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Les problèmes de logistiques à la veille du 1er novembre : Le FLN entre l'audace et la témérité
Publié dans El Watan le 12 - 08 - 2008

On dit, on lit tout aussi souvent, que la décision du déclenchement de la lutte armée fixée pour premier novembre 1954, était un pari qui a conjugué audace et témérité et que la mission que s'étaient impartie ses initiateurs relevait de l'impossible. Cela n'est pas si exagéré qu'on pourrait le penser, quand on examine l'état des forces en présence à cette époque et la préparation rudimentaire des précurseurs de cette histoire formidable.
Il y avait certes une supériorité démographique des Algériens par rapport aux Européens. Mais elle n'était que numérique et leur misère compensait grandement le handicap de l'occupant. Et même si cela avait constitué une quelconque supériorité, elle ne se limitait qu'au territoire algérien, parce qu'il fallait compter avec les 45 millions de métropolitains, a priori dans leur totalité, alliés potentiels du colonialisme. Mais la guerre n'est pas affaire de statistiques ni de pyramides sociologiques, et dès lors que la parole avait été donnée à la poudre, seuls les canons avaient voix au chapitre. Armes de poing, d'épaule, attirail de mort tracté, aéroporté, ou embarqué, le matériel de guerre détermine l'issue des conflits dont la durée est, d'une façon générale, inversement proportionnelle aux moyens financiers qu'on lui consacre.
Et question finances, en 1954, la révolution était aussi démunie que ceux qui avaient pris la responsabilité historique de l'allumer. Dans un post-scriptum, émouvant, d'une lettre datée de Berne le 29 octobre 1954, deux jours avant l'heure H, Mohamed Boudiaf qui signait du pseudonyme « Tebbib », écrivait à ses camarades de la délégation extérieure au Caire : « Si vous voyez que la demande de visa demande plus de temps, ne manquez pas, dans la mesure de vos possibilités, de m'envoyer quelques fonds pour subsister. Ma place est payée, ce qu'il me faut c'est surtout des frais de séjour. Les amis m'ont donné au départ 100 000f . - (ndlr, centimes anciens avant le franc lourd.) - ce qui fait juste le voyage d'Alger au Caire avec 100.000 F. en poche et je suis à Berne depuis mercredi. Pensez-y un peu je vous prie. » (1)Pauvres comme Job, à l'image de l'écrasante majorité du peuple algérien, les premiers responsables du FLN étaient néanmoins conscients que le combat qu'ils engageaient avait ceci de particulier que son couronnement ne dépendait pas exclusivement de l'importance de la trésorerie ou des arsenaux. La conflagration qui allait se déchaîner était plutôt multiforme et conforme « aux principes révolutionnaires et compte tenu des situations intérieures et extérieures, » elle exigeait « la continuation de la lutte par tous les moyens jusqu'à la réalisation » du but qu'ils se sont assigné (2).
Par conséquent les problèmes d'argent et d'équipements allaient certes se poser mais les artisans de l'embrasement étaient persuadés qu'une fois le mouvement amorcé, le reste allait automatiquement suivre et que les difficultés n'étaient pas insurmontables. Plus prosaïquement, ils avaient engrené, il restait à moudre et cette tâche allait être celle de tout le peuple. Le général Vô Nguyên Giap, brillant stratège vietnamien et expert en logistique, entré vivant dans la légende, après la bataille de Diên Biên Phû (13 mars au 7 mai 1954), résumait la guerre révolutionnaire de libération nationale comme un faisceau. Celui-ci, disait-il en substance, coalise l'action militaire, l'engagement politique et l'habileté diplomatique. Une stratégie d'ensemble, dans laquelle l'action armée n'est qu'une des composantes qui doit nécessairement être assortie de tout un travail de mobilisation des potentialités intérieures et extérieures et la réunion des conditions favorables à l'évolution positive du processus révolutionnaire. L'explosion du 1er novembre, malgré l'extrême modestie de sa puissance de feu réelle, s'est voulue à dessein spectaculaire et tapageuse, par les objectifs visés, les choix symboliques de la date et de l'heure et la simultanéité des opérations. Il fallait frapper les esprits et surtout insister sur le caractère national de l'entreprise. Pour la première fois depuis la fin de la résistance de l'Emir Abdelkader (décembre 1847), les Algériens, au même moment et sur tout leur territoire tenaient le même langage : l'indépendance et parlaient d'une même voix, le baroud.
