La répression visant les militants de la contestation qui agite la ville de Jerada dans le nord du Maroc, alimente les tensions dans l'ancienne ville minière, théâtre d'accidents dramatiques ayant provoqué colère et émoi au sein de la population locale, déterminée désormais à poursuivre ses actions de protestations et une marche provinciale est prévue dimanche. Samedi, des centaines de personnes ont improvisé un sit-in devant le commissariat de police de Jerada réclamant la libération de l'une des figures centrales du Hirak, nom donné localement au mouvement de contestation, comme dans le Rif (nord). Vu par ses pairs comme "une figure centrale du mouvement", Mustapha Dainine, 27 ans a été arrêté alors qu'il appelait publiquement la population à se joindre à la marche "provinciale" prévue dimanche", indique Abdessamad Habbachi, représentant des comités locaux chargés des discussions avec les autorités. Les mesures restent "insatisfaisantes par rapport aux demandes explicitées dans notre cahier revendicatif", estime Abdessamad Habbachi. "Les contestations se poursuivront tant que des solutions urgentes ne seront pas formulées", avait prédit récemment Lakhdar Mahyaoui, représentant local d'Amnesty Maroc. Quelques milliers de personnes, selon les manifestants, investissent les rues de la ville chaque semaine en demandant des mesures économiques "concrètes". Dans le cadre de leurs manifestations pacifiques, les manifestants dénoncent l'"abandon" de leur ville, sinistrée depuis la fermeture de ses mines à la fin des années 1990. Des centaines de mineurs risquent quotidiennement leur vie dans la région pour extraire du charbon que revendent des notables locaux grâce à des permis d'exploitation. Chaque année, des hommes meurent en silence dans les mêmes conditions. Le Maroc a connu ces derniers mois deux autres mouvements de contestation sociale, dans le Rif (nord) après la mort tragique d'un marchand de poissons en octobre 2016 et dans le sud désertique après des coupures d'eau liées à la surexploitation agricole.