DAKHLA (Territoires sahraouis occupés)- Le choix de Dakhla, au Sahara occidental occupé, par un réalisateur américano-britannique pour le tournage de certaines scènes de son prochain film, a suscité une vague de condamnations, dénonçant des tentatives de "blanchir" l'occupation marocaine. Le ministère sahraoui de la Culture a condamné et rejeté le choix d'un territoire occupé pour une production cinématographique d'une telle ampleur, sans consultation ni coordination avec le Front Polisario, représentant légitime et internationalement reconnu du peuple sahraoui. Il a considéré cet acte comme "une dangereuse normalisation culturelle de l'occupation" et une "utilisation immorale de l'art et du cinéma pour +blanchir+ une colonisation imposée par la force". "Transformer Dakhla en un +plateau de tournage+ à des fins promotionnelles et touristiques constitue une tentative délibérée de falsifier et de déformer la réalité", a-t-il déploré dans un communiqué. Selon le ministère de la Culture, "cette pratique ignore les violations graves et systématiques des droits humains subies par la population sahraouie, ainsi que les atteintes continues à sa culture, à son identité et à ses droits fondamentaux". Le Collectif des défenseurs sahraouis des droits humains au Sahara occidental (CODESA) a estimé, de son côté, que le tournage du film dans les territoires sahraouis occupés "constitue une tentative lamentable de légitimer l'occupation marocaine du Sahara occidental". Le CODESA a indiqué, dans un communiqué, que la visite de ce réalisateur s'effectuait "sans tenir compte du statut juridique et international de la région, en tant que territoire sous occupation militaire marocaine". "Le choix des lieux de tournage dans les dunes de sable blanc de la ville occupée de Dakhla, une zone d'une importance culturelle et environnementale particulière pour le peuple sahraoui, constitue une violation flagrante du droit international humanitaire et reflète la tentative du Maroc de projeter une fausse image de +stabilité+ et de +prospérité+ dans une région souffrant de répression, de marginalisation et de graves violations des droits de l'homme", affirme le CODESA. Le collectif met en garde contre le "danger d'utiliser l'art pour +blanchir+ l'occupation et promouvoir des investissements illégaux dans les territoires occupés, ce qui contredit la décision juridique de l'ONU de 2002 confirmant l'illégalité de toute activité économique, culturelle ou commerciale au Sahara occidental sans le consentement explicite du peuple sahraoui et de son représentant légitime, le Front Polisario". Le Mécanisme de coordination des actions de protestation à Dakhla occupée, un groupe d'activistes locaux, a publié une déclaration ferme dénonçant la production du film comme un acte de normalisation culturelle qui soutient tacitement l'occupation continue du Sahara occidental par le Maroc. Pour ce mécanisme, "il ne s'agit pas d'un simple tournage, mais d'un acte politique qui contribue à effacer l'identité et la lutte du peuple sahraoui". "En filmant en territoire occupé sans le consentement du représentant internationalement reconnu du peuple sahraoui, le Front Polisario, cette production +légitime+ l'occupation et présente le territoire comme s'il était +intrinsèquement marocain+", a-t-on dénoncé. Soulignant que le Sahara occidental "n'est pas un décor de cinéma, mais un territoire colonisé qui lutte encore pour sa liberté et son indépendance", ce groupe d'activistes lance un appel "urgent" au réalisateur du film et à son équipe pour qu'ils "cessent immédiatement le tournage à Dakhla, en signe de respect du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination". Il appelle également les organisations internationales de défense des droits de l'homme, culturelles et artistiques à "s'opposer à cette forme de normalisation culturelle" et à "faire preuve de solidarité avec la cause sahraouie". Le Festival international du cinéma sahraoui (FiSahara) a aussi appelé le réalisateur du film à se conformer au droit international, réclamant l'arrêt immédiat du tournage. Rappelant que "le Sahara occidental n'appartient pas au Maroc", FiSahara relève que "Dakhla est le théâtre quotidien de violations des droits de l'homme contre le peuple sahraoui". Enfin, la journaliste Victoria G. Corera, de la Plateforme "N'oubliez pas le Sahara occidental", a regretté le silence du réalisateur et des acteurs du film face aux critiques, ce qui a "enflé l'indignation des militants".