L'étonnement de tous les responsables que comptait l'administration coloniale, fut à la mesure de la portée de l'événement. Alertés un peu après minuit, les policiers, les magistrats, et les politiques, tous réunis jusqu'au petit matin, dans le bureau du gouverneur général, Roger Léonard, en étaient à se demander s'il fallait oui ou non réveiller de son sommeil « Paris », ou plus précisément le ministre de l'Intérieur, François Mitterrand, - encore lui - au risque de se couvrir de ridicule si d'aventure, toute cette agitation nocturne n'était pas encore due à une poussée de « fièvre tribale ». Il est vrai que depuis la révolte des Béni Chougrane (5 octobre 1914) dans la région de Mascara, et l'attaque du bordj de Mac Mahon (aujourd'hui Aïn Touta) dans les Aurès (10 novembre 1916), pour des raisons de conscription obligatoire, l'Algérie était considérée par la presse française comme une « Oasis de Paris », dixit Boudiaf (3). Et de toutes les façons, se répétaient à l'envi, les galetteux du système, depuis le bain de sang de mai 1945 :« Nous en avons pour dix ans ! »
Justement… Coïncidence de calendrier ? Ils auraient été bien inspirés de l'inscrire sur leur guide-âne, puisque la réalité est venue brutalement toquer à leur mémoire pour leur rappeler que la « parenthèse enchantée » qu'ils avaient ouverte à Sétif, Guelma et Kherrata, venait de se fermer. Les toutes premières opérations de commandos étaient destinées à être vues et entendues en Algérie, par les Algériens, par les colonisateurs, mais aussi à l'étranger puisque le soin a été pris de faire lire par la radio égyptienne la proclamation du 1er novembre. Le Front de libération nationale promulguait en Algérie et dans le monde son acte de naissance. Jean Vaujour, directeur de la sûreté a passé la nuit à tourner et retourner une espèce de boîte de lait en conserve, bourrée de chlorate de potassium, surmontée d'un bickford, une bombe artisanale tout à fait inoffensive, que lui avait rapportée un commissaire venu tout spécialement d'Oran. « On ne peut pas faire une révolution et renverser l'ordre constitué depuis des décennies, avec un cylindre en fer blanc » devait-il se dire. Mais dès potron-minet, à l'heure « légale » des perquisitions, il lance sa police en chasse contre le PPA-MTLD.
C'est l'opération « Oranges amères ». 350 animateurs du parti nationaliste en crise, tout à fait étrangers au formidable coup de grisou de la nuit précédente, seront incarcérés dès le 1er novembre (4). Jusque-là, le colonisateur étendait son pouvoir d'airain sur un pays aussi vaste que cinq fois « la mère patrie » et strangulait jusqu'à l'asphyxie, huit millions d'Algériens, avec un effectif permanent moyen de seulement 2 500 gendarmes. Mais pour réduite qu'elle fut, cette force était dépositaire de la terreur incrustée dans la mémoire collective, fertilisée au fil des jours et des ans par une répression impitoyable, rarement égalée dans l'histoire coloniale. Mais on verra bientôt ce système tyrannique, contraint de mobiliser près d'un million d'hommes civils et militaires toutes armes confondues, dotée d'un équipement ultra sophistiqué, pour faire taire le fusil de chasse qui le menaçait. Car tout est parti de ce coup fusil de chasse tiré par un fellaga. Quand les premières salves ont rompu le silence remettant en question un ordre établi depuis la fin de la conquête, plus d'un siècle auparavant, la peur, si elle n'avait pas encore changé de camp, allait désormais être partagée par tous. Il est vrai que face aux armes dont disposait la puissance coloniale, il n'y avait pas photo. Mais le fait de voir un canon pointé sur lui, lui qui s'était toujours situé du côté de la crosse, lui le maître, le colonisateur, perdait soudainement de sa morgue et découvrait avec effroi son nouveau statut de papegai, autrement dit de cible.
