Les pourparlers entre le Soudan et le Soudan du Sud devaient reprendre dimanche à Addis-Abeba alors que Juba a exprimé la veille son refus de poursuivre les négociations directes invoquant de "nouveaux bombardements" soudanais contre son territoire ce que Khartoum a démenti. Malgré ces accusations, les négociations vont se tenir dans la capitale éthiopienne mais sous la médiation de l'Union africaine (UA). "Nous n'avons pas d'autre choix que de suspendre nos pourparlers bilatéraux directs avec le Soudan," a déclaré samedi le porte-parole de la délégation sud-soudanaise, Atif Kiir. "Nous ne pouvons pas nous asseoir avec eux pour négocier pendant qu'ils bombardent notre territoire," a-t-il poursuivi. Selon ce porte-parole, les délégations devaient bien reprendre dimanche à Addis-Abeba leurs discussions mais celles-ci se feront via un médiateur. "Les seules négociations qui se feront maintenant, se feront via le panel" de l'UA, a-t-il-dit. Peu avant la reprise des discussions bilatérales, le Parti du congrès national (NCP, au pouvoir) du Soudan a renouvelé son engagement de commencer par le dossier de la sécurité dans ses négociations avec le Soudan du Sud avant de se pencher sur d'autres questions importantes, selon Al-Sahafa, un quotidien de Khartoum. "Le dossier de la sécurité est le dossier prioritaire dans les négociations avec le Soudan du Sud. Viennent ensuite les questions de la frontière, le pétrole et l'économie, et les problèmes des citoyens", a indiqué Hassabo Mohamed Abdul-Rahman, membre officiel du NCP, cité par le journal. Lors des précédentes rencontres à Addis-Abeba, le Soudan et le Soudan du Sud ont passé en revue plusieurs questions importantes telles que la sécurité, le pétrole et la frontière, mais les négociations ont été interrompues suite aux affrontements en mars dernier entre les armées des deux pays à la région frontalière d'Heglig, riche en pétrole. Les discussions bilatérales ont repris fin mai. L'ONU et l'UA ont imposé un ultimatum aux deux Etats pour qu'ils règlent leurs différends d'"ici 2 août" faute de quoi ils subiront des sanctions. Cependant, les relations entre les deux pays demeurent tendues notamment depuis l'indépendance du Soudan du Sud, le 9 juillet 2011. Les deux Etats voisins se sont livrés des décennies de guerre civile dans le passé, qui ont fait des millions de morts. Parmi les principaux points de désaccord entre les deux capitales figurent la démarcation de la frontière commune et le partage de la manne pétrolière du Soudan d'avant partition. Le Sud a hérité des trois quarts des réserves de brut mais reste tributaire des infrastructures du Nord pour exporter et Juba et Khartoum ne parviennent pas à s'entendre sur les droits de passage. Les deux parties s'accusent aussi chacune de soutenir une rébellion sur le sol de l'autre. Samedi, le Soudan du Sud a accusé le Soudan d'avoir de nouveau bombardé son territoire. "Il y a eu des bombardements hier (vendredi) matin dans un endroit appelé Rubaker, dans (l'Etat) du Bahr-El-Ghazal-Nord", a affirmé Philip Aguer, porte-parole de l'armée sud-soudanais. Le Soudan a immédiatement démenti toute agression du Soudan du Sud, affirmant que des rebelles du Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM), actifs au Darfour (ouest), avait essayé d'attaquer le Soudan en passant par le Soudan du Sud et que l'armée soudanaise avait "répondu, mais à l'intérieur du Soudan". L'armée soudanaise "n'a pas violé le territoire sud-soudanais," a affirmé Omar Dahab, un membre de la délégation soudanaise dans les négociations d'Addis-Abeba, cité par l'agence de presse soudanaise Suna.