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19 MARS 1962, LE CESSEZ-LE-FEU ENTRAIT EN VIGUEUR
Les accords d�Evian � l�aune des d�saccords alg�riens
Publié dans Le Soir d'Algérie le 19 - 03 - 2012


Par le professeur Abdelmadjid
Merdaci [email protected]
Le 18 mars 1962 �taient scell�s, entre la d�l�gation du gouvernement fran�ais et celle du GPRA, ce qui allait devenir pour l�histoire �Les accords d�Evian� et dont l�aspect le plus embl�matique �tait l�application du cessez-le-feu � compter du 19 mars � midi.
Dans la soir�e du 18, le g�n�ral de Gaulle s�adresse aux Fran�ais auxquels il annonce la fin des combats soulignant notamment que �le cessez-le-feu en Alg�rie, les dispositions adopt�es pour que les populations y choisissent leur destin, la perspective qui s�ouvre avec l�av�nement d�une Alg�rie ind�pendante �. Pr�sident du GPRA, Benyoucef Benkhedda, tout en f�licitant le peuple alg�rien de cette grande victoire, rel�ve que �la p�riode transitoire est celle qui exige la plus grande vigilance. Le cessez-le-feu n�est pas la paix�, mettant ainsi en garde contre �les hordes fascistes et racistes de l�OAS�.(1) Effectivement, d�s le 19 mars, Alger est en gr�ve et le g�n�ral Salan, patron de l�OAS, appelle � l�application de la circulaire 29 visant � cr�er un climat insurrectionnel dans le pays et ciblant, en plus des musulmans, les repr�sentants de la puissance publique fran�aise, particuli�rement les �l�ments de la gendarmerie et des CRS. Oran donnera le signal d�s le lendemain des massacres aveugles alors qu�� Alger et dans d�autres points du pays se multiplient les actes de violence. Est-ce pourtant � sans doute � raison � que l�histoire enregistre cette journ�e du 19 mars 1962 non seulement en ce qu�elle consacre la fin n�goci�e d�une guerre enfin reconnue mais bien plus en ce que les accords sign�s marquent bien et sans ambigu�t� la fin de l�ordre colonial en Alg�rie. Paradoxalement et principalement en Alg�rie � en France m�me �OAS M�tropole� tentera aussi de prendre pied et de monter des op�rations � l�image des attentats ayant vis� le g�n�ral de Gaulle, son ministre de la Culture Malraux ou d�autres intellectuels soutiens de la cause alg�rienne �, les combats changent d��me et dans la zone autonome d�Alger en particulier, militants du FLN, forces de l�ordre fran�aises et r�seaux gaullistes allaient se trouver objectivement du m�me c�t� face � la politique de terre br�l�e de l�OAS. Eussent-ils amplifi� la violence end�mique entretenue depuis f�vrier 1961 par l�OAS, les accords d�Evian du 19 mars 1962 ne constituaient plus pourtant, depuis au moins quelques semaines, un secret politique � notamment pour les dirigeants de la minorit� europ�enne et leurs diff�rents relais en France � et les ultimes n�gociations d�Evian couronnaient une s�rie de contacts � diff�rents niveaux de responsabilit� entre gouvernement fran�ais et pl�nipotentiaires du FLN. Dans sa proclamation historique du 1er Novembre, le Front de lib�ration nationale faisait explicitement de la n�gociation avec les autorit�s fran�aises l�un des objectifs de son action � sur la base de la reconnaissance de l�ind�pendance et de la souverainet� � et l�histoire de la guerre d�ind�pendance alg�rienne est-elle aussi celle de n�gociations souvent secr�tes et le plus souvent avort�es mais qui confirmaient peu ou prou la l�gitimit� du FLN comme interlocuteur incontournable dans la recherche d�une issue politique au conflit.
