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Islam et Libération de l'Algérie : III. Composantes du Nationalisme
Publié dans AlgerieNetwork le 27 - 03 - 2011


Abdelkader SAHRAOUI :
Chapitre VII. Les composantes du nationalisme algérien moderne
C'est au cours de la période 1919-1930 que naquit le nationalisme algérien moderne, représenté par deux courants principaux. La première tendance rassemblait les partis du « compromis » qui visaient la promotion du peuple algérien, quitte à conclure des arrangements avec le pouvoir français.
La seconde tendance se manifestait par une attitude radicale vis-à-vis du colonialisme. Ce groupe emprunta le langage de la confrontation.
Les partis du compromis
Face à l'écroulement de l'infrastructure socio-économique après la défaite militaire, de nombreux musulmans algériens entreprirent d'accomplir à leur tout le pas réalisé trois cents ans auparavant par d'autres groupes de musulmans qui, pour reculer au-devant des chrétiens, quittèrent l'Espagne pour aller en Algérie. L'Emir Abdelkader avait également effectué cet exode (hijra). Quant à cette partie de la population algérienne qui n'avait pas la possibilité d'émigrer, elle dut développer des formes de coexistence avec les forces coloniales. Dans ce cadre se cristallisa une élite algérienne qui affirmait une culture française (Saadallah B, « The rise of the Algerian elite 1900-1914) tout en voulant s'en servir comme moyen politique pour participer à la construction d'une « nouvelle Algérie ».
Les Français appelèrent cette nouvelle élite les « Jeunes Algériens ». « Ils s'obstinèrent à recourir à la France républicaine et libérale, une alliance des Jeunes Algériens avec le libéraux français pouvant conduire progressivement à la promotion de la démocratie réelle. » (Ferhat Abbas, La nuit coloniale).
La scolarisation des Jeunes Algériens et leur conscription dans l'armée renforçaient les aspirations égalitaires de cette élite. « L'idéal caressé par les éléments instruits était de pouvoir mener une vie « à la française », non seulement dans ses aspects matériels et quotidiens, mais aussi dans son aspect moral et idéologique » (Ali Merad, Le réformisme musulman en Algérie de 1925 à 1940).
C'est précisément le décalage entre cette ambition et l'idéal islamique des masses algériennes qui explique que lorsque, avec la participation des troupes algériennes dans l'armée française durant la Première guerre mondiale, l'importance du groupe algérien réclamant l'égalité s'accrut, le choix d'un porte-parole se porta sur l'Emir Khaled, petit-fils de l'Emir Abdelkader : « L'essentiel de son programme politique comportait avant tout un aspect négatif mais combien révélateur : le refus de l'assimilation totale et c'est surtout au nom de l'islam qu'il repoussait cette politique d'assimilation. C'est dans ce refus que se situe sur le plan politique l'origine du nationalisme algérien, l'opinion publique donnant à ce refus un caractère plus général, le considérant comme un refus de la domination étrangère. Khaled n'approuva pas les « Jeunes Algériens » partisans de la naturalisation… » (Kaddache, op. cité).
Si l'Emir Khaled ne poussa pas ses revendications jusqu'à demander l'indépendance, c'est parce qu'il redoutait la menace d'une dictature de la population européenne en Algérie. Cependant, « il voulut tenter une action audacieuse, en sollicitant l'intervention des Etats-Unis pour faire pression sur le gouvernement français. Avec l'aide d'un petit comité (dont le juriste Caïd-Hamon « Qu'id Hammu », il rédigea un document dans le dessein de le soumettre à l'attention du président Th. (sic) Wilson (à l'occasion de la conférence de la Paix, réunie à partir de janvier 1919 à Paris). Si l'on en croit I. Badis (Al-Chihab, fev. 1936), ce document exposait la situation du peuple musulman algérien, et demandait la mise de l'Algérie sous tutelle internationale, en demandant que le mandat en soit confié à l'une des grandes puissances. » (Ali Merad, op. cit.).
L'action politique de ce groupe aboutit au compromis de la loi du 4 février 1919 qui permettait aux Musulmans des villes algériennes de participer aux élections.
Un dénominateur commun reliait les partis du « compromis » : les militants de ces groupes étaient liés entre eux et avec le système français par des intérêts économiques et par les privilèges et les droits que le pouvoir leur octroyait. Tout acte agressif eût provoqué des représailles de la part des détenteurs du pouvoir colonial.
L'identité politique de ces partis comportait deux aspects : l'un, religieux, s'efforçait de défendre les valeurs arabo-islamiques contre une politique d'assimilation par les occupants français, l'autre aspect était représenté par le groupe influencé par l'enseignement français et l'idéologie républicaine.
