Dans la soirée de mardi dernier, un policier a dégainé son arme en pleine audience de la chambre pénale de Béjaïa, a manœuvré balle au canon et a fendu l'assistance pour la pointer sur les magistrats. Les présents, dans la panique, qui s'en est suivie, se sont éparpillés comme ils ont pu en direction des issues de la salle d'audience, et c'est le procureur général adjoint que le policier furieux a « choisi » de braquer. Près d'une dizaine de minutes ont néanmoins suffi aux officiers de la police judiciaire de la sûreté de wilaya, qui se sont déplacés sur les lieux une fois l'alerte donnée, pour ramener l'agresseur à de meilleurs sentiments et, donc, à libérer son otage et se livrer. L'incident, selon le procureur général près la cour de Béjaïa, qui a tenu une conférence de presse hier sur le sujet, s'est produit vers 21h45. La chambre pénale continuait encore à traiter les affaires qui lui étaient soumises. On apprendra que le policier, un agent de la Brigade mobile de la police judiciaire (BMPJ), fraîchement affecté à l'unité d'Adekar, avait dans la matinée assisté à la confirmation d'une peine de dix ans de prison à l'encontre de son frère, condamné en première instance à la même peine pour trafic de drogue par le tribunal de Kherrata. Le policier aurait donc ruminé sa rancœur à l'endroit des juges la journée durant, pour enfin craquer en soirée. « Des témoignages recueillis aujourd'hui concordent à décrire un homme agité, qui depuis la matinée donnait l'air de fomenter quelque chose », confie le procureur général. L'incident, le premier du genre au niveau des instances judiciaires de la wilaya de Béjaïa, intervient quelques jours seulement après celui ayant vu un agent de la police des frontières (PAF) tirer sur son supérieur, à l'issue d'une altercation, et se donner la mort juste après.