La légalité qu'il s'était ingénié à construire pour assurer sa sécurité physique et matérielle venait de voler en éclats d'un coup de fusil. Durant toute la guerre il invoquera cette prétendue légalité, dispositif prétendument juridique mis en place tout au long de la colonisation, qui lui a servi à spolier un pays et son peuple, pour justifier tous les dépassements imaginables et même ceux qu'on n'oserait même pas se figurer. Les expéditions punitives, la responsabilité collective, les tueries, la destruction des villages, les camps de concentration, le napalm, la torture, tout était permis à partir du moment où il s'agissait d'une « affaire intérieure », donc, expliquaient-ils, de mater une rébellion, afin de restaurer l'ordre (colonial), considéré depuis la conquête, comme naturel. Une légalité que violaient les insurgés « de la Toussaint rouge ». Ils ne parlaient d'ailleurs pas de la date qui marquait le début de la guerre mais de la profanation par le sang, de la fête de la Toussaint qui honore tous les « saints de la sainterie », à ne pas confondre avec le jour des morts qui est célébré le lendemain. On n'a pas affaire à de simples hors-la-loi, mais à des blasphémateurs. Ces impies ne pouvaient être inspirés que par les communistes du bloc de l'Est ou encore les fanatiques sarrazins du Levant. Mais ce que le colonialisme n'avait pas compris ou alors feignait de ne pas comprendre, c'est que la proclamation du 1er novembre signée par le FLN-ALN, n'était pas une déclaration de guerre. Loin s'en faut. Il s'agissait d'un double appel à l'adresse de la France et du peuple algérien.
La nouvelle organisation qui se proposait de guider les colonisés vers le recouvrement de leur souveraineté perdue, n'avait pas menacé la France de mille foudres, elle n'en avait pas les moyens et ce n'était pas l'objet de son combat. Il ne s'agissait pas d'une guerre mais d'une revendication appuyée par les armes. Celles-ci n'étaient qu'un aspect des moyens à mettre en œuvre. La déclaration en question se voulait une preuve du « désir réel de paix » de ses auteurs et pour « limiter les pertes en vies humaines et les effusion de sang [nous avançons] une plateforme honorable de discussions aux autorités françaises si ces dernières sont animées de bonne foi et reconnaissent une fois pour toutes aux peuples qu'elles subjuguent le droit de disposer d'eux-mêmes »(5). Quelle a été la réponse des autorités coloniales ? François Mitterrand, pour le citer encore, ne déclarait-il pas le 7 novembre que « la seule négociation c'est la guerre ! » Alors il a fait la guerre ! Quand on dit « il », en fait, c'est « ils », avec un « s », car de la droite à la gauche quelque fut la position du rhéostat politique, tout le monde était d'accord pour casser de l'Algérien. Exception faite, toutefois, de quelques intellectuels, et c'est tout à leur honneur, eux qui ont voulu sauver celui de la France, en mettant en garde le pays et son peuple, contre une aventure déraisonnable aux conséquences désastreuses. Mais qui donc écoute les poètes lorsque roulent les tambours et que sonne le clairon ? C'est donc la réponse d'une violence extrême du colonisateur qui a crée l'état de guerre. Jamais les responsables de l'ALN ne se sont bercés de l'illusion de vaincre la quatrième puissance mondiale même si celle-ci avait été particulièrement douchée par la déconfiture de l'automne 39 face aux nazis sur la « Ligne bleue des Vosges » et celle du printemps 54 face aux bodoïs de Ho Chi Minh dans les rizières d'Indochine.
