Par El Yazid Dib/El Djazair.com /nous livrons ici l'interview accordée par le wali de Batna à El Djazair.com/ El Djazair.com : Monsieur le Wali, quel état faites-vous de la situation globale du développement local dans la wilaya ? Hocine Mazouz : Mon arrivée à la tête de cette glorieuse wilaya a coïncidé avec la fin du premier quinquennat où tous les projets ont été lancés et parfois réceptionnés et l'amorce du second. Je ne peux omettre de valoriser le grand travail accompli par mes prédécesseurs qui ont eu à jalonner la visibilité, chacun à sa période, Abdelkader Ouali pour sa conception pluridisciplinaire et Abdelkader Bouazgui pour le lancement des actions de tous les segments sectoriels. El Djazair.com : Il paraît que vous n'êtes pas un homme qui s'attarde sur l'état des lieux. Quand bien même, permettez-le Monsieur le Wali, dans quel état aviez-vous trouvé les lieux batnéens à votre arrivée ? Hocine Mazouz : l'état des lieux ne se fait pas à la demande. Il est là, debout, devant vous. A vous de le saisir pour qu'il soit un démarrage à un plan de consolidation, d'ajustement et de perfectionnement. Je privilégie la projection vers l'avenir sur la base d'une étude, d'une réalité, d'un visu et d'une écoute. Une étude polymorphe au sens pragmatique est une partie importante dans la phase de toute réalisation. Elle est certes un acte immatériel mais génératrice de bonne œuvre et de bon sens. L'approche à cet effet était donc de sérier les défis qui se pointaient à la finition du premier quinquennat. Le parachèvement des reliquats se devait de s'accomplir dans une harmonie favorisant la transition vers le pack que contient le second programme. L'exigence qui en est déduite devait nous amener à rendre efficacement opérationnel ce qui a été réalisé. Si l'on réalise, l'on doit entretenir et exploiter, autrement dit affecter une âme aux structures. Les programmes de développent sont justement destinés à être mis au profit des utilisateurs du service public. L'amélioration de la prestation de celui-ci devient une quête permanente et une mission pérenne. El Djazair.com : Qu'estimez-vous avoir entamé, lancé, réalisé ou en cours de l'être comme projets ou œuvres importants, voilà une année et demi ? Hocine Mazouz : L'urgence actionnelle était d'abord de mener à termes tous les projets qui demeuraient quelquefois en instance d'achèvement. Ceci n'allait qu'en réconfortant le citoyen dans son souci d'entamer la mise en exploitation effective des structures faites pour son compte. 3 400 logements entre autres actions d'affermissement, ont été distribués. Cependant le développement ne peut se constituer dans une démarche grégaire de matérialité. La consistance physique des programmes n'est pas une fin en soi. Ce sont le taux de couverture, la rationalisation du projet, la mise à profit au citoyen du bien-être social qui conditionnent l'utilité et la vocation finale d'une opération effectuée par l'effort national de l'Etat. Les chiffres montrent que de tout l'espace terrestre de la wilaya le chef-lieu se cantonne dans une portion de 0.96 % . Sur cette portion spatiale, 28 % de l'ensemble de la population y est fixée. On est dans une situation d'une ville macrocéphale. Ceci clarifie bien l'enjeu complexe de l'impératif de rééquilibrage du territoire. L'on s'y attelle par une politique dédiée au développement extra-muros des limites du chef-lieu. Ainsi l'on conçoit que l'avenir de Batna est dans ses démembrements territoriaux qui s'avèrent être les porteurs de toute la potentialité future liée à cette vocation agricole. Il exige, par ailleurs, la prise en compte dans la prospective de rendre la ville viable et répondre au désemparèrent du citoyen dans une gestion globale et intégrée. Les démolitions des constructions illicites, l'instauration de schémas d'organisation et de sectorisation en conformité au code communal ont fait que la gestion de la ville soit un outil d'urbanisme, un mode générateur de bien-être mais aussi un instrument de promotion de l'investissement. Par effet d'entraînement, l'Etat s'est engagé vers une perspective de fixation des populations rurales. Ainsi le lancement de 38 500 logements, une