La réunion des chefs de police africains, tenue dimanche et lundi à Alger, a permis de finaliser la création du Mécanisme de coopération policière africaine (Afripol), une organisation susceptible de renforcer la lutte contre les fléaux menaçant la paix et la sécurité en Afrique, à commencer par le terrorisme et le trafic de drogues. La réunion d'Alger, à laquelle ont pris part les représentants de plus d'une quarantaine de pays africains et d'organisations régionales et internationales, a permis de mettre en place le cadre juridique nécessaire à Afripol pour entrer dans sa phase opérationnelle, prévue en 2016. Afin de donner corps à Afripol, qui ambitionne de se hisser rapidement au niveau des entités continentales et internationales déjà existantes à l'image d'Interpol, l'Algérie a offert à cette organisation un siège conforme aux normes internationales. Situé dans les hauteurs d'Alger (Ben-Aknoun), le siège d'Afripol a été inauguré dimanche en marge des travaux de la réunion, par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Nouredine Bedoui, en présence de l'ensemble des participants nationaux et étrangers. Le coût de réalisation du siège d'Afripol, qui s'étend sur une superficie de 1,4 hectare, est estimé à 4 millions de dollars. La structure compte notamment 28 bureaux et de deux grandes salles de réunion. Au cours des travaux de la réunion, M. Bedoui avait affirmé que l'Algérie, pays pionnier dans la lutte contre le terrorisme transnational, était déterminée à poursuivre son soutien à Afripol. Le ministre a réitéré la "ferme volonté" de l'Algérie d'œuvrer avec le concours des autres partenaires, à la promotion de l'organisation, et s'engage à partager son expérience dans le combat contre les menaces de la paix et de la sécurité. M. Bedoui a, toutefois, appelé à une coopération plus accrue entre les pays africains en matière de lutte contre le crime et de mener une action plus cohérente dans le domaine de lutte contre le terrorisme, devenu désormais un phénomène transnational. Pour sa part, le Commissaire à la paix et à la sécurité de l'Union africaine (UA), Smail Chergui, a affirmé que la création d'Afripol contribuera à asseoir dans le continent africain l'Etat de droit, soulignant la nécessité de l'appropriation de ce nouvel organe par les pays africains. Pour M. Chergui, l'Afrique est un lieu de transit de toutes sortes de drogues dures, provenant notamment des pays d'Amérique latine et d'Asie, mais également le canabis produit en Afrique, affirmant qu'Afripol permettra de lutter "efficacement" contre tous ces fléaux. De son côté, le co-président du Comité ad-hoc pour la création d'Afripol, l'ougandais Assan Kasangye, a indiqué que dans le passé chaque région faisait face "seule" au terrorisme et à toutes sortes de fléaux, souhaitant qu'Afripol permettra de réunifier les efforts pour mieux résoudre les problèmes sécuritaires africains. En exposant l'architecture d'Afripol, lors des travaux de la réunion, le directeur général de la Sûreté nationale et co-président du Comité Ad-hoc d'opérationnalisation du mécanisme, le général-major, Abdelghani Hamel a expliqué que cette organisation s'articulait autour de trois dimensions. Une première dimension décisionnelle, représentée par les directeurs et inspecteurs généraux, agissant en consultations régulières avec le Comité technique spécialisé sur la défense, la sûreté et la sécurité de l'Union africaine. Une seconde dimension exécutive représentée par les sous-régions de coopération policière africaine et le Département à la paix et à la sécurité de la Commission de l'Union africaine, fonctionnant dans le cadre d'un mandat d'une durée déterminée. La troisième et dernière dimension, relative à l'aspect opérationnel, se concrétise à travers l'émergence d'une entité permanente représentée par un secrétariat de l'Organisation africaine de coopération policière. La création d'Afripol ambitionne de parvenir à une vision globale permettant d'améliorer l'efficacité des services de police africains, à travers le renforcement des capacités organisationnelles, techniques et opérationnelles. La conférence d'Afripol avait débuté dimanche avec pour objectif principal d'entériner les textes juridiques relatifs au lancement de ce nouveau mécanisme de coopération policière africaine.
