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« Les spéculateurs de Wall Street ont réussi ce qu'Al Qaïda n'a pu faire le 11 septembre »
Lachemi Siagh (Expert international en finances)
Publié dans El Watan le 05 - 10 - 2008

Aux Etats-Unis, les premiers effets de la crise se sont traduits d'ores et déjà par la perte de milliers d'emplois, la mise en faillite de nombreuses banques, un alourdissement du poids de la dette, etc. En Europe, est convoqué en toute urgence un minisommet en vue de se pencher sur l'état de son système financier et de prévenir les risques encourus. Et l'Algérie dans tout cela ? Interviewé, Lachemi Siagh, expert international en finances, considère que « si la crise est mal gérée, il ne faudra pas s'étonner que le prix du pétrole descende sous les 50 dollars. Ceci aura plusieurs implications, dont la révision du programme d'investissement à la baisse, la diminution des montants du fonds de régulation avec la baisse de la fiscalité pétrolière, un recul dans l'accumulation des réserves de change, un tarissement de l'investissement direct étranger, car les investisseurs pensent surtout à leur survie et à consolider leurs positions chez eux ». Rien que cela !
La crise financière internationale n'a pas fini de livrer ses secrets. Son ampleur évoque partout chez les pessimistes comme chez les optimistes la crise de 1929. Le désastre est-il aussi important ?
Le désastre est très important. Les 700 milliards de dollars de sauvetage dont on parle ne suffiront pas à stopper le désastre. Il faudra peut-être 2000 milliards de dollars et du temps. La crise des subprimes ne représente que la face visible de l'iceberg. Aujourd'hui, la crise qui frappe la sphère financière à Wall Street va se propager à la sphère réelle. C'est à ce moment-là que l'on verra les licenciements massifs, les faillites en chaîne, les suicides, etc. Qu'arrive-t-il à Wall Street ? Depuis dix ans, le jeu combiné de la dérégulation et le manque de pouvoir de supervision des régulateurs a permis aux grands groupes financiers de pousser l'ingénierie financière aux limites les plus folles pour développer de nouveaux produits financiers très complexes et souvent risqués pour que l'investisseur moyen les comprenne et qui génèrent de hauts rendements aux banquiers. Les maisons de notation comme standards & Poors, Moodies et Fitsch Ibcca ont joué un rôle non négligeable en octroyant des notes élevées (investment grade) à ces actifs structurés par les grandes banques pour être vendus aux investisseurs à travers le monde. L' afflux de fonds étrangers venus se placer à la Bourse américaine a vu les actifs des entreprises cotées gonfler démesurément. Le problème est d'autant plus énorme que le gouvernement américain est surendetté et les ménages ont une épargne égale à zéro depuis plusieurs années, ayant investi toutes leurs économies ainsi que l'argent de leur retraite dans la Bourse et l'immobilier. Ceux qui se sont opposés au plan de sauvetage de 700 milliards de dollars du gouvernement américain disent que ce montant monumental ne résoudra pas une crise systématique et ne fera que maintenir momentanément les actifs à un niveau élevé.
Que faut-il comprendre ?
En fait, ils ne veulent pas que les 700 milliards de dollars aillent récompenser les banquiers sans scrupules de Wall Street qui ont causé la catastrophe, mais plutôt aider les ménages menacés d'expulsion de garder leurs maisons, leurs prêts voitures, leurs prêts universitaires, etc. Au cours des dix dernières années, les banquiers de Wall Street ont reçu 90 milliards de dollars en salaires, bonus et parachutes dorés. La prestigieuse banque d'affaires Goldman Sacks que l'on appelle avec humour « Goldmine Sacks » est l'exemple par excellence de cette exubérance. Le président de cette institution a reçu l'an dernier un salaire annuel de 75 millions de dollars. La moyenne des salaires des 30500 employés, dont les secrétaires, était de 600 000 dollars par année. Qu'arrivera-t-il à la sphère réelle ? Bien que l'on n'ait pas atteint les niveaux de chômage de la grande dépression, l'économie américaine a déjà perdu 600 000 emplois cette année. Le processus va s'accélérer lorsqu'on sait que les grandes entreprises comme General Motors, Chrysler, etc. n'arrivent plus à mobiliser les crédits d'exploitation pour continuer de fonctionner. De ce fait, dit-on, le sort de l'élection présidentielle se jouera au Michigan où se trouvent ces sociétés et où le chômage a atteint plus de 12%. La crise des liquidités fait que les banques ne se font plus confiance et ne se prêtent plus entre elles. Le crédit aux petites et moyennes entreprises ainsi qu'aux particuliers est en train de se tarir. L'immobilier déjà frappé par les subprimes et avec une offre largement supérieure à la demande, les prix des maisons sont en chute libre. Les municipalités qui vivent des taxes d'habitation vont voir leur budget réduit de moitié. D'aucuns disent que ce qu'Al Qaïda n'a pas réussi à faire le 11 septembre 2001, à savoir mettre à terre l'économie américaine, les banquiers spéculateurs de Wall Street l'ont fait le 15 septembre 2008
A Alger, l'on semble pourtant afficher une sérénité déconcertante. Faut-il déduire que notre économie est aussi indemne qu'imperméable aux perturbations extérieures du fait qu'elle est faiblement intégrée à l'économie mondiale ?
