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L'Algérie et l'Union pour la Méditerranée
Publié dans El Watan le 10 - 11 - 2008

C'est sans hésitation que l'UE a décidé de prolonger le processus de Barcelone sous une nouvelle dénomination : l'Union pour la Méditerranée. Qui dit prolongement, dit également mêmes moyens, mêmes objectifs et donc même stratégie et même vision. Le contenu du projet de l'UPM confirme ces assertions, d'où l'adhésion des deux rives de la Méditerranée, à l'exception de la Libye, à ce projet, car, il n'est pas suscité pour bouleverser mais pour faire perdurer une situation qui est synonyme d'immobilisme.
L'analyse du contexte de cette position invariable permet de mieux cerner les tenants et les aboutissants de la politique méditerranéenne de l'Europe. Elle permet également de mieux éclairer la position de l'Algérie vis-à-vis, en particulier, du projet de l'UPM. i- Le contexte Durant la guerre froide, la rive sud de la Méditerranée a constitué un enjeu considérable pour les deux blocs antagonistes. Le conflit israélo-arabe, l'existence de richesses pétrolières, entre autres, et la position géostratégique du flanc sud ont constitué les soubassements des rivalités entre les deux principales superpuissances de l'époque. Cependant, à l'époque déjà, des lignes de démarcation étaient nettes entre le nord de la Méditerranée riche et soumis aux Etats-Unis dans leur lutte contre l'autre bloc rival et le sud, pauvre et en lutte perpétuelle contre l'expansionnisme et les pulsions agressives d'Israël qui représente l'allié de l'Occident dans une région s'étendant de la Méditerranée au Moyen-Orient. A l'exception d'Israël qui est un élément fondamental du dispositif occidental, les pays du sud de la Méditerranée ont opté pour la neutralité positive en intégrant le mouvement des pays non alignés. Bien entendu, chaque pays pouvait avoir des sympathies ou des centres d'intérêt pour un bloc, mais globalement, le non-alignement primait pour éviter que la zone méditerranéenne ne devienne un champ clos de la confrontation.
Les relations entre les deux rives de la Méditerranée étaient intenses et touchaient tous les domaines. Des relations traditionnelles imposées par l'histoire mais aussi par la géographie et l'économie. Par conséquent, le plus important pour l'Europe est de les maintenir afin de soustraire les pays du sud de la Méditerranée à l'influence décisive, voire à la « mainmise » du bloc soviétique. En un mot, l'intérêt de l'Europe pour les pays riverains du sud était dénué de toute ambition. L'Europe n'avait ni projet cohérent ni vision pour aboutir à une communauté des destins. Elle n'avait pas créé dans son proche voisinage une dynamique qui aurait débouché sur des interdépendances prometteuses, d'autant plus que toutes les conditions étaient réunies : complémentarité économique entre les deux rives, ressources naturelles et énergétiques et marchés conséquents et donc porteurs de synergie. L'Europe avait superbement ignoré tous ces aspects car ses centres d'intérêt étaient manifestement ailleurs. Puis, quel intérêt pourrait représenter ces nouveaux Etats qui venaient tout juste de s'affranchir des griffes du colonialisme européen ? Ils étaient naturellement dépendants de l'Europe qui ne leur offrait que des accords de coopération pour perpétuer des liens inégaux. D'ailleurs, l'Allemagne fédérale avait les yeux rivés sur l'Est surtout la RDA qu'elle espère un jour récupérer dans le giron national, le Sud ne cadrait donc pas avec sa vision stratégique. Malgré son poids en Europe, la France n'avait pu lui imposer une politique méditerranéenne que soutenaient également l'Espagne et l'Italie. L'Europe se caractérisait donc par un désintérêt manifeste à l'égard du flanc sud de la Méditerranée. Cette approche contraste avec celle suivie, par exemple, par le Japon qui a réussi à susciter une aire d'influence ou les Etats-Unis avec le Canada et les pays d'Amérique latine. Cette toile de fond permet de comprendre les bouleversements qui ont suivi la chute du mur de Berlin et surtout le changement de stratégie de l'Europe vis-à-vis du sud de la Méditerranée. La disparition du bloc soviétique a permis à l'Allemagne de se réunifier et aux pays de l'Est d'intégrer progressivement l'Union européenne. Cette étape ayant été franchie avec succès, il fallait se préoccuper du sud de la Méditerranée. Paradoxalement, l'impulsion est venue du nord et non du sud de l'Europe. En effet, le dialogue Euromed, lancé en 1995 à Barcelone, a été voulu et imposé par l'Allemagne ainsi que des pays du nord et de l'est de l'Europe et également par la Commission européenne. Il faut reconnaître que le processus de Barcelone n'a pas répondu aux attentes de la rive sud de la Méditerranée. Processus dénué de toute ambition, s'inscrivant plutôt dans la phase historique de normalisation de la planète, il ne pouvait donc susciter une dynamique susceptible de réduire l'écart entre les deux ensembles.
