PARIS - Les accords d'Evian signés le 18 mars 1962 entre l'Algérie et La France marquant la fin de la guerre d'indépendance nationale seront l'objet d'un colloque international les 17 et 18 mars prochain à Evian, ville au nord de la Haute-Savoie, où l'entendement a été conclu, a-t-on appris mardi auprès des organisateurs. Le colloque "50 ans après les Accords Evian" réunira des hommes politiques, des chercheurs et des historiens algériens, français, suisses et allemands et donnera la parole aux nouvelles générations algériennes pour s'exprimer sur ce fait historique, a indiqué Eugène Blanc, de la Salévienne, société d'Histoire régionale de Savoie, co-organisatrice de la manifestation. Cette nouvelle génération d'intellectuels algériens s'exprimera à travers Lydia Aït Saadi (docteure en histoire, Université Paris VIII) qui interviendra sur l'enseignement de la guerre d'indépendance nationale en Algérie. Côté français, Louis-Pascal Jacquemond, Inspecteur d'Académie, Inspecteur pédagogique régional honoraire d'histoire et géographie, se penchera sur l'enseignement de la guerre d'indépendance dans les collèges et les lycées hexagonaux. Dalila Aït El Djoudi (IEP d'Aix en Provence, chercheur associé CHERPA) débattra, pour sa part, sur "l'armée française vue par les maquisards de l'Armée de libération nationale" (ALN). Selon M. Blanc, ce colloque a aussi une dimension "savoyarde" en ce sens qu'il rendra un hommage posthume à l'enfant de cette région frontalière avec la Suisse, Mgr Duval, évêque de Constantine, archevêque d'Alger pendant la guerre d'Algérie et lors de l'indépendance. Cette rencontre de deux jours permettra aussi, a-t-il ajouté, une "ouverture sur l'international" en mettant en relief le rôle des Suisses et de responsables des deux Allemagnes dans les accords d'Evian. A cet effet, Marc Perrenoud du service historique du ministère suisse des Affaires étrangères communiquera sur "La Diplomatie suisse lors de la préparation des Accords d'Evian et après le 19 mars 1962", jours de la proclamation du cessez-le-feu. Jean-Paul Cahn, de l'Université de Paris IV, et Fritz Taubert de l'Université de Bourgogne-Dijon interviendront de leur côté sur le rôle des deux Allemagnes face à la guerre d'Algérie. Un témoignage de Martine Buron, fille de Robert Buron, un des négociateurs des Accords d'Evian, ancienne députée européenne, maire de Chateaubriand, est également attendu. Une visite commentée d'une exposition de photos issues du Fonds Jean Mohr en dépôt au Musée de l'Elysée à Lausanne (Photos de la région de Constantine) et la projection des films de l'INA sur les Accords d'Evian sont également retenues par les organisateurs. Une exposition pédagogique sur la guerre d'indépendance à destination des établissements scolaires sera aussi présentée par l'Université Populaire de Haute-Savoie. Selon le vice-président de la Ligue des droits de l'Homme, Gilles Manceron, le colloque est destiné, avec le concours d'historiens français, allemands, suisses et algériens, à faire réfléchir sur la fin de cette guerre et à regarder "avec distance" cette épisode de l'histoire. "Il s'agit d'engager une réflexion pour le dépassement de ce conflit par le croisement des regards et la construction d'une vision commune sur le colonialisme, à l'origine même de cette guerre", a indiqué l'historien à l'APS. Se déclinant comme le deuxième volet d'un colloque précédent sur le thème, organisé à Chambéry le 19 mars 2011, ce colloque est organisé par La Salévienne, l'Association "Les amis de Max Marchand, Mouloud Feraoun et leurs Compagnons", la LDH et l'Université Populaire de l'AQCV, association de quartier du centre-ville de Chambéry.
