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Stopper la violence contre les enseignants
Publié dans El Watan le 23 - 11 - 2008

Les faits de violence sont devenus une réalité préoccupante dans l'école, lieu longtemps protégé.
Les atteintes à l'intégrité physique et morale des enseignants et plus généralement des personnels nécessitent un renforcement des dispositifs destinés à assurer, par tous les moyens de droit, la sécurité dans les établissements scolaires. Un grand nombre d'enseignants n'a pas vécu de violences qualifiées de graves comme les atteintes physiques avec blessures ; par contre, la majorité d'entre eux a vécu, vit ou vivra diverses formes de violences verbales ou psychologiques. On peut affirmer que plus la violence est grave, moins elle est fréquente. En revanche, par sa chronicité, des incidents violents de moindre envergure peuvent être les causes de stress et de détresse morales et psychologiques.
Des études soulignent que l'enseignement constitue une profession où la violence et le stress sont très présents, parce que les contacts avec les élèves et les parents des élèves sont constants. A côté de ces incidents violents, telles les agressions physiques qui sont tout de même des événements très rares, on considère que la violence la plus fréquente est induite par l'indiscipline dans la classe.Les tensions créées par l'indiscipline affectent les enseignants au point de provoquer un stress dangereux pour leur santé psychologique. L'usure de l'enseignant est tout entière dans ces tensions quotidiennes : petites injures, agitation, sentiment d'impuissance ; ce n'est pas forcément la classe ingouvernable ni l'éclat de grands chahuts, mais la certitude d'une dégradation constante, de l'élargissement d'un fossé ; cela passe dans des détails en apparence anodins, mais trop souvent répétés. A côté de cela, il faut souligner que les différents problèmes auxquels les enseignants font face, telle la consommation de drogues, élèves issus de milieux défavorisés, cas sociaux, relâchement de la rigueur disciplinaire et dilution de l'autorité parentale, ont des répercussions sur leur moral et leur santé. Le climat fortement dégradé est minimisé par une administration plus soucieuse de montrer qu'elle domine la situation que de résoudre les difficultés.
Les agressions physiques et verbales contre les enseignants se multiplient sur l'ensemble du territoire et rares sont les journaux qui en parlent comme d'un phénomène social récurrent, étranger à nos mœurs ; ces faits rendus publics ne sont malheureusement que la partie la plus insupportable et révoltante d'une situation très dégradée qui perdure sans véritable réaction des autorités de l'Education nationale : agressions verbales, insultes, menaces en tout genre, provocations sont monnaie courante dans certains établissements. Face à la multiplication des difficultés, l'administration de l'Education nationale est restée passive et aucun dispositif juridique et préventif n'est mis en œuvre pour endiguer le phénomène de la violence dans les établissements laissant le « personnel-victime » seul et abandonné.
Combien d'incidents sont-ils classés sans suite par des chefs d'établissement, plus inquiets à l'idée que l'on puisse leur en tenir rigueur dans la gestion de leur établissement que soucieux de venir en aide à des enseignants malmenés ?
Combien de demandes de sanction sont-elles refusées au motif qu'elles ne relèveraient que de « banales incivilités » ?
Combien d'enseignants craquent et préfèrent multiplier les congés maladies, plutôt que d'avouer à une hiérarchie prompte à invoquer les faiblesses de caractère ou des difficultés à assurer normalement un métier qu'ils aiment ?
