Achira Mammeri /tsa/ Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme, a qualifié samedi de « conduite mafieuse » le marchandage de voix des élus aux APC. Cette pratique est une « conduite mafieuse, hautement immorale, qui va à l'encontre de la Constitution et de la loi électorale », a déclaré Me Ksentini à TSA, en assimilant le marchandage des voix à « une fraude à peine déguisée ». « Je dirai même que c'est une fraude à ciel ouvert et que cela exacerbe la population », juge‐t‐il. « La fraude ne consiste pas uniquement à subtiliser des bulletins de vote. L'utilisation de l'argent pour acheter des alliances afin de gagner des postes auxquels ils n'auraient pas accédé par voie réglementaire est interdite par la loi électorale », explique‐t‐il. L'argent sale conduit à une politique avariée, selon Me Ksentini qui s'interroge sur la position des chefs de parti : « C'est d'autant plus regrettable si les chefs de parti sont au courant de ce marchandage et qu'ils le cautionnent ». Me Ksentini reconnaît que l'échiquier politique en Algérie est entré dans une nouvelle ère, guidée par « la morale de l'argent ». « C'est une ère détestable, absolument inadmissible », dénonce‐t‐il. « L'Algérie mérite beaucoup mieux que ce marchandage », poursuit‐il. Plusieurs partis politiques, comme le Parti des travailleurs (PT) ou l'Alliance de l'Algérie verte (AAV), ont fait état de tentatives d'achat des voix de leurs élus locaux, auxquels ont été proposées des sommes faramineuses. Mais à ce jour, aucun parti n'a officiellement saisi la justice sur cette affaire. Me Ksentini appelle les partis politiques à agir au lieu de se contenter de dénoncer le marchandage des sièges des élus aux collectivités locales. « Il ne suffit pas simplement de parler. Il faut concrétiser les choses et déposer des plaintes au niveau de la justice », estime Me Ksentini. « L'institution judiciaire est appelée à jouer son rôle pour empêcher et réprimer de tels agissements qui sont, à mon sens, scandaleux et antidémocratiques», ajoute‐t‐il.