Dénonçant les décisions «arbitraires et illégales», selon eux, et la surévaluation «aberrante et inacceptable» des cotisations annuelles que leur réclame la Caisse nationale de sécurité sociale des non-salariés (CASNOS), des médecins généralistes et spécialistes du secteur privé de Biskra se sont rassemblés, hier matin, devant le siège de cet organisme. «À Biskra, les praticiens de la santé ont affaire à un organisme unique en Algérie appliquant une réglementation que lui seul semble connaitre. De jeunes médecins ayant ouvert des cabinets qui ont moins de 4 ans d'existence sont astreints à débourser des sommes astronomiques allant jusqu'à 1 ou 1,4 million de dinars par an. Nous ne refusons pas d'honorer nos cotisations, mais nous voulons être traités comme dans toutes les autres wilayas du pays.», a expliqué l'un des protestataires dont beaucoup se sont dit prêts à quitter la wilaya de Biskra pour aller exercer dans une wilaya du nord du pays. «Cette situation perdure depuis des mois. Il est certain qu'elle ne pousse pas les médecins à s'installer à Biskra. Le départ massif de médecins ne peut qu'aggraver le désert médical dont pâtissent les gens du sud du pays. Les agissements de la Casnos de Biskra vont à l'encontre des recommandations du gouvernement d'encourager les médecins à s'installer dans la région du Sud.», a ajouté son confrère. De son côté, le Dr Abdelatif Serghine, directeur de la CASNOS de Biskra, se défend de toutes ces accusations et appelle les contestataires au dialogue et au sens de la responsabilité et à aussi à se conformer à la réglementation en vigueur. «Avant novembre 2015, le calcul de l'assiette des cotisations était équivalent à 15 % du revenu imposable de chaque médecin. En vertu de l'application du décret exécutif n° 15-289 du 14 novembre 2015 relatif aux personnes exerçant une activité pour leur propre compte, cette cotisation annuelle est assise sur une déclaration de l'assujetti pouvant faire l'objet d'une réévaluation ou d'un redressement au vu des constatations sur le terrain, établis par des brigades de contrôle. Comment pouvez-vous expliquer que des médecins déclarent un revenu annuel de 300 000 DA alors qu'en réalité ils engrangent 10 fois plus ? La CASNOS de Biskra applique juste la loi pour s'assurer un équilibre financier. Elle assure des prestations sociales à des milliers de personnes et joue son rôle prépondérant dans la solidarité entre les travailleurs et constitue un pont intergénérationnel du moment que les cotisants d'aujourd'hui lui permettent de payer les retraités, les handicapés et les femmes seules. Ce mouvement ne concerne qu'une frange de médecins plus ou moins malhonnêtes, car des dizaines d'entre eux affiliés à la Casnos de Biskra honorent leurs cotisations annuelles sans regimber.», a-t-il expliqué. À noter que la Casnos de Biskra compte 58 000 adhérents, 39 000 actifs et 12 000 cotisants, dont presque 700 médecins des secteurs public et privé. En septembre 2018, elle ne pourra plus verser pensions et remboursements des soins médicaux à des milliers de travailleurs et de retraités à moins de recouvrer les cotisations de tous ses affiliés, a-t-on appris.