1 - Cessez-le-feu�lections- n�gociations
Au lendemain de la chute du cabinet Edgar Faure, est-ce la guerre encore et longtemps innommable en Alg�rie qui dominera les �lections de janvier 1956 et c�est sur la question de la paix que le �Front r�publicain � fait campagne. C�est � l�enseigne du triptyque �cessez-le-feu - �lections - n�gociations � que Guy Mollet, secr�taire g�n�ral de la puissante SFIO, appel� � former le nouveau gouvernement, d�finit sa politique alg�rienne. Quand bien m�me enverra-t-il de discrets missionnaires aupr�s du FLN � notamment Pierre Commin, puis son directeur de cabinet B�g� � Guy Mollet aura t�t fait de se d�juger � par le remplacement du g�n�ral Catroux par Robert Lacoste en qualit� de ministre r�sident � Alger � au lendemain du virulent accueil que lui auront r�serv� les Europ�ens marqu�, entre autres, par des jets d��ufs sur le cort�ge officiel du chef du gouvernement. La suite est connue qui verra le gouvernement de Front r�publicain � soutenu au Parlement par le vote du puissant groupe communiste � faire le choix d�accro�tre l�effort de guerre en Alg�rie par le vote des pouvoirs sp�ciaux en mars de cette ann�e 1956. Il est important de noter que le souci de prendre parole avec les musulmans alg�riens, pour clairement contrer le FLN et r�duire autant que faire se pouvait son �ventuelle emprise sur les populations, appara�t comme consubstantiel du d�but de l�insurrection. La quadrature du cercle colonial �tait bien alors de savoir comment sortir les Alg�riens de l�insoutenable situation de minorit� politique et civique devant le refus obsessionnel de toute �volution de la part de la communaut� europ�enne et de ses porte-parole. Cela devait �tre �l�int�gration � version Soustelle qui avait, � cette fin, pris langue avec des personnalit�s, l�ex-centraliste Cherchalli, l�avocat messaliste Ouaguenoun ou encore le porte-parole des Oul�mas Khe�reddine. Le commandant Monteil, orientaliste connu, ou Germaine Tillion � qui sera � l�origine de la cr�ation des �centres sociaux� � pourront aussi rencontrer des dirigeants du MTLD alors en prison. On sait que cette d�marche dite de �troisi�me voix� fut express�ment condamn�e et battue en br�che lors de l�offensive strat�gique du nord constantinois du 20 ao�t 1955 o� des personnalit�s alg�riennes susceptibles d�entrer dans le jeu du gouverneur g�n�ral Soustelle furent directement vis�es. Le manifeste dit des �61� des �lus indig�nes consacrera d�ailleurs, quelques semaines plus tard, l�inanit� politique de cette troisi�me voix.
2- Les guerres int�rieures alg�riennes
Le congr�s de la Soummam, au-del� des seules th�ses auxquelles il continue d��tre r�duit, constitue un tournant d�cisif dans la clarification des objectifs et de la strat�gie du FLN et particuli�rement dans la mise en place d�une h�g�monie contest�e par le pouvoir colonial et ses soutiens. Ainsi donc et en d�pit des efforts soutenus des autorit�s fran�aises pour r�duire son influence et/ou de lui opposer d�autres forces alg�riennes en Alg�rie comme en France, le FLN construit et impose la position de �seul interlocuteur au nom du peuple alg�rien� qui lui vaudront progressivement diverses offres et approches des gouvernements fran�ais. Il faut marquer sans ambages que cette position qui conduira le FLN aux n�gociations d�cisives des Rousses et d�Evian sanctionnent aussi les r�sultats des tragiques �guerres int�rieures alg�riennes � qui mirent aux prises le Front au MNA et l�ALN aux harkas et autres groupes de suppl�tifs mis en avant par le pouvoir fran�ais au nom d�une guerre dite �subversive�. On peut rappeler qu�alors m�me que s�enclenchaient les processus des n�gociations devant mettre fin au conflit, la tentation continuait d�exister d�y associer d�autres acteurs � le MNA principalement � comme s�y �tait essay� le ministre des Affaires alg�riennes Louis Joxe vite d�savou� par un g�n�ral de Gaulle press� d�en finir avec cette �Alg�rie qui co�tait plus qu�elle ne rapportait�.