première, réserve une partie importante au tissu rural. Avoisinant les 50% du programme alloué, ces unités permettront à ce monde la bienséance et le confort mais également la production d'une plus value agro-économique. Ils feront office d'éléments de stabilité géoéconomique. Je vous dis que Batna est essentiellement une région agricole. L'agriculture est ici un titre national. C'est le secteur le plus prépondérant, car il forme un espace intersectoriel où plusieurs atouts viennent se conjuguer. Le sol, le réseau hydrographique, la ressource végétale et animale, l'arboriculture font de cette wilaya une icône conséquente dans le pays. Le passage ainsi d'une zone pastorale à une autre agro-pastorale la rend première en production d'œufs avec 15% de la production nationale et aussi première en termes d'emplois agricoles. Elle arrive à absorber plus de 33% de la main-d'œuvre locale. De par aussi sa production laitière, eu égard à la disponibilité de quatre bassins laitiers, Batna est en pole position dans le classement national. Pour ce qui est des actions lancées, il y a lieu de citer, entre autres, la trame des projets structurants. L'autoroute des hauts-plateaux traversera le territoire de la wilaya sur une distance de 200 km. Il va sans dire que cette ouverture est source énergique pour propulser l'investissement vers de nouveaux panneaux. Les cinq zones industrielles normalisées et le transfert hydraulique du barrage de Beni Haroun vers Koudiat Mdaouer avec 191 millions de m2, une espèce de barrage réservoir vont dans la même trajectoire d'avoir un impact remarqué sur le développement local. Ainsi dans sa globalité, la wilaya, dans le cadre du second plan 2010-2014, a lancé 158 projets hors habitats et agriculture. Ceci représente un accroissement de 50% par rapport au premier programme. Ainsi en sus de ceux cités, il est prévu la construction de 13 lycées, 3 CEM et 16 infrastructures scolaires de base. La pression sur le secondaire, m'avait démontré une déduction d'audit, serait forte et se poserait avec acuité à cette échéance, d'où l'inscription de ces opérations, avec l'insistance sur la redécouverte des avantages de l'internat et leur mise en exploitation. Les frais du transport, grandement budgétivores, ont été ainsi largement réduits. L'année passée, une fois ces espaces d'hébergement scolaires rouverts, la wilaya a vu son taux de réussite grimper à 82% parmi les élèves en régime d'internat. La formation professionnelle a pris plus de 67% de la masse de la déperdition scolaire. A propos justement de cette formation professionnelle, la tendance cette année a été réorientée vers l'approfondissement des professions agricoles et les débouchés du bâtiment. Dans leurs multiples facettes pédagogiques, nous allons dans le cœur de ces métiers, revus, réadaptés et modernisés. El Djazair.com : un mot sur l'investissement, Monsieur le Wali ? Hocine Mazouz : L'investissement financé sur la dépense publique ne suffit plus, il faudrait repenser pour mieux relancer le créneau. Creuser d'autres pistes. Quand vous avez 46% du commerce qui s'exerce dans le chef-lieu de la wilaya, vous pouvez aisément situer vos atouts et vos exigences. Avec un taux de plus 16 % de croissance de l'économie agricole, il est facile de pouvoir tracer dans la flexibilité des délais un avenir radieux pour cette wilaya. Il suffit de bien voir, savoir écouter et être attentif aux préoccupations citoyennes pour que toute action entreprise par les pouvoirs publics puisse connaitre un heureux aboutissement. El Djazair.com : Et sur les prochaines élections ? Hocine Mazouz : Allez voter. Faites votre devoir de citoyen. C'est un appel que je lance à toute la population. El Djazair.com : En guise de conclusion, que dites-vous, Monsieur le wali ? Hocine Mazouz : Je ne peux encore omettre de dire que c'est pour moi un honneur d'être le chef de l'exécutif dans cette wilaya de moudjahidines. Les Aurès, comme le Djurdjura (il était wali de Tizi Ouzou) ont consolidé davantage en moi ce sentiment de fierté d'être algérien. La terre qui a vu Ben Boulaid, El Hadj-Lakhdar et autres, la région de qui est parti le 1er Novembre, mérite toute mon abnégation.