord de la frontière algéro-tunisienne. Posté dans la région du Tarf, l'officier n'attendait plus que le feu vert pour implanter ses troupes en Algérie.
Cette attente fiévreuse, le commandant Azzedine, alors à la tête de la Zone autonome d'Alger, ne l'a pas connue. Bien après que l'armée française eut sonné la fin des combats, il a dû mener une autre bataille. Une bataille sanglante contre la "politique de la terre brûlée" de l'Organisation armée secrète (OAS) qui, jusqu'aux derniers jours de juin, a multiplié les attentats et les attaques armées pour faire échouer l'abandon inexorable de l'Algérie française. "Le 5 juillet a été le couronnement de toute une lutte, salue-t-il. L'indépendance, contrairement à ce qui a été dit, ne nous a pas été octroyée. Je suis fier d'appartenir à ce peuple, il a fait une guerre merveilleuse."
Mais tous les habitants d'Algérie n'ont pas vécu de la même manière cette journée particulière. Le 5 juillet, à Oran, l'indépendance affiche un visage bien plus sombre. La ville, où les communautés musulmane et européenne vivent désormais coupées l'une de l'autre, se remet à peine des mois de terreur engendrés par les affrontements entre commandos de l'OAS et fedayin du FLN. La population célèbre une indépendance qu'elle espère annonciatrice de jours meilleurs, mais, en quelques heures, le cours de l'histoire va dérailler.
Une fusillade éclate au sein du défilé, rue d'Arzew, sous les yeux de Michel Guay, jeune appelé du contingent qui suit le cortège accompagné du photographe de son régiment. "Moi, j'étais dans une 2 CV. On s'est retrouvé à plat ventre sous la voiture. Ça pétait de partout. Tout le monde a cru que c'était l'OAS qui provoquait ces événements-là, donc il y a eu des représailles terribles contre la population européenne", raconte-t-il. Des remords dans la voix, il assène : "L'armée avait interdiction d'intervenir et même la gendarmerie n'a pas bougé d'un poil." Les massacres feront plusieurs centaines de morts et de disparus.
Le 5 juillet à Oran est pour les Français d'Algérie une des pages les plus noires de leur histoire de l'indépendance algérienne. Pour ceux qui n'avaient pas encore pris le chemin de l'exode, la perspective de pouvoir rester vivre dans le pays nouvellement indépendant se fait plus incertaine, malgré les garanties qu'on leur avait données aux termes des accords d'Evian.
Nombre d'entre eux imaginent déjà n'avoir plus qu'une seule alternative : "la valise ou le cercueil". Quand Pierre Massia, quatrième génération d'une famille franco-espagnole installée à Oran, embarque sur un bateau en direction de Marseille, le 4 juillet au soir, il pense que ce n'est que pour un aller-retour. "Je m'étais dit : on achètera quelque chose en France mais on travaillera en Algérie. Quitte à aller passer un mois ou deux en France avant de revenir", assure l'ancien directeur des cafés Nizière. Avant de conclure, laconique : "Et puis, ça s'est pas fait."
Cette histoire de déracinement et d'exil, les pieds-noirs la partagent douloureusement avec ceux qui parmi les supplétifs musulmans de l'armée française ont réussi à fuir vers la France. "Le jour où j'ai pris l'uniforme, les civils ne me regardaient plus. On n'est plus algérien", regrette Saïd Derrough, un ancien moghazni, supplétif dans la Section administrative spécialisée de Hama Boutaleb, aujourd'hui installé à Pignans, dans le Var. A l'indépendance, l'avenir qu'il s'était choisi deux ans plus tôt est scellé par ses compatriotes. Incarcéré par le FLN à la prison de Lambèse, en Algérie, il comprend, ce 5 juillet, quel destin tragique l'attend. "Dehors, c'était la fête. Ils chantaient "Vive l'Algérie indépendante ! A mort les harkis !" Nous, on s'est regardés, et on a pensé qu'on était foutus."
Les harkis se retrouvent du côté des vaincus de l'histoire, mais ils ne sont pas les seuls. Certains, même dans le camp des partisans de l'indépendance, ne profiteront pas longtemps du bonheur de la victoire et feront partie des laissés-pour-compte. Car une violente lutte pour le pouvoir se déroule au grand jour entre les soutiens du GPRA, mené par Benyoucef Benkhedda et ceux d'Ahmed Ben Bella, appuyé par l'Etat-major général (EMG) du colonel Houari Boumediene.
Pour Moh Clichy, ancien responsable de la zone nord de Paris au sein de la Fédération de France du FLN, l'histoire du nouvel Etat s'est écrite à tort sans les militants de l'immigration. "En 1962, il y a eu une déviation. Le GPRA a été disloqué. On faisait partie de cet ensemble et quand il a été disloqué, on s'est retrouvés livrés à nous-mêmes. Et, depuis, on a été mis de côté, je dirais même marginalisés", regrette-t-il.
Des regrets, le commandant Azzeddine n'en a pas vraiment. En août 1961, il a fait un choix. Celui de quitter son poste d'adjoint chef du colonel Boumediene, au sein de l'EMG, et de rejoindre le maquis, en signe de refus des "magouilles " qui se tramaient déjà. "Boumediene ne me l'a jamais pardonné", dit-il, soulignant, dans un sourire, l'ironie de son histoire : "En 1962, j'avais 28 ans. J'ai été éliminé. Et, par Boumediene et, par Ben Bella. Je suis le plus jeune retraité de l'Algérie... Et sans indemnités."


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