Entre la liberté d'informer et le droit d'être informé, de nombreux titres de la presse régionale, de statut public ou privé, arabophones ou francophones, paraissant dans l'est du pays, traitent l'information de proximité pour être "près de leur lectorat" et pour "consacrer la liberté d'expression", estiment leurs responsables. Ces quotidiens qui informent, analysent, critiquent et misent sur l'information dite de proximité, permettent aux citoyens d'être "au fait, autant que faire ce peut, des moindres pulsations de leurs villes, de leurs quartiers, de leur environnement en général, et de tout ce qui a trait à leur vie quotidienne", estiment ces responsables, contactés par l'APS à la veille de la célébration de la journée nationale de la presse. Affirmant que la liberté d'expression "contribue à l'émancipation de la personne humaine par la libération de la parole" et que "la liberté d'information croise une autre exigence citoyenne, celle du droit d'être informé", trois directeurs de publication de quotidiens paraissant dans l'antique Cirta mettent en exergue "l'apport de l'information de proximité dans la mission d'informer". Larbi Ouennoughi, responsable du quotidien national An Nasr, édité en langue arabe, considère même que "l'avenir de la presse, quelle soit publique ou privée, est dans l'information de proximité". L'information de proximité, un "levier de performance" Le responsable de l'un des plus anciens quotidiens publics d'informations générales du pays soutient que "l'évolution technologique, la multiplication des réseaux d'information, notamment via les réseaux sociaux, ont favorisé l'émergence de l'information de proximité", devenue, selon M. Ouennoughi, "un véritable levier de performance" pour les quotidiens qui veulent "percer dans le champ médiatique". Le même responsable précise qu'à An Nasr "une armada" de journalistes et de correspondants à travers les wilayas est mobilisée pour rapporter et analyser l'information de proximité. L'Algérie profonde, affirme encore M. Ouennoughi est "sondée" dans plusieurs pages du quotidien. Un avis partagé par le directeur de la publication du quotidien régional d'informations El Acil, Nacer Khanfar, qui estime que la liberté d'expression constitue "l'un des fondements de la dignité humaine". Il affirme également que c'est l'information de proximité qui a permis à son journal de "se frayer un chemin dans le paysage médiatique constantinois". El Acil, quotidien de statut privé, édité en langue française, et qui bouclera en décembre prochain ses 20 ans d'existence, a su capter, selon son directeur, l'attention du lectorat à travers la publication de l'information de proximité qui laisse "s'exprimer les différentes régions de l'est du pays". De son côté, le directeur général et directeur de la publication de deux quotidiens locaux privés, L'Index, édité en langue française, et El Mouachir, son pendant en langue arabe, Zoubir Mezazigh, affirme que ces deux titres de presse se sont fait connaître à travers la mise en exergue, dans leur contenu, de l'information de proximité. L'index, paru en 2007 et El Mouachir dont le premier numéro a vu le jour en 2011, gravitent, selon M. Mezazigh, autour du traitement de l'information de proximité dans neuf wilayas de l'est du pays où active tout un réseau de correspondants. L'apport de la formation Se rejoignant dans l'idée que des médias "libres, pluralistes et indépendants sont indispensables pour l'exercice de la liberté d'expression", les trois responsables tiennent à souligner "l'apport de la formation dans l'évolution de la presse". M. Khanfar, tout comme M. Mezazigh, affirme que les rédactions francophones font face au problème de la rareté des journalistes qui s'expriment "convenablement dans la langue de Molière". M. Ouennoughi, présentant le niveau de formation journalistique "amoindri" comme "un souci partagé par les différents titres de presse à l'échelle mondiale", soutient que "la formation en continu du staff journalistique demeure le meilleur allié des quotidiens en quête de professionnalisme et d'objectivité". S'exprimant sur la liberté d'expression en Algérie, ces responsables s'accordent à dire que des "pas importants ont été franchis en la matière" comparativement à d'autres pays arabes. Toutefois, MM. Ouennoughi, Khanfar et Mezazigh, mettant en exergue "les sacrifices et l'obstination des journalistes pour l'acquisition de cette marge de liberté d'expression", soutiennent tous les trois que la liberté d'expression est "un exercice au quotidien" qu'il faut préserver et faire progresser à travers "la crédibilité, l'objectivité et le professionnalisme". Un triptyque "absolument nécessaire", estime S. Bachir, enseignant retraité. "J'achète chaque matin mon journal en espérant pouvoir mieux comprendre les faits qui font l'actualité politique, sociale, culturelle et sportive dans ma région, et c'est pourquoi l'objectivité et la qualité d'analyse de journalistes chevronnés, non prébendés par qui que ce soit, me paraît vitale", ajoute cet enseignant de 63 ans qui ne cache pas non plus qu'il "ouvre son journal sur la page nécrologique parce que dans une grande ville comme Constantine, il n'y a que cette rubrique qui nous fait savoir que tel ou tel autre citoyen nous a quittés". Conscient du côté quelque peu incongru de son affirmation, Bachir s'empresse d'ajouter : "ne riez pas, car c'est aussi cela l'information de proximité".