C'est désormais une tautologie de dire qu'avec le Ramadhan, les prix des denrées alimentaires se font des ailes. Autre truisme : les commerçants se frottent les mains et les ménages crient au scandale. Il en a toujours été ainsi et il en sera sûrement de même demain et tous les Ramadhan à venir, même si tout le monde sait que c'est un mois sacré, de solidarité et d'entraide, et qu'il le dit et le répète. Chaque année à pareille période, la mercuriale semble ou est inatteignable et les médias, tous genres confondus, en font des plats. Pourquoi indubitablement les prix augmentent-ils pendant le Ramadhan ? Très simple, selon certains commerçants en connaissance de cause et plus francs, ils travaillent, même avec ces prix pratiqués, mieux durant ce mois que le reste de l'année, leurs recettes équivalent celles des onze autres mois réunis. Beaucoup de commerçants ne le cachent pas et même certains l'avouent. D'autant plus que les produits proposés s'écoulent facilement. Si bien que des apprentis vendeurs pullulent en ce mois. Tout se vend, tout s'achète ou plutôt on achète tout. C'est que pendant ce mois les souks et les marchés deviennent des Mecques à visiter ; c'est qu'on n'a pas d'yeux, on en a d'autres, ceux du ventre, qui eux ramassent tout. L'attente de la rupture du jeûne vide les poches. Et là, l'on dépense non pas pour consommer, mais pour dépenser. A voir, à l'approche de ce mois déjà, beaucoup de gens, l'air éperdu, stocker certains produits, on croirait qu'ils seraient au fait d'une éventuelle pénurie. Déjà, dans certaines régions, l'on commence par renouveler la vaisselle ; cela augure, dit-on, de la corne d'abondance, de fortune. Puis vient la « lessive » quotidienne durant tout un mois. Et cela aiguise l'appétit ou augmente d'un cran la « cruauté » des commerçants. Cependant, d'un autre côté, on cautionne, on ne boycotte pas et on geint. Pourtant, à l'impossible nul n'est tenu, n'est-ce pas ? Et chacun peut pratiquer les moyens de son Ramadhan. Ce dernier passera sans nul doute avec ou sans viande dans sa chorba. Les agents du commerce, ceux de la lutte contre la fraude, auront, comme d'habitude, bien travaillé, les abattoirs clandestins auront été sûrement débusqués, les fraudeurs verbalisés, etc. et si, quelque part, on aura été dupé, ayant bouffé de la viande asine, on finira par oublier. Cependant, une seule chose travaillera beaucoup de consciences : a-t-on vraiment jeté un regard du côté des gens pauvres ? Et le fameux couffin, est-il arrivé à destination ?