Dans aucun discours, ni texte, l'armée de libération n'a ambitionné de prendre les villes militairement les unes après les autres, jusqu' à la chute d'Alger. Pourtant son succès allait être total, puisque cette révolution s'engageait à renverser le régime colonial et rendre sa liberté et ses droits au peuple qui en a été dépouillé. Ce qui fut fait. Hormis sa conviction et sa foi de charbonnier en la justesse de son bon droit, le djoundi du 1er novembre ne disposait pas d'un barda où il trouverait une brosse à dent. Dans le mailleur des cas, il pouvait prétendre, (quoique rarement au début) à un fusil de chasse, ou mieux, à une arme italienne de la Seconde Guerre mondiale, un fusil ou une mitraillette de marque Statti, qui partait à la moindre vibration, mettant en danger son porteur et tout son entourage. Dans la poche, quelques cartouches, un morceau de galette d'orge, un oignon ou une poignée de figues, quand la fortune souriait.
Si le passage à l'action armée a toujours été le second terme, pas toujours claironné, de l'alternative, pour les organisations du mouvement national, particulièrement la branche issue de l'Etoile nord-africaine (ENA), elles n'en auront pas pour autant procédé, à un moment ou à un autre, à des préparatifs martiaux au point de constituer des stocks d'armes pour aborder concrètement cette éventualité.Les premières acquisitions ont été effectuées en 1947, c'est-à-dire à l'époque de la création de l'OS. Selon Ben Youcef Ben Khedda, « Belouizdad fut à l'origine du premier contingent d'armes en Algérie » (6). D'après le deuxième président du GPRA (27 août 1961-août 1962), le chef de l'OS, avait négocié un premier lot constitué de 103 fusils de guerre de marque Statti et 4 caisses de munitions. Ce contingent, rapporte dans le détail Ben Khedda dans son ouvrage cité en note, a été acheté en 1947 par un membre du PPA-MTLD qui s'était rendu en Libye, , pour se les procurer, d'où l'origine italienne des fournitures. Le tout fut acheminé à dos de chameau (une demi-douzaine) d'Oued-Souf jusqu'à Zribet Hamed, une localité située entre Biskra et Sidi Okba, sur les contreforts du massif de l'Aurès. Ben Khedda précise que « ce fut Mostefa Ben Boulaïd lui-même, accompagné de deux militants, qui vint les chercher à Zribet-Hamed et les transporta jusqu'aux Aurès où elles serviront plus tard au déclanchement du 1er novembre 1954.
Cette opération s'est déroulée en 1948-49 » (7). Un second, puis un troisième lot furent livrés et ont été répartis par des responsables de l'OS « entre Annaba, Skikda, Condé Smendou, Sétif et Constantine. Elles serviront à l'exercice et aux essais de tirs aux membres de l'OS, et plus tard aux opérations du 1er novembre 1954… » Selon certaines sources reprises délicatement par les historiens, des armes ont été parachutées dans la région des Aurès par les Allemands durant les grandes batailles qui se sont déroulées dans le désert libyen et la Tunisie afin d'encourager un soulèvement dans l'Est algérien contre les Français. Les stratèges de la Wehrmacht ont eu tout faux puisque selon les mêmes sources, les armes ont été certes récupérées, mais elles ont été enfouies et ont servi pour le déclenchement de novembre 1954. Peu de précisions sur la nature des armes et les quantités sont disponibles dans les documentations. A propos de l'armement, Mohamed Harbi relève que « le PPA avait raté la seule période où il aurait pu constituer aux moindres frais des stocks d'armes importants : la Seconde Guerre mondiale » (8). Il abonde en outre dans le sens de Ben Khedda et situe, lui aussi, à 1947 l'inscription à l'ordre du jour de la question de l'armement avec la création de l'OS. Tant et si bien qu'au déclenchement il fallait compter sur les maigres dépôts d'armes provenant des caches de l'Organisation spéciale qui ont échappé aux perquisitions des autorités coloniales.
