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Le mur et la toile
Rencontre. Art et architecture au musée des beaux-arts
Publié dans El Watan le 23 - 06 - 2018

En effet, à notre connaissance, jamais encore les relations entre l'architecture et l'art n'ont été abordées dans notre pays, en tout cas de manière aussi ciblée. C'est ce que propose le Synaa (Syndicat national des architectes algériens agréés) à travers son troisième Café de l'architecture, espace nomade intermittent, qui souhaite contribuer au renouvellement des regards sur la discipline, et surtout réunir librement les idées et expressions de la profession tout en y associant d'autres métiers ou tous les individus intéressés par l'architecture, ne serait-ce qu'en tant qu'usagers.
Le succès des précédentes éditions et la demande exprimée par leurs publics semblent encourager le syndicat à diversifier davantage les thématiques pour sortir d'un certain enfermement ou immobilisme de l'architecture dans notre pays.
Aussi, la présente édition du Café de l'architecture, organisée en partenariat avec le Musée national des Beaux-Arts d'Alger, envisage de faire connaître quelques architectes qui s'adonnent à l'art, et notamment la peinture.
Il s'agira, à partir de leurs pratiques et œuvres, de susciter des échanges et une réflexion profitables à une vision décloisonnée de l'architecture, jusque-là déconsidérée dans notre pays ou réduite à des fonctions marginales dans une machinerie administrative pesante qui a imposé en la matière des règles uniques au monde et peut-être même dans l'histoire.
Ainsi, la conception architecturale, telle que l'a développée l'humanité jusqu'à nos jours et sur toutes les latitudes, en tant que combinaison vivante de rationalité et d'imagination, d'implication et d'intelligence, la plaçant au cœur de toute entreprise de construction, s'est vu reléguée ici à des rôles de pâle figuration sous la houlette des commanditaires et des entreprises. Mettre en valeur la production artistique de certains architectes algériens peut apparaître donc comme une volonté de suggérer le statut créateur d'une profession qui, partout ailleurs, signe ses productions et en assume la responsabilité.
Sous l'intitulé «L'espace de la toile, les architectes exposent», le troisième Café de l'architecture du Synaa s'articule autour d'une exposition d'œuvres pour laquelle le musée du Hamma a réservé un espace particulier et une rencontre-débat (voir encadré ci-dessous) animée par le signataire de cet article.
Il y a sans doute quelque chose de paradoxal à envisager les rapports entre l'art et l'architecture, pour la simple raison que l'architecture a toujours fait partie des arts. Dans ses cours d'esthétique du début du XIXe siècle, le philosophe allemand Friedrich Hegel avait proposé une classification des arts qui reprenait celle de l'Antiquité et des siècles suivants. Il plaçait en tête l'architecture suivie de la sculpture, la peinture, la musique et la poésie. Il avait déterminé ces cinq positions en allant des arts les plus matériels aux arts les plus expressifs (aujourd'hui, on dirait immatériels). De nos jours, un consensus s'est établi autour d'un classement des arts à dix positions.
On y retrouve en tête les mêmes disciplines que chez Hegel : l'architecture puis la sculpture. La troisième position qui était réservée à la peinture chez le philosophe a évolué pour constituer actuellement les «arts visuels», lesquels englobent la peinture mais aussi le dessin, la miniature, etc. La musique garde sa quatrième position, tandis qu'en cinquième position, la poésie s'est vu intégrée dans la «littérature» qui englobe désormais aussi toutes les formes d'écriture créative : roman, nouvelles, etc.
En sixième position apparaissent les «arts de la scène», catégorie où ont été logés le théâtre, la danse, la mime, les marionnettes et même les spectacles de cirque. Si Hegel les avait complètement ignorés, c'est que son époque, mais aussi ses inclinations, étaient très fortement littéraires et élitistes, et le théâtre, par exemple, était vu sous l'angle de son écriture encore souvent poétique. Les nouvelles positions sont venues intégrer les arts apparus au 20e siècle et, essentiellement, le cinéma et la photographie.
Ces classements peuvent paraître fastidieux, voire inutiles. Ils expriment pourtant des niveaux de présence et de considération des arts en fonction des époques et des tendances. Mais il est remarquable que quasiment tous les classements établis çà et là ont attribué à l'architecture la première place. Aussi, non seulement l'architecture fait partie des arts, mais elle a toujours été considérée comme le premier d'entre eux. Cette constance est vérifiable dans la civilisation islamique, dont les prémices très littéraires (la puissance et l'importance du verbe, la poésie des mouaâlaqats à La Mecque...) ont évolué avec son épanouissement historique. Et l'architecture est devenue par la suite, comme pour d'autres civilisations, non seulement un art majeur sublimé, mais également le support des autres expressions artistiques, telles la sculpture, la calligraphie, l'enluminure, etc.
La Renaissance européenne, qui s'est construite notamment en capitalisant les apports de la civilisation islamique – comme celle-ci le fit avec les civilisations grecques, persanes et autres – a poussé à un niveau élevé le rapport entre architecture et peinture. Le grand Raphaël (1483-1520), dont on admire encore les peintures, était aussi architecte. De même, le Toscan Giorgio Vasari (1511-1574), qui exerçait en tant que peintre et architecte et dont la connaissance des arts et l'excellence littéraire firent qu'il rédigea une biographie impressionnante de tous les artistes de son époque. Plus proche de nous, dans le temps mais aussi dans l'espace, du fait de son intérêt particulier pour l'Algérie et son architecture, le père du Mouvement moderne, l'architecte Le Corbusier, fut un peintre passionné et talentueux.
Il a laissé des dizaines d'œuvres qui ne sont pas le résultat d'un «violon d'Ingres», soit un loisir secondaire, mais le fruit d'une démarche profonde. Spécialiste de Le Corbusier et lui-même architecte, Jacques Sbriglio affirmait : «Ce qui est intéressant, c'est l'alchimie que Le Corbusier a menée tout au long de sa vie entre ses créations plastiques et ses architectures.» Ces rapports entre architecture et peinture sont allés très loin, puisque certains historiens et critiques de l'architecture sont allés jusqu'à rechercher les influences de la peinture sur l'architecture.
Ainsi, Siegrfried Giedion (1888-1968) voyait dans le bâtiment du Bauhaus, conçu par Gropius, l'influence du tableau de Picasso, «L'Arlésienne» (1912). A Alger, l'architecte Larbi Marhoum a pu intégrer une œuvre culte de Mondrian dans le traitement de façade de la bibliothèque du Télemly (2004). Mais une telle liberté reste une exception dans les conditions d'exercice de la profession d'architecte en Algérie, où généralement les commanditaires imposent leurs choix et même leurs goûts avec une suffisance unique au monde.
Unique au monde également le fait que l'architecture dépende d'un ministère de l'Habitat et non de la Culture et que la section architecture de l'Ecole des beaux-arts ait été supprimée pour donner naissance en 1970 à une Ecole polytechnique, l'EPAU, portée par une idée initialement généreuse, mais qui impliquait cependant un délaissement de la dimension artistique de l'architecture dans l'enseignement de la discipline. On peut en voir un symbole dans la différence entre les premiers bâtiments de cette école conçus par Oscar Niemeyer et ceux qui ont été ensuite implantés sur son site.


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