«Groupant des membres de la moyenne bourgeoisie, des fonctionnaires et des intellectuels de langue française, le mouvement réformiste menait une politique de revendications et visait à obtenir, par étapes, l'égalité des droits dans le cadre de la souveraineté française. Sans consistance organique, il représentait surtout un état d'esprit et déployait son principal effort dans les compétitions électorales. Son existence constituait une ambiguïté : il prônait une politique d'assimilation, mais il obtenait le soutien de l'opinion qui voyait en lui une force d'opposition au régime. Ses échecs répétés devaient mettre fin à cette équivoque. (…) A cette tendance se rattachait, malgré les apparences, le Parti communiste algérien. » (El Moudjahid n°26, Les origines de la révolution algérienne).
Le mouvement réformiste des Oulamas
Les fondateurs du mouvement religieux étaient des Algériens qui avaient été dans les universités du Caire et de Tunis. Ils étaient imbus de l'enseignement de Djamal Ed Din al-Afghani qui, face aux convoitises des puissances coloniales en terre d'islam, exhortaient les Musulmans à se préparer pour la défense de la Umma, au-delà des différences doctrinales ou sectaires. Conscients de la nécessité d'une régénération interne, et prenant comme mot d'ordre la sourate qui dit que « Dieu ne modifie l'état d'un peuple en bien ou en mal qu'autant que ses sujets se sont transformés eux-mêmes », al-Afghani et Abdou oeuvraient pour la réforme de la société musulmane, laquelle doit se qualifier par la solidarité dans la justice et la responsabilité. Ils insistaient sur la parfaite compatibilité entre la Révélation et la raison et la science, afin de résoudre le clivage entre les groupes traditionnelles et les groupes laïcisés et occidentalisés.
Les croyants peuvent et doivent éviter de tomber dans l'erreur de l'imitation (taqlid) et, au contraire, ouvrir les portes de l'ijtihad. Cependant, ni chez Al-Afghani ni chez Abdou, la pensée politique ne s'est concentrée sur une élaboration des institutions islamiques adaptées au monde contemporain.
(Il faut bien dire que cette lacune n'a toujours pas été comblée).
Ce groupe adopta la devise d'Ibn Badis : « L'islam est ma religion, l'arabe est ma langue, l'Algérie ma patrie. »
Loin de se prêter à une interprétation laïque, cette formule d'Ibn Badis constitue une réponse à la position assimilatrice de la France pour qui le statut constitutionnel de l'Algérie ne faisait aucun doute : l'Algérie était un prolongement de la mère patrie, l'Algérie était terre française, composée de trois départements français.
La devise de Ben Badis résumait un vaste programme embrassant les domaines religieux, culturels et politiques.
Ces trois aspects visés par l'action des Oulamas ne représentaient nullement une répartition artificielle des priorités, mais bien plutôt la traduction de l'idéologie islamique dans la pratique politique de l'Algérie colonisée.
Une des missions de Ben Badis et de ses compagnons était de libérer la religion des interprétations fausses. Pour éviter les soubresauts et les fomentations éventuels, pour mater toute velléité de révolte, le pouvoir colonial français n'avait pas manqué de déployer tous ses moyens pour gagner à sa cause les marabouts, sachant qu'en morcelant et en dévaluant cette importante infrastructure, ils lésaient la cohésion sociale et mordaient sur la quotidienneté des Algériens. Les marabouts avaient été utilisés par les intervenants français pour entretenir et multiplier l'occulte, la superstition et le fatalisme. Les chefs des Oulamas durent les dénoncer comme étant des collaborateurs de l'administration coloniale : « Les marabouts sont les bêtes domestiques du colonialisme, ils sont la main qui exécute ses ordres calamiteux et le pont qui lui fraie le passage. Ils n'ont jamais cessé de contredire Dieu en se montrant fiers à l'égard du peuple et serviles à l'égard des colonialistes et des chefs administratifs despotes. » (El Bassaïr, 3 septembre 1937).
Les Oulamas se trouvaient par conséquent en confrontation ouverte avec les détenteurs du pouvoir colonial qui tenaient à maintenir une hégémonie sur le culte islamique.
Dans cette tentative pour briser la main mise de l'administration française sur les affaires religieuses, les Oulamas allèrent jusqu'à faire appel au principe républicain de la séparation de l'Etat et de l'Eglise.
Dans le domaine culturel, les Oulamas cherchèrent à maintenir vivante la langue arabe en créant des écoles coraniques dans le pays tout entier. L'arabe avait été sérieusement menacé par la politique française d'assimilation. La négation de la langue arabe (véhicule évident et d'autant plus suspecté, de l'action politique directe) et de l'histoire arabo-islamique de l'Algérie avait été un facteur essentiel dans la stratégie de marginalisation de l'Algérie.