3- Le tournant du 16 septembre 1959
L�allocution du 16 septembre 1959 du pr�sident fran�ais portant principalement sur la reconnaissance du droit des Alg�riens � l�autod�termination( 2) constitue � tous les �gards un tournant dans l�histoire de la guerre d�ind�pendance. La proclamation du droit �au libre choix que les Alg�riens voudront faire de leur destin� � que devrait consacrer un r�f�rendum dont le g�n�ral de Gaulle annonce aussi l�organisation � s�inscrit dans une s�rie de prises de position du chef de l�Etat fran�ais � compter du mois de mai. Evoque-t-il ainsi le 9 mai le fait que �nous allons vers des n�gociations d�cisives� auquel r�pond la prise de position du pr�sident du GPRA, Ferhat Abbas, le 25 du m�me mois : �Nous sommes pr�ts � n�gocier avec la France sur l�avenir de l�Alg�rie � trois conditions. Les n�gociations seront men�es entre les repr�sentants de deux gouvernements. Les n�gociations se d�rouleront dans un pays neutre, elles porteront sur tous les aspects du probl�me alg�rien.� (3) A Alger, les r�actions des milieux europ�ens sont sans surprise marqu�es au coin du rejet sans nuances qu�exprime Alain de S�rigny, le directeur de l�influent Echo d�Alger : �Une scandaleuse satisfaction a �t� donn�e au FLN puisque des citoyens habitant le territoire de la R�publique se voient offrir, dans un triple choix, l��ventualit�, c'est-�-dire la possibilit� de s�en s�parer.�(4 De son c�t�, le GPRA fait le constat, par le biais de son pr�sident, que �cette �volution n�a �t� possible que parce que depuis cinq ans le peuple alg�rien r�siste victorieusement � l�une des plus sanglantes guerres de la reconqu�te coloniale�.(5)
4- Topographie de la n�gociation
Juin 1960. Au lendemain de l��chec d�une tentative de n�gociation directe avec les maquis de l�int�rieur � notamment avec le colonel Si Salah, chef de la wilaya IV � se mettent en place les premiers contacts directs entre pl�nipotentiaires des deux gouvernements. La rencontre de Melun, sans rien faire avancer de mani�re d�cisive sur le fond, installe pourtant le principe de n�gociations directes entre le GPRA et le gouvernement fran�ais dans l�espace et le d�bat publics. La d�l�gation du GPRA, conduite par Ahmed Boumendjel, comprenant aussi Mohamed Benyahia et Hakiki Ben Ammar, est quasiment consign�e � Melun quatre jours durant et notamment soustraite � la curiosit� des m�dias. Le GPRA qui r�pondait � une invitation publique � venir �pour trouver avec eux une fin honorable aux combats� fait �tat de ses propositions. Le cours de l�ann�e 1960 sera celui de l�acc�l�ration du processus politique et des d�cantations des positions. Le 4 novembre, dans une allocution radiot�l�vis�e, le pr�sident fran�ais fait �tat pour la premi�re fois d��une r�publique alg�rienne qui sera� avant de se rendre en Alg�rie � la rencontre d�une arm�e dont il voulait s�assurer la loyaut� la veille du d�cisif r�f�rendum sur l�autod�termination alg�rienne du 8 janvier 1961. La puissance des contre-manifestations alg�riennes des 10 et 11 d�cembre � qui r�pondaient � des provocations et des agressions de manifestants europ�ens � a valeur de pl�biscite en faveur du Front. L�appui massif � sa politique qui sanctionne le r�f�rendum � 76% en France, 70% en Alg�rie � conduit de Gaulle � un meilleur accueil aux exigences du GPRA avec lequel se poursuivent des �changes discrets par m�diateurs interpos�s � Jean Amrouche, le journaliste suisse Charles-Henri Favrod � et notamment l�intercession remarquable du diplomate suisse Olivier Long, que conclura, � la date du 2 f�vrier, une rencontre tout aussi discr�te, � l�h�tel d�Angleterre de Gen�ve, entre Saad Dahleb et le diplomate Claude Chaillet, collaborateur du ministre Louis Joxe promu � la gestion des affaires