Environ 86.000 enfants marocains âgés de 7 à moins de 15 ans travaillaient en 2013, soit 1,8% de l'ensemble des enfants de cette tranche d'âge, touchant beaucoup plus les garçons (57,2%) que les filles, selon les résultats d'une enquête rendus publics à l'occasion de la Journée mondiale contre le travail des enfants (12 juin) placée cette année sous le thème "Etendre la protection sociale: éliminer le travail des enfants". L'enquête du Haut commissariat marocain au plan (HCP) a relevé que ce phénomène de travail des enfants au Maroc est en régression par rapport à 1999, année où il touchait 9,7% de l'ensemble des enfants de 7 à moins de 15 ans, soit 517.000 enfants. L'étude du HCP note que le travail des enfants de moins de 15 ans est un phénomène principalement rural où 3,6 % des enfants (76.000) étaient au travail en 2013 contre 16,2 % en 1999 (452.000 enfants), précisant que près de neuf enfants actifs occupés sur dix résidaient en milieu rural. Dans le milieu urbain, cette proportion est de 0,4 % (10.000) contre 2,5 % en 1999 (65.000 enfants), relève la même source. D'après l'organisme marocain, le phénomène s'explique par les conditions sociales difficiles et par les inégalités de chances d'accès et de réussite scolaire, lesquelles sont généralement justifiées par les différences dans les origines sociales des individus. Par ailleurs, l'analyse des caractéristiques culturelles de ces enfants concernés a révélé que 30% d'entre eux n'ont aucun niveau scolaire, 80% n'ont aucun diplôme et que 30 % parmi ceux âgés de 10 à 14 ans sont analphabètes. Selon les circonstances de leur travail, seuls 25,4% des enfants travaillaient parallèlement à leur scolarité, 54,8 % ont quitté l'école avant même de terminer l'enseignement obligatoire et 19,8% ne l'ont jamais fréquenté, l'année précédente. En milieu rural, le travail des enfants demeure concentré à 94% dans le secteur de l'"agriculture, forêt et pêche", tandis qu'en zones urbaines, il concerne 65,5%, dans le secteur des "services" et 22,2% dans celui de l'"industrie" (y compris l'artisanat), a indiqué l'enquête, ajoutant que ces deux deniers secteurs demeurent les principaux secteurs employeurs des enfants. S'agissant du statut de leur emploi, plus de 9 enfants actifs occupés sur 10 en milieu rural travaillaient en tant qu'aides familiales, alors qu'en milieu urbain, 42,1% sont des apprentis, 35,9% des enfants travaillaient en tant que salarié, 17% sont des aides familiales et 5% travaillaient en tant qu'indépendants. Concernant le cadre familial des enfants au travail, l'enquête du HCP relève que le travail des enfants concerne 75.135 ménages, soit 1,1% de l'ensemble des ménages marocains, concentrés en milieu rural (65.976 ménages contre 9.159 dans les villes), ajoutant que ce phénomène touche surtout les ménages de grande taille. Pour rappel, l'ONG Human Rights Watch (HRW) avait exhorté, en novembre 2012, les autorités marocaines à mettre fin à l'exploitation des enfants, majoritairement des filles, de moins de quinze ans, qui travaillent dur comme domestiques pendant 12 heures par jour, 7 jours par semaine, pour des sommes aussi minimes que 11 dollars US par mois. "Des jeunes filles âgées de huit ans à peine endurent des sévices physiques et travaillent de longues heures pour un maigre salaire en tant que travailleuses domestiques au Maroc", avait souligné HRW dans son rapport de 73 pages, rendu public à Rabat sous le titre "Une servitude solitaire: Le travail des enfants domestiques au Maroc".