La situation des travailleurs palestiniens dans les territoires occupés est ''extrêmement préoccupante'' et demeure ''précaire'', révèle le rapport annuel de l'Organisation internationale du Travail (OIT). C'est avant tout ''le résultat de la réalité de l'occupation sur le terrain et de l'expansion sans répit des colonies israéliennes, qui provoque un rétrécissement de l'espace de développement des Palestiniens'', constate le rapport soumis à la 101ème session de la Conférence internationale du Travail, qui se tient du 30 mai au 15 juin. Ce constat est particulièrement vrai dans la ''zone C'' de la Cisjordanie, qui devrait former une partie essentielle du futur Etat palestinien, selon le rapport. Couvrant 60% de la superficie de la Cisjordanie, cette zone continue d'être entièrement soumise au contrôle d'Israël, souligne le rapport qui note que les Palestiniens s'y voient refuser l'accès à leurs moyens de subsistance, ainsi qu'à leurs proches. ''Le processus de paix est plus figé qu'il ne l'a jamais été depuis les Accords d'Oslo de 1993'', a constaté le Directeur général de l'OIT, Juan Somavia. Selon lui, ''l'évolution de la situation sur le terrain réduit sérieusement la possibilité d'une solution négociée à deux Etats''. ''Ceci s'explique par une combinaison particulièrement néfaste d'éléments : intransigeance politique, incapacité des acteurs externes à aider les parties ou à exercer une influence réelle sur elles, volatilité dans la région, incertitude quant au processus de réconciliation palestinienne'', a-t-il poursuivi. Le Directeur général plaide pour une logique de paix et de développement basée sur une vision à long terme des intérêts en matière d'économie, d'emploi et de sécurité pour tous les travailleurs, aussi bien dans les territoires palestiniens occupés qu'en Israël. M. Somavia a cependant exprimé sa grande préoccupation à propos de la réponse des partenaires de la coopération internationale ''plus timide qu'auparavant''. Cela complique encore la tâche qui consiste à assurer un niveau minimum de subsistance pour une grande partie de la population, a-t-il indiqué. Le rapport assure qu'il n'existe aucune alternative juste et viable à la fin de l'occupation des territoires palestiniens. ''L'économie palestinienne a atteint des limites qui ne peuvent être dépassées sans agir sur les deux contraintes auxquelles elle se heurte : l'occupation et la séparation'', rappelle le rapport. Par ailleurs, le rapport admet certaines avancées : La tendance à la hausse de la croissance économique enregistrée dans le territoire palestinien occupé entre 2008 et 2010 s'est poursuivie en 2011, avec un PIB qui a augmenté de 10,7%. Ce chiffre global a été considérablement majoré par une hausse de 26,6 % du PIB à Ghaza. Le rapport avertit néanmoins que la croissance à Ghaza ''est loin d'être un indicateur d'une économie saine, puisqu'elle découle essentiellement de l'essor du secteur de la construction, alimenté par l'économie des tunnels, conjugué à une hausse des matériaux de construction autorisés à transiter par Israël pour les projets de reconstruction d'organisations internationales''. Si le taux de chômage dans le territoire palestinien occupé est passé de 23,7% en 2010 à 21% en 2011, c'est en premier lieu grâce à une réduction du taux de chômage à Ghaza de plus de 9%. Mais le chômage, en général, reste encore supérieur à ce qu'il fût en 2000. L'an dernier, 53,5% des jeunes femmes et 32,2% des jeunes hommes âgés de 15 à 24 ans étaient au chômage. Etant donné que 71% des Palestiniens ont moins de 30 ans, le rapport exhorte à agir immédiatement pour faire face à la crise de l'enseignement à El Qods-Est, pour faire cesser la démolition des écoles en Cisjordanie et enrayer l'érosion des compétences à Ghaza.