Mouloud Feraoun écrira plus tard :
« Mes premiers maîtres étaient Kabyles, comme moi. Celui qui m'a le plus marqué est encore vivant. (…) Vous en fîtes un socialiste SFIO, un franc-maçon et un citoyen français ayant renoncé juridiquement à son statut de musulman. (…)
Il m'a appris très tôt que la France était ma patrie adoptive et par conséquent j'étais un petit orphelin dont on prenait soin. Cela mit dans mon cœur beaucoup d'humilité et de reconnaissance attendrie et j'aimais la France plus qu'un petit Français. Il m'a expliqué la signification symbolique des trois couleurs ainsi que la devise républicaine à laquelle il croyait avec la candeur des grands enfants, (…) Il m'a parlé de l'Empereur à barbe blanche qui pourfendit les Sarrazins, puis de Jeanne d'Arc qu'il taquinait un peu à cause des voix. Il avait un profond respect pour l'éblouissant « roi soleil » mais il aimait aussi le Béarnais qui a si bien « roulé » les calotins pour ensuite mourir traîtreusement de la main d'un « père blanc fanatique ». (…) Dans notre esprit, il abolissait le temps, la distance et ces gens dont il nous parlait nous paraissaient être de chez nous. (…) Nous les faisions nôtres au point que nous trouvions ridicules et antipathiques tous les autres peuples sur lesquels parfois il nous touchait un mot, y compris nos propres ancêtres qui nous faisaient un peu honte mais dont nous excusions et que nous nous promettions de racheter en devenant de « bons Français ». Notre maître partageait son admiration entre Roberpierre et le petit Corse qui domina le monde. Tout son mépris au contraire allait au dey Hussein dont le fameux coup d'éventail nous sauva pourtant de la Barbarie. (…) (Mouloud Feraoun, Journal 1955-1962).
En plus de la fondation d'écoles primaires et secondaires arabes, l'Association des Oulamas influença la formation du scoutisme algérien. Les mouvements des scouts constitua un cours préparatoire à l'action nationaliste et militante.
Les Oulamas marquèrent leur influence sur le plan politique par leur participation au Congrès islamique du 7 juin 1936 et dans le cadre des « Amis du Manifeste et de la Liberté » en 1944.
Si l'idéologie de l'islam déterminait le caractère politique des actions des Oulamas, ceux-ci tenaient néanmoins un discours loyalistes envers le pouvoir colonial.
La méfiance de ce dernier ne fut pas «éteinte » pour autant. Jusqu'au début de la guerre de libération nationale en 1954 les Français ne soutinrent par les écoles arabes. L'enseignement arabo-islamique fut financé par la population algérienne.
Le bilan des rapports entre les Oulamas et le pouvoir colonial français témoigne qu'une association entre une Algérie arabo-islamique et la France était un mythe. Dans un discours prononcé à Alger le 19 septembre 1860, Napoléon III définit ainsi la mission de la France : « Nous occuper du bonheur de trois millions d'Arabes, améliorer leur existence, les élever à la dignité d'hommes libres, répandre sur eux l'instruction tout en respectant leur religion » (cité par Ageron, France coloniale ou Parti colonial ?). Il souhaitait « le respect absolu de la mentalité, des mœurs et des situations acquises indigènes ». Mais la conception assimilatrice devait triompher chez les occupants français.
Cependant, la résistance psychologique à l'occupation colonialiste allait en croissant : « Pendant longtemps, les Arabes ont cru que les Français n'étaient pas venus pour se fixer en Algérie, que ce n'était qu'une occupation provisoire, et qu'ils n'allaient pas tarder à repasser la mer (allusion aux multiples prophéties qui circulaient à ce sujet). Plus tard, les voyant assainir le pays, tracer des routes, construire des chemins de fer et fonder des écoles qui rivalisaient avec celles de la Métropole, leurs premières espérances furent déçues. » (Benoist, De l'instruction et de l'éducation des indigènes dans la province de Constantine).
Dans leur face à face, l'Algérie arabo-islamique et la France ont, l'un pour l'autre, ignorance et hostilité : « (…) assurée respectivement, la société européenne, dans sa bonne conscience, son paternalisme autoritaire et son désir, parfois mal appliqué, de « civiliser » ; la société musulmane, dans une résistance inerte et méfiante, (…), ces sociétés, au fond, ne nourrissent aucun dialogue. » (Chenay JP, La vie musulmane en Algérie).
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Abdelkader SAHRAOUI : Islam et Libération de l'Algérie


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