Le fait que nous n'ayons pas un marché financier moderne avec une Bourse développée et que nous ayons un système bancaire peu développé, moderne et parfaitement intégré à l'économie mondiale n'est pas une raison pour s'en réjouir. Les effets induits de la crise sont aussi importants que les effets directs. La crise va générer un ralentissement généralisé de l'économie mondiale, par conséquent, une baisse de la demande en énergie et a fortiori des prix. Si la crise est mal gérée, il ne faudra pas s'étonner que le prix du pétrole descende sous les 50 dollars. Cela aura plusieurs implications dont la révision du programme d'investissement à la baisse, la diminution des montants du fonds de régulation avec la baisse de la fiscalité pétrolière, un recul dans l'accumulation des réserves de change, un tarissement de l'investissement direct étranger, car les investisseurs pensent surtout à leur survie et à consolider leur position chez eux. Et les grands projets destinés à l'exportation, comme les alumineries, la pétrochimie, l'acier, etc., seront retardés avec le recul de la demande mondiale. Il faut donc réfléchir sérieusement à cette crise et développer des scénarios même si l'on n'est pas concernés directement. En fait, à cause de la mondialisation, nous sommes tous dans un même avion, certains sont en première classe et d'autres en classe économique. Si l'avion crashe, tout le monde périt.
Y a-t-il véritablement des risques pour nos réserves de change ainsi que le soutiennent d'ailleurs certains experts, en pariant sur la faiblesse du dollar à l'avenir ?
Oui, il y a toujours des risques, comme je viens de l'expliquer, s'il y a ralentissement de l'économie mondiale, la demande de pétrole va diminuer ainsi que les prix, le niveau des réserves de change va en pâtir. Comment va se comporter la valeur du dollar ? La logique veut qu'avec le ralentissement de l'économie, l'important déficit américain et avec le programme d'emprunt futur des 700 milliards de dollars, la valeur du dollar doit forcément baisser. Mais la réalité est différente. Etant donné que le déficit US est financé par les excédents de réserves de change de pays étrangers, les USA ont intérêt à garder une valeur acceptable du dollar. Le fait qu'ils aient intervenu pour secourir Fannie Mae et Freddie Mac, dont la Chine détient une bonne partie des actifs, c'est pour rassurer ces investisseurs. Pour rappel, la Chine détient 1000 milliards de dette américaine. Les USA tablent sur le fait que la Chine, les pays du Golfe, l'Algérie et d'autres continueront d'acheter les bons du Trésor américain pour éviter la dépréciation des actifs en dollar qu'ils détiennent déjà. On appelle cette situation « l'équilibre financier de la terreur ». Mais jusqu'à quand cet équilibre tiendra-t-il ? Et jusqu'à quand cela protégera-t-il les intérêts des Etats-Unis ? Ironie du sort, hier seulement, les Etats-Unis et l'Europe s'indignaient devant les acquisitions faites par les fonds souverains dans le capital des fleurons occidentaux à Wall Street. Aujourd'hui, on presse ces fonds pour qu'ils interviennent davantage pour sauver des entreprises jadis prospères qui connaissent une descente aux enfers.
Le marché des bons de Trésor américain est-il réellement aussi sûr qu'on le prétend souvent. Y a-t-il risque de contagion pour ce marché ?
Le marché des bons de Trésor américain continuera à fonctionner comme auparavant. Il ne peut y avoir de contagion. Le risque souverain des Etats-Unis est toujours AAA ; sauf si ce risque est revu un jour à la baisse (Down grade) à AA par exemple. Cela est impensable aujourd'hui. Si impact il y a, ce sera sur le coût de l'emprunt. Ce coût dépendra des maturités et des montants mis à l'enchère. Si les démocrates gagnent les élections, les besoins de financement seront encore plus grands à cause de leurs programmes sociaux. Cela veut dire que les coûts d'emprunt augmenteront. L'époque du crédit facile sera donc terminée pour tout le monde, le souverain, les entreprises et les particuliers.
Justement, la dépréciation de la monnaie américaine aura une incidence certaine sur notre économie du fait simplement que nous achetons en euro et vendons en dollar (le pétrole). Est-il possible de maintenir cette équation pour longtemps encore sans courir le risque de compromettre les objectifs à atteindre ?
La dépréciation du dollar par rapport à l'euro, si dépréciation il y a, ne sera pas drastique, parce que l'économie européenne est aussi en difficulté. Une crise profonde aux Etats-Unis aura des effets substantiels en Europe et ailleurs. En définitive, personne n'a intérêt à ce que le dollar perde substantiellement de sa valeur, ni les Européens, ni les pays producteurs de pétrole, ni la Chine qui exporte et investit aux USA. Pour ce qui est de l'Algérie, son salut véritable est dans la diversification de l'économie et dans la réduction de la part des hydrocarbures dans le PNB. Il faut que l'Etat participe massivement à la création de champions nationaux, privés et publics, capables d'assurer cette diversification. Il faut que l'Etat co-investisse avec le secteur privé et favorise les entreprises qui exportent et celles dont la production réduit les importations.
Cette crise est perçue telle la fin du système financier international. D'après vous, quelles sont les évolutions globales susceptibles de survenir ?
La finance internationale ne sera plus ce qu'elle était. On va assister à une phase de consolidation. Il y aura des faillites comme celle de Lehman Brothers et des acquisitions comme celle de Washington Mutual par Goldman Sacks et Wachovia Bank par Wells Fargo Bank. Il y aura des nationalisations comme AIG, Fortis, etc. Déjà 15 banques d'envergure ont fait faillite. Sur le plan de la pratique bancaire et financière, il y aura un retour à l'orthodoxie financière. Les banques centrales auront plus de pouvoir en matière de régulation et de supervision. Pour les particuliers et les entreprises, un resserrement du crédit, par conséquent l'impact sur la consommation et la croissance sera significatif. L'utilisation démesurée du levier financier par les banques d'affaires et les niveaux de risques qu'elles prennent et enfin les niveaux de rémunération qui vont avec ne seront plus permis. Enfin, le déplacement de la puissance finance de New York et Londres vers l'Asie et le Moyen-Orient va s'accentuer.


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