Combien d'enseignants ont ainsi fait l'objet de signalement auprès de la direction de l'éducation après avoir vécu des moments de vives tensions avec une classe difficile ? L'administration démissionnaire refuse souvent d'affronter la réalité et d'engager un rapport de force, minimisant systématiquement la portée des incidents. Fréquemment, l'administration rejette la responsabilité sur le dos des personnels soi-disant « souffrant d'un déficit d'autorité naturelle ».Face à des jeunes sans repères qui contestent de plus en plus violemment l'autorité, face à un nombre de plus en plus grand d'adultes et notamment d'enseignants qui souffrent et se sentent abandonnés, il faut réagir vite. Une prise de conscience collective et la mise en œuvre de mesures visent à redonner confiance aux enseignants et à tous les membres de la communauté éducative. Il faut d'abord analyser sans complaisance les effets des politiques conduites depuis plusieurs années par le ministre de l'Education nationale :
diminution du nombre d'adultes dans les établissements scolaires ;
réduction des moyens d'enseignement qui augmentent mécaniquement le nombre d'élèves par classe, là où justement il faudrait travailler en groupe restreint (la nouvelle réforme du système éducatif) ;
réduction des moyens pour les activités périscolaires ;
réduction drastique des moyens de formation continue des enseignants ;
lacunes dans la formation des chefs d'établissement et des inspecteurs pédagogiques. Une formation incapable d'intégrer dans leur compétence cette dimension essentielle qu'est la gestion des ressources humaines ; plus soucieux d'appliquer la réglementation et de contrôler la norme que d'animer réellement une équipe pédagogique ;
absence d'accompagnement des enseignants en difficulté ;
absence de suivi des élèves à risques ;
dérèglement du code disciplinaire. Il est urgent de restaurer le droit, agir sans faiblesse et redonner rapidement aux enseignants le sentiment qu'ils sont écoutés et soutenus. Tout acte de violence, quels qu'en soient la nature ou son auteur, doit être automatiquement et rapidement assorti d'une sanction, mais dans des conditions et des proportions qui confèrent à celle-ci une dimension à la foi éducative et dissuasive. Denis Jeffrey a livré, au terme d'une recherche, des résultats réunis dans son livre Enseignants dans la violence. Les principales conclusions de ses travaux sont :« Les enseignants sont seuls dans leur classe ; ils sont en contact avec des jeunes en voie de socialisation. Trop souvent, ils sont peu appuyés par les parents et pas assez par leur administration scolaire dans leur rôle d'autorité ». L'enseignement dans le secondaire compte parmi les six professions les plus touchées par la violence. Alors, pourquoi parle-t-on si peu de ce problème de société ? Un ensemble de préjugés alimente la banalisation du phénomène de la violence envers le personnel enseignant :
on estime à tort que les enseignants sont bien préparés pour affronter des situations conflictuelles ;
on minimise le problème en affirmant que l'on ne peut distinguer l'indiscipline scolaire de la violence ;
parler de la violence, c'est mauvais pour l'image de l'école ;
mais un des facteurs les plus importants dans la sous-évaluation du phénomène est que les enseignants gardent le silence sur la violence qu'ils subissent, trop souvent par crainte d'un jugement négatif de la direction sur leur capacité à gérer leur classe. Le sentiment d'insécurité est une donnée foncièrement subjective : personne n'a le même niveau de tolérance envers la violence. Mais ce n'est pas une raison pour la banaliser. On peut croire que ce sentiment affecte grandement les enseignants dans leur intervention avec les élèves et les parents d'élèves. Parmi toutes les formes de violence vécues par les enseignants, il semble que la violence verbale est la plus fréquente et la perception qu'a l'enseignant de croire que la direction ne peut l'aider dans sa gestion de classe fragilise le lien de confiance entre l'enseignant et la direction. Les causes de ces violences sont complexes et multiples.
Elles appellent des réponses coordonnées et complémentaires entre l'Education nationale et ses partenaires : syndicats, associations de parents d'élèves ; collectivités locales ; justice. Ces réponses doivent impliquer les parents, premiers responsables de l'éducation de leurs enfants. Toutefois, des actions complémentaires doivent être impérativement menées :
prendre en charge les victimes ;
obliger les académies à transmettre toutes les informations sur les actes les plus graves au cabinet du ministre de l'Education nationale ;
organiser des circuits d'échange d'informations entre partenaires ;
le suivi des infractions ou des problèmes rencontrés ;
établir une formulation de règles claires concernant la gestion de la violence ;
élaboration d'un code de conduite pour les élèves ;
associer les parents d'élèves ;
responsabiliser les élèves ;
développer des partenariats ;
mettre à disposition des outils pédagogiques, réglementaires et juridiques ;
évaluer et suivre l'ensemble du dispositif aux différents niveaux de responsabilité. Les phénomènes de violence, par leurs fréquences et leurs multiplications, portent en eux-mêmes un risque de banalisation qui serait hautement dommageable pour les établissements scolaires. La mise en lumière sur la scène médiatique de certains faits dramatiques ne doit pas faire oublier la lente détérioration du climat dans les établissements scolaires que peuvent entraîner certaines violences à l'égard des enseignants. Redonner confiance aux enseignants et à tous les adultes présents dans les établissements serait la première étape indispensable d'une politique éducative volontariste qui osera affronter les difficultés, en inscrivant sa démarche dans un projet social global, associant tous les acteurs. Mais rien ne sera possible sans une volonté ferme et le soutien d'une administration et d'un ministre plus prompts à suspecter des revendications catégorielles qu'à chercher de véritables solutions.


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