A cela, s'ajoute l'aggravation du conflit palestino-israélien. En fait, jamais Israël ne s'est montré aussi arrogant et aussi hermétique à la paix. Il est même encouragé dans cette attitude hostile par la passivité, voire la faiblesse de l'Europe à lui imposer un règlement équitable au conflit qui l'oppose au peuple palestinien d'une part, et aux pays arabes, d'autre part. Le processus de Barcelone est devenu, pour tout le monde, un rêve déçu, voire un échec. La cause principale est le résultat d'une absence manifeste d'intérêt du Nord riche à l'égard du Sud en voie de développement. Aucun progrès sensible dans le rapprochement des peuples ou la mise en œuvre d'une stratégie pour réduire le fossé économique et technologique. Par conséquent, ce n'est pas une prouesse de tirer les conclusions qui s'imposent pour remettre le processus de Barcelone, revu et corrigé, en adéquation avec les exigences de la mondialisation. Cette fois-ci, l'initiative allait venir du président français Sarkozy pour repenser à un nouveau projet qui se situerait dans le prolongement d'Euromed. Initiative qui voulait mettre l'Allemagne devant le fait accompli. L'ère des rivalités entre les vieilles puissances européennes est loin d'être révolu. C'est d'abord à Toulon, le 7 février 2007 qu'il lança l'idée du projet d'Union méditerranéenne au cours de sa campagne présidentielle. Le 6 mai 2007, soit au soir de sa victoire, il évoqua, « un grand rêve de civilisation », qui serait « un trait d'union entre l'Europe et l'Afrique ». En octobre 2007, à Tanger au Maroc, il exposa les grandes lignes du projet de l'Union méditerranéenne. C'est l'un de ses principaux collaborateurs, Henri Guaino, qui en est l'artisan. Ce dernier le définit ainsi : « Barcelone a été conçu par l'Europe comme un instrument pour dialoguer avec le Sud. Pour la première fois depuis la décolonisation, l'Europe marquait son intérêt pour le Sud. Mais dans Barcelone, il y avait un déséquilibre en faveur du Nord. Barcelone c'était la propriété de l'Europe qui parlait au Sud, lui offrait son aide et quelquefois lui faisait la leçon. L'Union pour la Méditerranée, elle, veut être une copropriété, un partenariat à égalité de droits et devoirs pour assumer ensemble cette part de destinée commune qui s'appelle la Méditerranée. D'où l'idée de construire non pas l'union de la Méditerranée mais pour la Méditerranée ». (interview accordée au journal Le Monde 12 juillet 2008). Cette vision fait penser au NEPAD qui est présenté, lui aussi, comme un partenariat entre l'Afrique et la communauté internationale des bailleurs de fonds.
Ce n'est pas seulement une nuance de sémantique car l'Union de la Méditerranée, projet initial, a été rejeté par l'Allemagne qui y voyait une scission de l'Europe. D'ailleurs, le 6 décembre 2007, la chancelière allemande, Mme Merkel, mit les pieds dans le plat au cours d'une conférence de presse commune avec le président français, en déclarant : « Si les Etats riverains de la Méditerranée devaient constituer une deuxième union totalement différente, cela risquerait de constituer une épreuve difficile pour l'Europe. » Le message est passé, l'Allemagne obtient gain de cause. Le projet français ne se substituera pas au processus de Barcelone mais aura vocation à le compléter. Le 3 mars 2008, à Hanovre, la chancelière allemande et le président français trouvent un terrain d'entente : la commission européenne aura son mot à dire sur le dossier euroméditerranéen. Ces péripéties permettent de conclure que le projet n'a pas été mûri de longue date, d'où les divergences entre les Européens eux-mêmes. Une fois de plus, il est permis d'affirmer qu'il ne véhicule aucune vision stratégique et surtout aucun projet d'envergure pour sceller effectivement les destins des deux rives. En effet, l'on estime que le processus de Barcelone n'a pas tenu ses promesses mais dans le même temps, l'on tente de le ranimer en le mettant sous perfusion avec le projet de l'union pour la Méditerranée. D'ailleurs, il propose un ensemble de projets communs comme la dépollution de la Méditerranée ou les autoroutes de la mer, initiative française qui date de 2003 mais remise au goût du jour. Hubert Védrine, ancien ministre français des Affaires étrangères, a accepté de renoncer volontairement au langage diplomatique pour dire crûment les choses. Sans aucun détour qui pourrait prêter à confusion, il affirme qui'« il ne faut pas trop attendre de l'Union pour la Méditerranée. La Méditerranée n'existe pas, sinon sur le plan océanographique, ou peut-être agricole. C'est plus un projet en construction. Les institutions ne régleront pas tous les problèmes. Pour être sincère, il y a plus d'homogénéité entre les Maghrébins eux-mêmes qu'entre ces derniers et les Européens. Les peuples ont beaucoup de points communs comme la langue, la religion... Par contre, les dirigeants politiques n'ont pas réussi à donner vie à l'union du Maghreb arabe, qui n'existe pas d'ailleurs. Les relations sont plus bilatérales. Les pays européens arrivent à surmonter leurs différences, surtout dans les moments de crise. Quand j'étais ministre des Affaires étrangères, je réunissais souvent de manière officieuse les ministres italien et espagnol au Quai d'Orsay pour discuter du Maghreb. On voulait donner l'exemple. Très vite, les intérêts particuliers prenaient le-dessus. L'Italie ne voulait pas lâcher la Lybie et essayait de grignoter le marché tunisien. L'Espagne de son côté visait le Maroc et lorgnait vers l'ouest de l'Algérie. L'Europe n'arrivait pas à avoir une position commune à 15, imaginez à 27 ! Les hommes d'affaires doivent compter surtout sur eux-mêmes. Il ne faut pas attendre de miracle de l'UPM » (interview accordée au journal El Watan du 20 octobre 2008. Cette prise de position permet de comprendre l'unanimité de façade autour de l'UPM et apporte surtout un éclairage très important aux perspectives d'avenir.
(A suivre)


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