alg�riennes. Trois semaines plus tard, Dahlab, Boumendjel et Boulahrouf, le 27 f�vrier, ont rendez-vous � Lucerne avec Bruno de Leusse et surtout Georges Pompidou, v�ritable d�positaire de la pens�e du g�n�ral de Gaulle pour un v�ritable round de n�gociations au terme duquel la partie fran�aise exprime le souhait de l��tablissement d�un cessez-le-feu tacite. Projet�es pour le 7 avril � Evian, les n�gociations officielles � qui seront aussi marqu�es par l�assassinat de Camille Blanc, maire de la ville, par des activistes fran�ais � seront diff�r�es au 20 mai en raison d�abord d�exigences de clarifications de la part du GPRA sur son statut d�interlocuteur unique et par la suite du putsch des g�n�raux d�Alger du 22 avril. Ce qui sera, par la suite, connu comme �Evian 1� mettra � jour les points d�achoppement entre les deux d�l�gations et conduira � un ajournement des pourparlers. Leur reprise au Y�ti, station de sports d�hiver des Rousses, � partir du 11 f�vrier 1962, imprimera un tour d�cisif � la n�gociation que sanctionnera un protocole qui sera soumis au CNRA du c�t� alg�rien et au Conseil du gouvernement du c�t� fran�ais. R�uni � Tripoli du 22 au 27 f�vrier, le Conseil national de la r�volution alg�rienne approuvera � une tr�s large majorit� � seuls les repr�sentants de l��tat-major g�n�ral, d�j� inscrits dans une logique de lutte pour le pouvoir voteront contre� les termes des accords qui allaient sceller la fin de la colonisation fran�aise de l�Alg�rie. Le 7 mars, s�ouvrait ainsi �Evian 2� � sous une couverture m�diatique exceptionnelle � dont l�annonce, le soir du 18, de l�accord sur le cessez-le-feu sera la note la plus charg�e de symboles.
5- Les accords d�Evian
R�dha Malek, porte-parole de la d�l�gation du GPRA � Evian, d�taillera dans un ouvrage de r�f�rence le cours des n�gociations(6) et le pr�sident Benyoucef Benkhedda assurera la publication � en arabe et en fran�ais � de la teneur des accords conclus � Evian(7). La question de l�appartenance alg�rienne du Sahara, celle des garanties accord�es � la minorit� europ�enne au lendemain de l�ind�pendance( 6), le maintien des bases fran�aises en Alg�rie, les int�r�ts �conomiques de la France en Alg�rie, les outils de la transition � ex�cutif provisoire, force locale � et l�organisation du r�f�rendum sur l�ind�pendance ont-elles occup� les n�gociations d�Evian � l�heure o� en Alg�rie, l�OAS, Organisation de l�arm�e secr�te, s�attachait par une violence aveugle d�en emp�cher la mise en application projet�e ? Commandant de la Zone autonome d�Alger, le commandant Azzeddine rapporte les efforts du FLN pour prot�ger d�une part les populations alg�riennes alg�riennes et d�autre part r�pondre aux exactions de l�OAS(8). Au plan politique et � la suite de contacts informels entre Abderrahmane Far�s, pr�sident de l�Ex�cutif provisoire, et Jean-Jacques Susini, dirigeant politique de l�OAS, le Dr Chawki Mostefa�, l�un des repr�sentants du FLN au sein de cet ex�cutif, prend langue � son tour avec lui non sans avoir pris la pr�caution d�obtenir l�aval n�cessaire aupr�s du GPRA. L�objectif prioritaire �tait de faire cesser les tueries et les massacres et Jean- Jacques Susini, qui avait sollicit� le contact avec le Front, signera, avec le Dr Mostefa� les accords �FLN-OAS� qui seront de fait d�pass�s par le cours des �v�nements. Il est en tout cas difficile d�imaginer l�insoutenable climat de violence de cette p�riode mars-juillet 1962 de la mise en �uvre de dispositions des accords d�Evian mais aussi l�enchev�trement des confusions et confrontations notamment au sein du FLN/ALN dont portera t�moignage, entre autres, le colonel Hassen- Youcef Khatib qui dira avoir pris connaissance des accords et du cessez-le-feu en �coutant Europe 1(9).
