La musique andalouse telle qu'elle est connue aujourd'hui est née quelque trois siècles après le célèbre musicien Zyriab, selon une étude du Dr. Abdellah Hammadi, professeur et chercheur à l'université de Constantine. Dans cette étude présentée en marge du 4ème festival international du Malouf de Constantine, cet universitaire a placé l'érudit et musicien Abou Bakr Ibn Baja, comme le véritable initiateur et maître de cette musique. Le conférencier s'est notamment basé, dans ses affirmations, sur les écrits d'Ahmed Al Tifachi, un érudit du 13ème siècle dont il a tenu à souligner l'origine algérienne, son nom provenant de Tifache, un village de la wilaya de Souk Ahras. Certes Zyriab a fait école en matière musicale, mais c'est pour avoir établi des règles à cet art et pour sa grande contribution à la diffusion à grande échelle de l'enseignement musical, dira en substance le Dr. Hammadi, relevant que la ''véritable révolution qui a donné naissance à la musique andalouse que nous connaissons aujourd'hui est survenue quelque trois siècles après ce mythique musicien''. Et c'est le grand érudit et musicien Abou Bakr Ibn Baja qui en était l'initiateur, dira-t-il, notant qu'Al Tifachi avait qualifié Zyriab de grand maitre de la musique andalouse réservant le qualificatif de ''maître suprême'' à Ibn Baja. Ce dernier, érudit dans bon nombre de sciences, était ''phénoménal'' dans la composition musicale qu'il a pu révolutionner en inventant des musiques qui convenaient au goût des andalous qui les ont appréciées et adoptées comme étant désormais ''leur musique'', a souligné le conférencier. Il a également tenu à relever le fait que cette musique est apparue sous le règne des berbères (les almoravides) qui se sont s'ouverts aux influences espagnoles et à la fusion avec les musiques chrétiennes de l'époque, qu'Ibn Baja, natif du nord de l'Andalousie, connaissait bien. Toutes sortes d'ouvertures en matière de musique comme dans le domaine poétique qui a avait vu apparaître, les mouachahhate, zedjels ainsi que d'autres genres considérés comme populaires à leurs époques, ont vu le jour sous le règne des dynasties berbères en Andalousie, relèvera le Dr. Hammadi. Selon cet universitaire, l'une des explications plausibles à l'émergence de ces fusions musicales et poétiques sous les règnes des dynasties berbères, serait l'origine non arabe de ces dynasties qui les a rendus ''décomplexés par rapport au patrimoine linguistique et musical arabe ancien''. Contrairement à leur prédécesseurs, les omeyyades et autres, qui étaient des arabes de souche, les berbères ne sentaient pas avec la même contrainte le poids de ces traditions ancestrales arabes, a dit le conférencier. avec cette tendance de revolutionner un patrimoine populaire ancestral et en faire une musique apréciée dans le monde entier, en l'ouvrant, notamment, à l'influence des musiques modernes.