L'historien rapporte en outre que « l'Etat égyptien, informé des projets des Algériens, attendait de les voir à l'œuvre. Au 1er novembre, les commandos de l'ALN disposaient de 400 armes », écrit-il. On cherche en vain à renforcer ce potentiel en procédant à la mise au point de bombes de fabrication artisanale. A cet égard, les cadres expérimentés manquent. Il y a eu un stage de 24 heures à Crescia (Khraïcia), (Voir El Watan du 30 juillet 2008. p. 5.), chez Kaddour Touil, animé par Ben Boulaïd. S'y rendent Boussouf, Benabdelmalek, Ben Alla, Bouadjadj, Merzougui, Didouche, Bitat et Souidani (9). Il n'existe pas d'informations chiffrées concernant le nombre et la qualité des armes dont disposait l'ALN. Mais elles ne pouvaient qu'être celles qui étaient récupérées lors d'embuscades contre l'armée d'occupation ou alors celles que rapportaient avec eux les rares déserteurs de l'armée coloniale. « En juin 1956, écrit l'historien allemand Hartmut Elsenhans, seul un tiers des 11 000 soldats (réguliers) de l'ALN étaient armés d'armes de guerre. Le premier novembre 1954, 140 000 armes de chasse étaient déclarées auprès des autorités en Algérie, mais d'après les autorités françaises, ces chiffres n'en concernaient que 50 pour cent. D'après les estimations des autorités françaises, 100 000 fusils de chasse se trouvaient entre les mains de la guérilla ? » (10).
Si l'on en juge par la correspondance entre Alger et Le Caire entre 1954 et 1956, mise à la disposition du grand public, par Mabrouk Belhocine, directeur de l'armement du FLN, de juin 1958 à décembre 1959, dont le livre référence est cité en note, les apports extérieurs étaient plutôt médiocres. En effet, la question de l'envoi d'armes est récurrente et on y lit des lettres dures de la part de Abane Ramdane adressées aux membres de la délégation extérieure, leur reprochant leur peu d'ardeur à s'occuper de la fourniture en armes En 1957, de 700 à 800 armes modernes seraient livrées en Algérie chaque mois », note Hartmut Elsenhans, qui déplore également l'inexistence de chiffres sur l'ampleur des livraisons en ce qui concerne les années antérieures à 1956. Elsenhans, indique néanmoins que « l'ALN a connu un succès important dans le domaine…dès avant cette date. Il cite à ce propos, se référant à au bulletin Débats de l'Assemblée nationale française, le fait que l'ALN disposait dès le milieu de 1956 d'une défense anti-aérienne propre qui en 1957 pouvait frapper en moyenne 50 fois par mois et dès février 1958 plus de 100 fois »(11).
Notes
1 - Mabrouk Belhocine. Le courrier Alger-Le Caire 1954-1956. Casbah Editions. Alger-2000.p.77.
2 - Proclamation du 1er novembre 1954.
3 - Haya Djelloul. Evian 62. Le dernier combat. Casbah Editions. Alger-2008.
4 - Robert Barrat. Les maquis de la liberté. ENAP. Alger-1987.
5 - Proclamation. Op.cit.
6 - Benyoucef Ben Khedda. Les origines du 1er novembre 1954. Ed. Dahlab. Alger-1989. pp.131-133.
7 - Id.
8 - Mohamed Harbi. 1954, la guerre commence en Algérie. Ed. Barzakh. Alger-2005. p.68.
9 - Id.
10 - Hartmut Elsenhans. La guerre d'Algérie 1954-1962. La transition d'une France à une autre. Ed. Publisud. Paris-1999. p.434.
11 - Id. p.436.
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