6- �Non au 19 mars�
Le cessez-le-feu n��tait ainsi pas la paix et l�ind�pendance n��tait pas non plus tout � fait la fin de la guerre. L�ancienne puissance coloniale, ait-elle pris les mesures d�amnistie propres, selon leurs initiateurs, � concourir � l�apaisement et caut�riser les cons�quences de la guerre, n�arrive toujours pas � nommer le conflit et � en d�finir la fin officielle. Val�ry Giscard d�Estaing estimait ainsi en 1980 que �l�anniversaire des accords d�Evian n�avait pas � �tre c�l�br� alors que son successeur socialiste soutenait, de son c�t� que �s�il s�agit de d�cider qu�une date doit �tre officialis�e pour c�l�brer le souvenir de la guerre d�Alg�rie, cela ne peut �tre le 19 mars parce qu�il y aura confusion dans la m�moire du peuple�.(10) �La guerre des m�moires�, pour reprendre la qualification de Benjamin Stora, demeure en tout cas vivace en France comme le rappelle d�ailleurs l�actualit� d�une part avec la multiplication de manifestations marquant le cinquantenaire de l��v�nement et d�autre part avec les oppositions publiques� parfois violentes � des groupes de rapatri�s. Ce sont ces groupes que f�d�re l�association �Non au 19 mars� pour qui cette date �ne marque pas la fin de la guerre d�Alg�rie mais constitue un scandaleux mensonge, une contre-v�rit� historique et il y a une ind�cence � c�l�brer un jour national de malheur et de d�shonneur �.(11) Si elle souligne que �refuser le 19 mars comme date de recueillement ce n�est pas refuser la r�conciliation avec les Alg�riens d�aujourd�hui �, l�association n�en tient pas moins que �cette date est d�autant plus inacceptable pour honorer la m�moire des victimes civiles et militaires que le FLN et l�Alg�rie en font une journ�e de �Gloire � leurs martyrs� �.(12)
7- Une occultation alg�rienne
A l�examen, rien n�est moins s�r. Le r�gime politique autoritaire issu de la r�solution violente de la crise de l��t� 1962 � l�amn�sie alg�rienne continue de couvrir les affrontements fratricides entre les forces de l�arm�e des fronti�res et le maquisards des Wilaya II, III et IV � s�est largement appuy� sur un imaginaire guerrier pour l�gitimer le rapport � la guerre d�ind�pendance et en a notoirement et d�lib�r�ment effac� les dimensions politiques fondatrices. La stigmatisation, diligente et efficace, des ralli�s de la vingt-cinqui�me heure � ceux que l�on a nomm� avec d�rision les �marsiens � � couvrait opportun�ment la volont� des vainqueurs de l��t� 1962 de disqualifier les hommes, les faits qui pouvaient rappeler les actions du Front de lib�ration nationale et la nature fondamentalement politique de son combat. Le constat doit �tre fait que le refoulement des n�gociations d�Evian, des n�gociateurs et des institutions politiques � GPRA/CNRA � qui les avaient mandat�s et valid� leur d�marche s�est op�r� sans r�sistance notable de la soci�t� alg�rienne marquant sans ambigu�t� l�in�dit �compromis historique alg�rien� entre la c�cit� int�ress�e du r�gime sur la r�alit�s de l�engagement de tous les Alg�riens dans le combat et l�absence de contestation des fondements du pouvoir des hommes en place. �Le slogan : �Un seul h�ros, le peuple� aura �t� l�enseigne� de la p�riode ou la gratification d�un acteur collectif � ait-il �t� pour un large part imaginaire � rendait acceptable la mise sous le boisseau des trajectoires militantes individuelles aientelles �t� d�terminantes dans la construction du destin collectif national. Parmi les trous de m�moire institu�s par le r�cit national politiquement accr�dit� par le r�gime autoritaire, celui qui aura assign� � l�oubli les accords d�Evian mettra au ban des personnalit�s telles que Krim Belkacem, alors seul dirigeant fondateur du FLN en libert� au moment des n�gociations, Lakhdar Bentobbal, Mostefa