Une troupe musicale a réussi, l'espace d'un concert et au grand bonheur du public du 4e festival international du Malouf de Constantine, à recréer la fusion culturelle arabo-espagnole, tant évoquée dans l'Histoire de l'Andalousie sous le règne musulman. Sous la conduite du maestro Omar Metioui, musicien et musicologue marocain bien connu et apprécié à Constantine, le concert a mis à contribution, mardi soir, la voix de l'artiste espagnole Begonia Olivida qui a interprété, sur des musiques et des airs typiquement andalous, des chansons en espagnol, ressemblant à s'y méprendre aux tonalités arabes. La chanteuse à la voix suave passait allègrement de l'espagnol à l'arabe, épousant les intonations et les déclinaisons des noubas andalouses, avec une admirable maitrise, en solo comme avec la chorale. Que ce soit lors d'une interprétation vocale ou en jouant d'un instrument, Begonia Olivida joue du Saltério, un dérivé du qanoun, elle était parfaitement intégrée aux autres éléments, tous marocains, de l'orchestre. Malgré une faible connaissance de la langue arabe, l'artiste espagnole a réussi à s'intégrer à la troupe marocaine au point de se confondre avec elle pour chanter un madih à la gloire du Prophète, entonné à la fin du concert et où Bégonia Olivida prononçait avec une grande aisance, chaque mot, chaque phrase ou couplet du texte. L'artiste a également interprété des "romances" espagnoles du 15e siècle, période très proche de l'époque arabo-musulmane en Andalousie, proximité spatio-temporelle qui se reflétait de belle manière dans ce patrimoine musical où la ressemblance de la "romance" chantée avec la musique patrimoniale andalouse était très frappante. Omar Metioui, de son côté, a donné lors de ce concert la pleine mesure de son talent de virtuose du luth, faisant faire à sa troupe un tour dans le patrimoine andalou du Maghreb, auquel il a su imprimer un souffle allègre et revigorant. Outre des morceaux plus ou moins familiers, puisés du patrimoine, il a également interprété des airs moins célèbres mais qui sont parvenus à séduire le public. Interrogé sur l'origine de ces musiques, le maestro a expliqué qu'il les a puisées dans le répertoire musical espagnol des siècles proches de l'époque durant laquelle le monde arabo-musulman rayonnait en Andalousie. Les instruments utilisés dans ce concert, y compris le qanoun et le "oud Erraml" ont également tous été construits selon les normes traditionnelles des anciens par le luthier espagnol Carlos Paniagua, époux de Begonia Olivida, également participant à ce concert pour parler de son expérience dans ce domaine.