– Le retrait des Etats-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien devrait intervenir dès novembre prochain. Quelle en serait l'incidence sur les prix du pétrole ? A très court terme, au troisième trimestre, on observera une faible incidence avec une moyenne proche de 75 dollars le baril, mais une volatilité plus élevée. La volatilité sera moins élevée au 4e trimestre, grâce à un équilibre saisonnier du marché, avec la fin de la maintenance saisonnière des gisements pétroliers et des raffineries, la disponibilité de la part exportable du pétrole (fuel) consommé en été dans les centrales saoudiennes et la fin de la saison estivale américaine, qui verra la baisse de la consommation d'essence. – L'OPEP et la Russie seront-elles amenées à abandonner leur accord sur la limitation de la production pour compenser les exportations iraniennes ? Les intérêts des deux principaux price maker de l'OPEP et des non-OPEP, essentiellement l'Arabie Saoudite et la Russie, ne sont pas compatibles avec les intérêts de l'Iran. En fait, la baisse critique de la capacité de production de l'Arabie Saoudite et de la Russie réduira drastiquement le pouvoir du cartel pétrolier élargi. Les véritables signaux viendront des pays pétroliers disposant de réserves considérables mais subissant les effets négatifs pour des raisons politiques. Le retour en 2019 de ces acteurs (Nigeria, Libye, Venezuela, Mexique, Irak, Iran) risque de stabiliser à la baisse (65 à 70 dollars) les prix du pétrole. Ainsi, 2018 aura vu pour la première fois la demande mondiale monter au-dessus de 100 millions b/j. 2019 verra-t-il le début de la fin du cartel pétrolier et l'avènement de nouveaux systèmes «régionaux» : cartel des consommateurs asiatiques de pétrole (autour de la Chine et de l'Inde), la nouvelle puissance Chine coopérant avec les grands potentiels énergétiques (Venezuela, Iran, Soudan, Nigeria, Libye), les substituts industriels au pétrole carburant (GN carburant, GNL carburants et nouveaux corridors, véhicules électriques/électricité solaire). – A quelle fourchette de prix pétroliers doit-on s'attendre à court et moyen termes ? A très court terme (troisième trimestre 2018), les prix pourraient évoluer dans une plage de 70 à 80 dollars/baril, autour d'une moyenne de 75 dollars/baril et une volatilité plus élevée du fait des paramètres de base : faibles réserves de capacité de l'Arabie Saoudite (1 million b/j mobilisable), de la Russie (0,3 à 0,4 million b/j) et des risques commerciaux et politiques (Iran, Chine, Nigeria, Libye, Venezuela) susceptibles d'être utilisés à la hausse par les traders et l'Arabie Saoudite (IPO boursière de l'Aramco, injonction américaine) pour aller au-delà de 80 dollars/baril. A court et moyen termes, du 4e trimestre 2018 à fin 2019, on observerait un retour à l'équilibre des prix (tight oil texans non limités par les contraintes logistiques de pipe lines) et la constitution progressives des réserves, soit des prix plus proches des 70 dollars/baril. Dans les années 2020-2025, l'observation des cycles de la longue histoire pétrolière (1870-2008) suggérerait une augmentation des prix du pétrole 80-100 dollars/baril pour faire face à la demande mondiale en butte à la baisse des réserves. Mais le prochain cycle sera probablement le début d'un cycle long de Kondriatchiev : nouvelles technologies, Nano catalyse, EV. Et l'Algérie dans tout cela : importateur net de pétrole dès 2022-2025, zéro pétrochimie gazière, le seul pays utilisant le plomb dans l'essence (quoique le méthanol algérien constitue un substitut au PTE), absence de planification économique et de politique énergétique...