Benaouada, membres du groupe des �21�, Ta�eb Boulahrouf, Sa�d Dahlab, M�hammed Yazid, membres du comit� central du MTLD, Mohamed Benyahia et R�dha Malek, issus du nationalisme estudiantin. Cet imposant capital politique des n�gociateurs d�Evian, adoss� � l�assise diplomatique internationale acquise de longue lutte par le GPRA non seulement ne feront pas le poids face � la violence des armes et la logique politique qui la sous-tendait � �Nous prendrons le pouvoir quel qu�en soit le prix�(13) avait dit Ben Bella au colonel Hassen � mais les acteurs de cette s�quence fondatrice de l�histoire politique de l�Alg�rie furent au mieux contraints au silence quand ils ne furent pas pourchass�s et pouss�s � l�exil. Il faudra assur�ment redonner toute sa port�e � c'est-�-dire ses enjeux de pouvoir � � la d�cision du pr�sident Chadli Bendjedid de r�habiliter la journ�e du 19 mars 1962 et de l�inscrire au calendrier des f�tes l�gales comme �F�te de la victoire � �A�d Ennasr��. Le retour du refoul� des accords d�Evian s�inscrit, en v�rit�, dans un v�ritable aggiornamento des rapports au pass� et plus particuli�rement � la guerre d�ind�pendance, engag� par le pr�sident Bendjedid dont le point d�orgue, outre la progressive lev�e des interdits frappant des personnalit�s nationales comme Abane ou Abbas, allait �tre la solennelle r�inhumation des cendres de Krim Belkacem au carr� des martyrs d�El Alia � l�occasion � qui rajoutait forc�ment une forte charge symbolique � du trenti�me anniversaire du 1er Novembre 1954.
8- Alger raconte Evian
Ces inflexions politiques s�inscriront aussi peu ou prou dans le champ m�diatique et le documentariste alg�rien Djelloul Haya � auquel on devait la s�rie d�sormais de r�f�rence sur les origines du 1er novembre 1954 � bouclait � sa mani�re la boucle de la guerre, en r�alisant, pour la t�l�vision alg�rienne, le r�cit des accords d�Evian. La cam�ra de Haya avait ainsi retrouv� et enregistr� les principaux protagonistes des n�gociations � alg�riens, fran�ais, suisses � faisant la gen�se des contacts secrets, des m�diations, des diff�rentes stations des n�gociations publiques, familiarisant au passage le public alg�rien avec des figures longtemps occult�es du combat lib�rateur. On peut s�arr�ter ici � la qualit� des t�moignages des dirigeants du GPRA et des n�gociateurs alg�riens qui situent souvent sans ambages les enjeux de pouvoir qui avaient notamment marqu� les positions des membres de l��tat-major g�n�ral de l�arm�e � Boumedi�ne et ses collaborateurs � lors des discussions du protocole des Rousses qui pr�figurait les termes finaux des accords entre GPRA et gouvernement fran�ais. La teneur de la s�rie faisait, par la suite l�objet d�un ouvrage publi� par Haya en 2008.(14) Un demi-si�cle apr�s la conclusion des accords du 19 mars 1962, comment se d�prendre du sentiment que le poids des censures et des manipulations du pass� continue � anesth�sier tout d�sir d�histoire chez une part notable des Alg�riens alors m�me que jamais autant l�urgence n�a �t� de se r�approprier le pass�, socle incontournable de la projection dans l�avenir.
A. M.
NOTES
1- Dahlab (Sa�d) : Mission accomplie-Ed Dahlab Alger 1990.
2- Stora Benjamin : De Gaulle et l�Alg�rie S�dia Editions 2009.
3- Bernard Michalon : Histoire du drame alg�rienEd Omnibus 2012.
4- Op cit�.
5- Ibidem.
6- Malek Redha L�Alg�rie � EvianEd du Seuil � Paris 1998.
7- Bekhedda Benyoussef : Les accords d�EvianEd OPU Alger 1987.
8- Cdt Azzeddine : Et Alger ne br�la pas Ed ENAG Alger 1997.
9- In L�ind�pendance aux deux visagesde B. Stora et J. M. Meurice.
10- Communiqu� de l�association �Non au 19 mars�.
11- Ibidem.
12 Ibidem.
13- L�ind�pendance aux deux visagesOp cit�.
14- Haya (Djelloul) Evian 62, le dernier combat, Casbah Editions 2008.
