Lors d'une conférence sur « Les modes de façonnage, décoration, cuisson de la céramique kabyle traditionnelle », tenue à l'INSIM (Institut international de management) de Tizi Ouzou, le professeur Hamdani a fait livre ouvert sur des richesses insoupçonnées. Des pièces vieilles de centaines d'années sont exposées dans des musées français et suisses et valant des centaines de milliers d'euros, nous apprend le professeur. Le spécialiste, voulant insister sur la complexité des procédés de fabrication de la poterie, a expliqué toutes les étapes qui la constituent, à savoir façonnage, décoration et cuisson. Il existe, par ailleurs, plusieurs techniques de façonnage : modelage, tournage et moulage. La décoration est l'une des étapes les plus délicates, car peu de femmes pratiquantes de cet art et la maîtrisent vraiment, a fait remarquer le conférencier. Grâce aux recherches du professeur et de ses homologues sur le système décoratif, il a été révélé les 26 lettres de tifinagh dans la poterie de Maâtkas. Il en reste seulement 3 jarres de ce type de pièces. « Le système décoratif reste indépendant d'une région à une autre et d'une tribune à l'autre », explique le professeur. « Alors qu'en Grande Kabylie, on retrouve beaucoup de jaune et de rouge. La Petite Kabylie se caractérise par un fond blanc. Le déchiffrage des différents signes fait appel à une profonde connaissance en alphabet céramique. Le losange symbolise le féminin et le triangle le masculin. Les différentes formes données aux pièces ne sont pas arbitraires. Elles sont porteuses d'une multitude de références ethniques, sociales et psychologiques », a-t-il ajouté. Ainsi, selon lui, des symboles et des desseins viennent orner les différents objets connus ; la brateuse (pour battre le lait), comme la perdrix qui représente l'élément féminin. La cuisson est ainsi interdite aux femmes enceintes, veuves et célibataires. Aussi certaines journées sont considérées néfastes pour la cuisson, comme le jeudi et le vendredi, a souligné l'orateur. Aujourd'hui, a-t-il dit, la poterie n'est pas spécifique à l'Algérie et à l'Afrique du nord. Les différentes recherches menées par les spécialistes, ont relevé, a-t-il estimé, son existence dans différentes parties du monde, comme l'Inde, l'Ethiopie, le Cameroun. Le professeur Hamdani a, pour sauvegarder ce patrimoine, préconisé la construction d'un musée.
