L'université Abderrahmane-Mira de Béjaïa a célébré, lundi, le 30e anniversaire de sa création, lors d'une cérémonie solennelle à caractère festif, mais opportunément saisie pour faire le point sur son cheminement et affirmer ses ambitions à venir. Sorti des limbes en 1983 sous forme d'institut national d'enseignement supérieur, ouvert à 204 étudiants seulement, l'établissement a pris une ampleur "remarquable", avec à son bord, plus de 43.000 étudiants, répartis en deux campus et huit facultés et une promesse d'éclater, dès la rentrée 2014, en deux universités distinctes et deux campus, avec l'inauguration attendue des pôles d'El-kseur et Amizour, actuellement en construction, dont l'apport va permettre, à terme, l'accueil de quelque 70.000 étudiants, a-t-on indiqué. L'évolution n'est pas seulement d'ordre infrastructurel mais a concerné tous les niveaux, et a eu pour effet la formation de 73.000 diplômés, la publication de 736 thèses de recherche, et l'ouverture de 29 laboratoires de recherche, regroupant 661 chercheurs ainsi que la conclusion de 70 conventions de partenariat avec des organismes et établissements étrangers. L'activité en son sein y est intense, et plante naturellement des perspectives plus ambitieuses, notamment la résolution prise par ses responsables d'en faire un espace de production du savoir visible, tant à l'échelle nationale qu'internationale, d'abord en valorisant ses travaux de recherche, ensuite en professionnalisant un maximum de ses offres de formations, selon son recteur, Boualem Saidani. Il ne s'agit rien de moins, en fait, que de faire redonner à Béjaïa et à son université son lustre d'antan, notamment au moyen-âge à partir de la moitié du XIème siècle, ou la ville était considérée comme un des centres d'enseignement supérieur les plus importants du Maghreb. Une pléiade de personnalités scientifiques, littéraires et religieuses y ont séjourné et travaillé, parmi lesquelles le poète sicilien Ibn Hamdis, l'algébriste Al Qurashi, le métaphysicien Ibn Arabi, le sociologue Ibn Khaldoun, mais aussi Léonardo Fibonnaci (1170-1240) qui a transféré le système de calcul arabe de Béjaïa vers l'Europe. Un défi en somme pour rééditer cette magnifique aventure intellectuelle pour laquelle tous les moyens sont mis en oeuvre, et qui avec la pratique du terrain, en appelle forcement à un surcroit d'investissements. Au revers de la médaille, figurent cependant les contraintes générées par ses sureffectifs, le déficit en infrastructures pédagogiques et, surtout, les carences en matière d'intendance et d'œuvres sociales universitaires qui, souvent, génèrent des conflits et affectent la bonne marche des programmes pédagogiques.