Appel du Pr�sident Benkhedda au peuple alg�rien
Apr�s plusieurs mois de n�gociations difficiles et laborieuses, un accord g�n�ral vient d��tre conclu � la Conf�rence d�Evian entre la d�l�gation alg�rienne et la d�l�gation fran�aise. C�est l� une grande victoire du peuple alg�rien dont le droit � l�ind�pendance vient enfin d��tre garanti. En cons�quence, au nom du Gouvernement provisoire de la R�publique alg�rienne, mandat� par le Conseil national de la r�volution alg�rienne, je proclame le cessez-le-feu sur tout le territoire alg�rien � partir de lundi 19 mars 1962 � 12h. J�ordonne, au nom du Gouvernement provisoire de la R�publique alg�rienne, � toutes les forces combattantes de l�arm�e de lib�ration nationale l�arr�t des op�rations militaires et des actions arm�es sur tout le territoire alg�rien.
�Avec mod�ration�, disent-ils
Les m�dias et les politiques fran�ais font, comme cela �tait, par ailleurs, attendu, feu de tout bois pour imposer � une Alg�rie pour le moins m�dus�e � mais officieusement consentante � un calendrier et une vision de la bonne mani�re de marquer le cinquantenaire de l�ind�pendance. Le gouvernement fran�ais vient ainsi de signifier son refus d�une c�l�bration officielle des accords d�Evian portant cessez-le-feu au motif que cette date est aussi �celle de l�amorce d�un drame pour les rapatri�s ,contraints au d�racinement et le d�but d�un trag�die pour les harkis, massacr�s dans les semaines qui suivirent au m�pris des accords d�Evian�. Cette position, qui conforte toutes les actions men�es par des groupes d�anciens Europ�ens d�Alg�rie � auxquels on peut aussi contester le statut de rapatri�s puisque la France n��tait pas la patrie d�origine de leur immense majorit� � contre l�organisation de rencontres et colloques consacr�s � l��v�nement ces derni�res semaines, � Nice, N�mes, Evian par des organisations de la soci�t� civile, dont le respectable mouvement des �Pieds noirs progressistes�, jure moins qu�elle n��claire la recommandation publique du ministre des Affaires �trang�res fran�ais d�observer, � l�occasion, de �la mod�ration�. C�est en fait de ce c�t�-ci de la M�diterran�e que cette mod�ration devait �tre de mise et force est de faire le constat que, sous r�serve d�un miraculeux d�menti, le message fran�ais fait apparemment force de loi et le plus choquant en l�affaire est que la plus haute autorit� de l�Etat ait pu consentir � parler par la voix du chef de la diplomatie fran�aise. Le fait est que, selon toute apparence, la guerre d�ind�pendance nationale fait encore peur en Alg�rie alors m�me que le souci, par ailleurs publiquement affich� par l�un des plus importants ministres du gouvernement �de ne pas toucher � l�image de la France�, sonne comme un insupportable aveu. Les Alg�riens � du moins en large partie ceux qui avaient connu la guerre �ont longtemps consenti aux mensonges d�Etat, aux censures du pass�, aux m�moires d�voy�es ou confisqu�es par une bureaucratie renti�re, et laissent-ils en h�ritage moins le feu des r�voltes fondatrices que ses cendres am�res et infertiles. En quoi marquer les anniversaires des accords du cessez-le-feu ou de celui de l�ind�pendance peut-il contrarier le calendrier politique national puisque c�est, semble-t-il, l�une des raisons officieuses des profils bas et de l�incoh�rent d�calage du 5 juillet 2012 au 5 juillet 2013. La France aussi vote et l�incantation anti-alg�rienne est une fois de plus au rendez- vous de l�argumentaire du candidat Sarkozy et de ses relais ajoutant au malaise le poids de l�ind�chiffrable silence des officiels alg�riens. Le croisement est en tout cas troublant, qui peut �tre aussi honteux. Autant que faire se peut, le signataire de ces lignes se livrera, avec la rigueur qu�autorise le travail historien, � l�extr�misme des rappels des faits et des actes qui qualifient l�action coloniale de la France et ses crimes durant notre guerre d�ind�pendance. Quand � M. Jupp�, inattendu dans un r�le de facteur intermittent, qu�il sache que c�est aussi sur la connaissance de leur pass� que nos enfants construiront leur avenir et c�est encore notre devoir aujourd�hui d�y apporter les n�cessaires balises.


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