Le sulfureux prédicateur suisse d'origine égyptienne, Tariq Ramadan continue de susciter des polémiques autour de lui. Pour Caroline Fourest, il ne fait aucun doute, l'homme tient un double langage. Loin d'être un réformateur, il est un intégriste avec discours lisse. Au pas de charge. Caroline Fourest ne fait pas dans la dentelle. D'entrée de jeu, on comprend que Tariq Ramadan va en prendre pour son grade. Finies les jolies phrases alambiquées, le double discours et la séduction. La spécialiste de l'intégrisme s'est lancée dans une aventure intellectuelle : étudier les propos de l'étoile montante de l'islamisme, remonter son passé et étaler au grand jour les contradictions du petit-fils de Hassan Al Banna, le fondateur des Frères musulmans en Egypte. Elle scrute aussi ses amitiés sulfureuses avec les différents islamistes du monde entier, particulièrement ses liens avec les dirigeants exilés de l'ex-FIS et du GIA qui gravitaient au Centre islamique de Genève, dont le directeur n'est que son frère, Hani Ramadan. Mais pourquoi lui consacrer un livre, et donc, lui offrir une tribune de plus ? La réponse de Caroline Fourest est sans nuance : « Nous avons eu ce débat, au sujet d'un autre démagogue, lui aussi candidat au martyre pour mieux capter les voix de ceux qui se sentent exclus et menacés... Par les médias, par les juifs, par les immigrés. Des années de pédagogie antiraciste et antifasciste ne l'ont pas empêché d'être au second tour d'une élection présidentielle française, mais peut-on être sûr de ce qui serait arrivé sans cette mobilisation ? » Le ton est donné. Verbatim, démagogie et banlieues Ce livre est né de la confrontation entre l'auteur et le sujet de son étude dans une émission de télévision. Tariq Ramadan a été littéralement acculé, mis en face de ses contradictions, par Caroline Fourest. C'est la deuxième fois qu'il se retrouve ainsi dans une mauvaise posture à la télévision. Face à l'ancien ministre de l'Intérieur français, Nicolas Sarkozy qui s'en prenait à son frère qui justifiait la lapidation des femmes adultères, Tariq Ramadan, très déstabilisé, botte en touche et évoque un moratoire. Les spectateurs, ahuris, attendaient une condamnation sans appel de celui qui se présentait comme un réformateur. Un quotidien parisien n'a pas hésité à titrer : « Ramadan lapidé médiatiquement ». Celui qui « représente l'avenir de l'Islam », selon Hassan Tourabi, l'idéologue soudanais, a du mal à concilier son discours destiné aux militants et celui destiné au monde extérieur. Et c'est là que Caroline Fourest intervient avec beaucoup de justesse. Elle est allée piocher dans les cassettes diffusées de Tariq Ramadan dans les librairies islamiques, dans ses nombreuses tribunes publiées dans de nombreuses journées... L'enquête de Caroline Fourest vise à démystifier celui qui se pose en porte-parole en Occident de l'Islam modéré. Tariq Ramadan, selon elle, est très lié au mouvement des frères musulmans et, de par ses alliances et son aura, demeure très dangereux.
