L'unité de Ouled Rahmoune, dite « carrière géante » de l'entreprise nationale des granulats (ENG), est à l'arrêt depuis plus d'une semaine, et ses 300 travailleurs, toujours dans l'expectative, sont en colère, n'épargnant d'ailleurs aucun mouvement de protestation. En effet, le 4 août dernier, les activités de l'unité de Ouled Rahmoune ont été gelées par le biais d'un huissier de justice, et ce en présence de la force publique, en application « d'un jugement rendu en référé par la cour de Constantine le 26 juillet 2004 ». Ce jugement a été prononcé en faveur d'un propriétaire qui, souligne Abdelwahab Zehri, directeur intérimaire des Domaines, « a pris possession de 44 ha sur les 138 sur lesquels est érigée l'entreprise après désistement d'autres propriétaires à qui appartenait ce lot avant sa nationalisation en 1971 ». Selon notre interlocuteur, la direction des Domaines est désormais engagée dans ce litige, étant donné que le terrain, objet du contentieux, a été nationalisé. On saura aussi que cette affaire a été traitée en référé au cours de la semaine passée par cette même direction, qui a demandé la révision du jugement. La 1ere séance, dira Abdelwahab Zehri, se tiendra le 25 août prochain. Elle sera également traitée au niveau de la Chambre administrative du tribunal de Constantine, où ces mêmes responsables ont demandé l'annulation des livrets fonciers, lesquels auraient été établis par erreur. En tout état de cause, notre interlocuteur nous fera savoir que si la justice tranche en faveur de la direction des Domaines, qui détient des arguments irréfutables, selon lui, la commission de wilaya chargée de la restitution des terres, entreprendra aussitôt sa mission. Contacté, Toufik Benchaoui, directeur de l'ENG, souligne que la tension commence à monter chez les travailleurs, déclarant qu'il ne pourrait pas, en cas de situation explosive, contenir leur colère. Ces derniers, quant à eux, ayant adressé une lettre aux différentes instances, entre autres le ministère de la Justice, le chef du gouvernement et le PDG de l'ENG, demandent la suspension de la décision de justice en attendant, lit-on dans leur correspondance, « les conclusions auxquelles aboutira l'expertise sommée par la Chambre du foncier, de la cour de Constantine, dans le cadre de cette même affaire, le 13 janvier 2008 ». Quel sera le sort de l'unité de production de granulats et de carbonate de calcium de Ouled Rahmoune, connue notamment sous le nom de « carrière géante », compte tenu de sa capacité de production, existant depuis 1975 ? Son arrêt signifie que toute l'économie locale connaîtra des perturbations, essentiellement le risque de voir les plus grands chantiers de l'Est en rupture de matériaux. On peut citer, à titre d'exemple, l'entreprise du bâtiment, des travaux publics et de l'hydraulique (BTPH) qui sera en manque en matière d'approvisionnement en agrégats et sable. Cette unité, unique en son genre en Algérie, alimente les stations de dessalement d'eau de mer en carbonate de calcium, à l'image de celles d'El Hamma et de Arzew.
